(Actualisé avec détails)
par Nidal al-Mughrabi et Mahmoud Issa
Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées samedi dans des frappes israéliennes à Gaza, ont annoncé les autorités sanitaires locales, malgré l'appel de Donald Trump à un arrêt des bombardements en réponse à la déclaration du Hamas se disant prêt à libérer les otages dans le cadre du plan du président américain visant à mettre fin à deux ans de guerre.
Alors que les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza doivent commencer dans les jours qui viennent en Egypte, Donald Trump a annoncé samedi sur son réseau, Truth Social, qu'Israël était convenu d'une "première ligne de retrait" à Gaza et que "lorsqu'il y aura confirmation du Hamas, le cessez-le-feu entrera en vigueur immédiatement".
Au moins 36 personnes ont été tuées dans des bombardements et des frappes aériennes sur l'enclave palestinienne dévastée depuis l'appel de Donald Trump vendredi.
Dix-huit personnes ont trouvé la mort dans des incidents sporadiques tandis que 18 autres personnes, dont des enfants, ont été tuées, et plusieurs autres blessées, dans une frappe israélienne sur une maison de la ville de Gaza, ont annoncé les services médicaux.
Israël a dit avoir visé des combattants du Hamas qui représentaient une menace pour ses soldats et qu'il examinait les signalements relatifs aux victimes.
L'armée israélienne a dit dans un communiqué regretter "tout préjudice causé à des civils non impliqués et s'efforce d'atténuer autant que possible les dommages causés à ces derniers".
Le Hamas a estimé de son côté que "la poursuite des bombardements et des massacres expose les mensonges (du Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu quant à une réduction des opérations militaires contre les civils".
TRUMP APPELLE LE HAMAS À SE POSITIONNER RAPIDEMENT SUR SON PLAN
Le Hamas a déclaré vendredi être disposé à libérer tous les otages israéliens conformément au plan de Donald Trump pour Gaza, et s'est dit prêt à entamer immédiatement des négociations pour discuter de certains détails de l'accord.
Son allié le Djihad islamique, qui détient également des otages depuis l'attaque du 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre en cours, a approuvé samedi cette position, estimant qu'elle représentait la "résistance palestinienne".
"La réaction du Hamas au plan de Trump représente la position des factions de la résistance palestinienne, et le Djihad islamique a participé de manière responsable aux consultations qui ont conduit à cette décision", a-t-il dit.
Dans un message sur son réseau Truth Social, le président américain, qui avait donné au Hamas jusqu'à dimanche soir pour conclure un accord, s'est félicité de sa réponse, estimant vendredi que le groupe est "prêt à une paix durable" et exigeant l'arrêt immédiat des bombardements israéliens pour assurer la libération des otages "rapidement et en toute sécurité".
Samedi, Donald Trump a appelé le Hamas à se positionner rapidement sur son plan, ajoutant qu'il ne tolérerait aucun délai. "Faisons-le, VITE", a-t-il dit dans un post sur Truth Social.
Un responsable de la Maison blanche à Washington a annoncé que Donald Trump dépêchait ses émissaires Steve Witkoff et Jared Kushner en Egypte pour finaliser les détails techniques de la libération des otages et discuter d'un accord de paix durable.
L'Egypte accueillera aussi des délégations d'Israël et du Hamas lundi pour discuter du projet d'échange d'otages israéliens et de prisonniers palestiniens, a annoncé le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué.
LUEUR D'ESPOIR
Benjamin Netanyahu s'est adressé au pays samedi soir, confirmant que des négociateurs seraient envoyés en Egypte et que l'objectif était de limiter les négociations à quelques jours.
Il a ajouté qu'il espérait annoncer le retour des otages, tandis que l'armée israélienne restait profondément engagée à Gaza.
Le Hamas serait désarmé et Gaza démilitarisées, a ajouté le Premier ministre israélien, selon des proposé diffusés par des médias israéliens, ajoutant que cela arriverait soit par la voie politique, soit par la voie militaire.
Benjamin Netanyahu s'est exprimé alors que plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues de Tel Aviv pour soutenir un accord mettant fin à la guerre.
Dans un communiqué diffusé samedi aux premières heures, le gouvernement israélien avait déclaré qu'Israël se préparait à la "mise en oeuvre immédiate" de la première phase du plan Trump. Peu après, les médias israéliens ont rapporté que l'armée avait reçu instruction de réduire ses opérations offensives à Gaza.
Selon le site Axios, l'armée israélienne s'en tient désormais à des opérations défensives et a suspendu son offensive sur la ville de Gaza.
Le chef d'état-major de l'armée s'est borné à annoncer dans un communiqué avoir demandé aux troupes de préparer la mise en oeuvre de la première phase du plan présenté lundi dernier à Washington par le président américain lors d'une conférence de presse commune avec Benjamin Netanyahu.
Le plan en vingt points, salué avec prudence par les pays arabes, prévoit notamment un cessez-le-feu, la libération de tous les otages du Hamas contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien progressif de Gaza, sans calendrier défini, le désarmement du Hamas et la mise en place d'un gouvernement de transition pour la bande de Gaza dirigé par une entité internationale.
Dans sa réponse, le Hamas ne mentionne pas la question de son désarmement, demande que les questions sur l'avenir de Gaza soient discutées dans un cadre national palestinien global dont il fera partie, et se dit prêt à entamer immédiatement des négociations pour finaliser un accord.
"Nous sommes déjà en train de discuter des détails à régler", a de son côté affirmé Donald Trump vendredi.
La guerre dans la bande de Gaza a débuté le 7 octobre 2023 par des attaques de commandos du Hamas et de ses alliés dans le sud d'Israël, au cours desquelles 1.200 Israéliens, civils dans leur majorité, ont été tués et 251 personnes prises en otages, selon les chiffres des autorités israéliennes. Il resterait aujourd'hui une cinquantaine d'otages aux mains du Hamas et de factions alliées, vivants ou morts.
Les représailles israéliennes ont fait plus de 66.000 morts palestiniens, majoritairement des civils, en près de deux ans et réduit l'enclave à l'état de ruines. Les restrictions imposées à l'aide humanitaire par Israël ont provoqué la famine dans certaines parties du territoire, selon les Nations unies.
Epuisés par le conflit, des habitants de la bande de Gaza ont repris un peu espoir après la réponse du Hamas et la réaction de Donald Trump vendredi.
"C'est une bonne nouvelle, qui sauvera ceux qui sont encore en vie", a déclaré à Reuters Saoud Qarneyta, âgé de 32 ans.
"Nous voulons que le président Trump continue à pousser pour arrêter la guerre. Si on perd cette occasion, cela veut dire que Gaza sera détruite par Israël et que nous ne survivrons peut-être pas", a renchéri Ismail Zayda, âgé de 40 ans et père de trois enfants qui habite dans les faubourgs nord de Gaza-ville.
Aya, 31 ans, déplacée avec sa famille à Deir al Balah, dans le centre du territoire, se montrait plus sceptique.
"Est-ce que nous pouvons faire confiance à Trump ? Peut-être, mais est-ce que Netanyahu va obéir cette fois ? Il a toujours tout saboté pour poursuivre la guerre. J'espère qu'il va s'arrêter maintenant."
(Mahmoud Issa à Gaza, Nidal al Mughrabi au Caire, avec Caitlin Webber à Washington, Jean-Stéphane Brosse, Gilles Guillaume et Camille Raynaud pour la version française)
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