Au-delà du débat raté, la stratégie de communication du président et de ses équipes, opaque, hasardeuse, parfois moqueuse, n'a fait qu'aggraver la crise qu'il traverse.

Joe Biden à Washington, aux États-Unis, le 4 juillet 2024. ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / SAMUEL CORUM )
Après son débat raté face à Donald Trump, et alors que les questionnements se multiplient sur sa capacité à mener une nouvelle campagne présidentielle, le président américain Joe Biden a assuré jeudi 4 juillet qu'il n'avait "pas l'intention de s'en aller", dans un bref échange avec un partisan.
Lors d'une réception donnée à la Maison Blanche à l'occasion de la fête nationale américaine, une personne dans l'assistance a lancé : "Continuez à vous battre ! Nous avons besoin de vous !" au président américain, qui a répondu: "Vous pouvez compter sur moi. Je n'ai pas l'intention de m'en aller."
Le démocrate de 81 ans, incapable jusqu'ici d'effacer la désastreuse impression laissée par son débat raté face à Donald Trump , il y a une semaine, avait invité des militaires et leurs familles pour un barbecue du 4 juillet.
Au-delà du débat raté, la stratégie de communication du président et de ses équipes, opaque, hasardeuse, parfois moqueuse, n'a fait qu'aggraver la crise qu'il traverse. La Maison Blanche a "clairement raté" la gestion de crise, a asséné mercredi Katie Porter, une élue démocrate de Californie, sur CNN .
"Je reproche à l'équipe de campagne de balayer d'un revers de main les questions que posent les gens ", a dit le sénateur démocrate Peter Welch dans un entretien avec le site Semafor , publié mardi.
Communication hasardeuse
"Le débat présidentiel était affreux pour Joe Biden, mais la tentative pour étouffer le problème a été pire", assure pour sa part jeudi l'hebdomadaire The Economist , appelant le président à retirer sa candidature à un second mandat. Il publie avec l'article l'image cruelle d'un déambulateur orné du sceau présidentiel américain.
Les démocrates, en proie à une panique croissante, ont demandé au président de corriger le tir avec des apparitions publiques sans filet: conférences de presse, interviews, échanges spontanés avec des partisans...
En vain. Chaque fois que Joe Biden est apparu en public depuis une semaine, il a utilisé un prompteur .
Il faudra attendre vendredi soir, et la diffusion d'une interview très attendue avec la chaîne ABC, pour entendre le président s'exprimer longuement sans texte écrit à l'avance.
Joe Biden a selon la presse pris le temps le week-end dernier de poser avec sa famille pour la photographe des stars Annie Leibovitz. Mais ce n'est que mercredi qu'il s'est entretenu avec les chefs de file de son parti au Congrès et qu'il a réuni les gouverneurs démocrates.
Face aux articles alarmants sur son acuité mentale , face aux appels à un retrait, le camp Biden a d'abord balayé les inquiétudes, d'une manière jugée parfois méprisante. Le dimanche suivant le débat, un cadre de l'équipe de campagne a attaqué dans un email de la "brigade des froussards" (l'expression d'origine, "bedwetters", se traduit par "ceux qui font pipi au lit"). Un porte-parole de la Maison Blanche, cité par Vanity Fair samedi dernier, avait lui ironisé sur les "angoissés professionnels".
Le ton a ensuite nettement changé : mardi et mercredi, Karine Jean-Pierre a dit et répété que les questions sur l'état de forme de Joe Biden étaient "légitimes" , en assurant que l'octogénaire était "toujours aussi affûté".
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