Sophie Binet (2e à droite), secrétaire générale de la CGT, lors d'une manifestation de retraités organisée à Paris le 6 novembre 2025 à l'appel de syndicats et d'associations contre les projets d'économies budgétaires de l'État et de la sécurité sociale pour 2026 ( AFP / Thomas SAMSON )
Pour leur pouvoir d'achat, leur santé, leurs enfants: des retraités se sont mobilisés jeudi dans toute la France à l'appel de syndicats et d'associations contre les projets d'économies budgétaires, en pleine incertitude sur les mesures qui seront retenues.
Les branches retraités de la CGT, de la CFTC, de la CFE-CGC, de Solidaires, ainsi que la FSU et des associations comme l'Union nationale des retraités et personnes âgées, les avaient appelés à descendre dans la rue.
A Paris, le cortège a défilé entre le Sénat et les Invalides, rassemblant 6.000 personnes selon la CGT. L'estimation de la police n'était pas encore connue en milieu d'après-midi.
Dans toute la France, la CGT a dénombré plus de 100 points de rassemblement.
A Marseille, la police a comptabilisé 400 manifestants. Josette Biancheri, retraitée de l'informatique et membre de la CGT, y manifeste pour dénoncer un "boomer bashing" alors que "les Trente Glorieuses, c'est pour le capitalisme, pour nous (c'était) les Trente Laborieuses".
La mobilisation porte sur trois revendications, a résumé la numéro un de la CGT Sophie Binet dans le cortège parisien: "la réindexation des pensions sur l'inflation, l'abandon du doublement des franchises médicales, un financement des hôpitaux et des Ehpad à la hauteur des besoins. Parce que (...) cette triple peine est catastrophique pour les retraités".
La mobilisation se déroule quelques jours après que le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a annoncé être prêt à renoncer au gel des pensions de retraite et des minima sociaux.
"Le Premier ministre commence à retropédaler sous la pression de la mobilisation", a estimé Sophie Binet. "Pour autant, à ce stade, nous n'avons pas de garantie claire (...) et en plus cette désindexation était prévue dans le projet initial jusqu'en 2030 et là-dessus (sous-indexation jusqu'en 2030, NDLR), le gouvernement ne s'est pas positionné".
Des incertitudes planent sur le financement de la suspension de la réforme des retraites, après que les propositions gouvernementales d'une surtaxe sur les complémentaires santé et d'une sous-indexation supplémentaire des retraites ont été rejetées en commission.
"J'ai déjà fait six mois de plus (que prévu initialement, NDLR) et j'ai pas volé ma retraite", explique Babette Mauroy, 63 ans, venue de Saint-Quentin (Aisne) pour manifester à Paris. "J'ai eu quatre enfants et je vis avec une misère, le budget de Noël a baissé, (gâter) les petits-enfants, on ne peut plus", explique cette responsable de magasin à la retraite, qui touche 1.350 euros par mois.
"Moi, j'ai de quoi éponger mais certains ont des retraites tellement petites que les mesures actuelles vont leur prendre des choses essentielles, de quoi payer leur chauffage", craint Evelyne Guislin, enseignante retraitée, syndiquée FSU venue de Melun, du haut de ses 83 ans.
Jeudi après-midi, la CGT, Solidaires et la FSU ont appelé l'ensemble de la population à faire grève et manifester à nouveau le 2 décembre pour les salaires et contre l'austérité.
Un appel lancé par une intersyndicale restreinte, contrairement à ceux des manifestations des 18 septembre et 2 octobre, qui incluaient notamment le premier syndicat français, la CFDT.

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