(Actualisé avec déclarations Poutine, Trump, responsable ukrainien)
par Guy Faulconbridge, Andrew Osborn et Vladimir Soldatkin
La Russie est d'accord, sous conditions, avec la proposition américaine d'une trêve de 30 jours en Ukraine mais souhaite qu'elle ouvre la voie à une paix durable qui éradique les causes profondes du conflit, a déclaré jeudi Vladimir Poutine.
Deux jours après des pourparlers à Djeddah (Arabie saoudite) entre Américains et Ukrainiens qui ont abouti à un accord pour une trêve de 30 jours dans le conflit en cours depuis février 2022, le président russe s'est montré ouvert à cette option tout en formulant des réserves.
A Washington, le président américain Donald Trump a salué une déclaration "très prometteuse" mais l'a jugée incomplète, et a réitéré son souhait de s'entretenir de nouveau avec Vladimir Poutine.
"Nous sommes d'accord avec les propositions de cesser les hostilités", a dit le chef du Kremlin lors d'une conférence de presse conjointe avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko, en visite à Moscou.
"Mais nous partons du principe qu'un cessez-le-feu doit mener à une paix durable et éliminer les causes originelles de cette crise."
Au nombre des réserves exprimées, le président russe a cité les incertitudes sur l'évolution "rapide" de la situation dans la région russe de Koursk (ouest) et ailleurs, ainsi que les interrogations du Kremlin sur les modalités de contrôle d'une trêve alors que "le front s'étire sur 2.000 kilomètres".
Le président russe a également évoqué la menace potentielle d'un regroupement et renforcement des unités ukrainiennes.
"Comment pouvons-nous et comment allons-nous garantir qu'une telle chose n'arrivera pas ? Comment le contrôle (du cessez-le-feu) sera organisé ?", s'est interrogé Vladimir Poutine.
"Comment ces 30 jours vont être utilisés ? Pour que la mobilisation forcée continue en Ukraine ? Pour que les armes y soient livrées ? Pour que les nouveaux mobilisés s'entraînent ?"
D'après plusieurs sources russes de haut rang, le chef du Kremlin a réclamé auprès de Washington des assurances et garanties avant d'accepter toute proposition de trêve.
Vladimir Poutine a remercié le président américain pour ses initiatives en vue d'un règlement du conflit, ajoutant qu'il était peut-être nécessaire qu'ils se parlent au téléphone.
WITKOFF EN RUSSIE
"Il y a des sujets sur lesquels nous devons discuter. Et je pense que nous avons besoin de parler à nos collègues américains. Peut-être que je devrais appeler le président Trump et avoir une discussion avec lui. Mais nous soutenons l'idée de mettre fin à ce conflit de manière pacifique", a souligné Vladimir Poutine.
Le président américain, qui a répété son intention de mettre fin rapidement au conflit entre l'Ukraine et la Russie, a adopté un ton conciliant avec Moscou depuis son investiture, renouant le contact avec le président russe Vladimir Poutine, et fait pression sur Kyiv après l'altercation du 28 février avec Volodimir Zelensky.
Outre les Etats-Unis, Vladimir Poutine a loué jeudi les "efforts" de l'Inde, de la Chine, du Brésil et de l'Afrique du Sud, et n'a pas mentionné les Européens.
La prise de position publique du chef du Kremlin intervient alors que l'émissaire américain de Donald Trump Steve Witkoff est à Moscou pour mener des pourparlers sur la proposition américaine de trêve. Steve Witkoff devrait rencontrer Vladimir Poutine sous peu, selon une source au fait des discussions.
Donald Trump a dit "espérer" que le Kremlin "fera le bon choix".
Les forces russes ont gagné du terrain ces derniers mois, contrôlant près d'un cinquième du territoire ukrainien, trois ans après son invasion.
Le président russe s'était rendu mercredi en tenue militaire - une image extrêmement rare - dans la région de Koursk, dans l'ouest de la Russie, où les forces ukrainiennes, qui avaient mené une incursion surprise dans cette zone en août dernier, ont subi plusieurs revers ces derniers jours.
Vladimir Poutine a évoqué jeudi un "isolement total" de la région et une débâcle pour l'armée ukrainienne. La Russie, a-t-il précisé, tiendra compte des développements sur le front pour les prochaines étapes diplomatiques.
Kyiv dispose désormais d'une bande de territoire de moins de 200 kilomètres carrés dans la région de Koursk contre 1.300 kilomètres carrés l'été dernier, selon l'armée russe.
Les responsables ukrainiens reconnaissent ne pas être en mesure de reprendre pour l'heure tous les territoires ukrainiens occupés par la force par la Russie dans le cadre de l'offensive lancée en 2022, selon un représentant du gouvernement de Kyiv, qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat.
(Version française Zhifan Liu, édité par Sophie Louet)
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