
( AFP / FAYEZ NURELDINE )
Le géant pétrolier saoudien Aramco a annoncé mardi une baisse de 22% de son bénéfice au deuxième trimestre par rapport à la même période de l'année dernière, en raison de la faiblesse des prix du pétrole.
Aramco, premier exportateur de pétrole au monde et pilier de l'économie saoudienne, a désormais subi une baisse de ses bénéfices pendant dix trimestres consécutifs depuis ses résultats record fin 2022.
La baisse du bénéfice, passé de 29,07 milliards de dollars l'année dernière à 22,67 milliards cette année, s'explique "principalement par le repli des prix du pétrole brut et des produits raffinés et chimiques", a affirmé la société dans un communiqué publié à la Bourse saoudienne.
Le géant saoudien avait dégagé des bénéfices record en 2022 de 161,1 milliards de dollars, dopés par la flambée des prix du pétrole dans un marché bouleversé par la reprise post-Covid et l'invasion russe de l'Ukraine. Cela avait alors permis au royaume du Golfe de dégager son premier excédent budgétaire annuel depuis près d'une décennie.
En 2024, le bénéfice net d'Aramco avait chuté de 12,39% par rapport à 2023, confirmant une tendance à la baisse pour la deuxième année consécutive.
L'action du géant pétrolier du Golfe se négociait mardi à 23,91 rials saoudiens (environ 6 dollars), soit 12% en dessous du prix de 27,35 rials fixé lors de sa seconde offre publique d'actions l'an dernier.
Poursuivant leur stratégie de reconquête des parts de marché, Ryad, Moscou et six autres producteurs de pétrole de l'Opep+ ont, comme prévu par le marché, augmenté une nouvelle fois leurs quotas lors d'une réunion dimanche, bouclant un cycle entamé en avril.
- Turbulences géopolitiques -
A la suite d'une série de baisses de production remontant à octobre 2022, l'Arabie saoudite produit actuellement environ 9 millions de barils par jour (mbj), bien en deçà de sa capacité de 12 mbj.
Le cours du Brent, référence mondiale, évolue actuellement autour de 70 dollars, loin des sommets de 120 dollars atteints au printemps 2022 après l'invasion russe de l'Ukraine mais l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) préfère désormais se concentrer sur la reconquête du terrain.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menée par l'Arabie saoudite, et leurs alliés conduits par la Russie, ont conclu en 2016 un accord appelé Opep+ pour mieux peser sur le marché.
"Les fondamentaux du marché restent solides et nous prévoyons que la demande de pétrole au second semestre 2025 sera supérieure de plus de deux millions de barils par jour à celle du premier semestre ", a affirmé Amin Nasser, le directeur général du géant pétrolier saoudien.
Les prix de l'or noir ont mieux résisté que ce qu'avaient prévu les observateurs au début de la réouverture des vannes en avril, soutenus par une demande estivale traditionnellement forte et une prime de risque géopolitique élevée, notamment depuis la guerre entre l'Iran et Israël.
Le recul du bénéfice net d'Aramco était prévisible selon Ibrahim Abdelmohsen, spécialiste de l'énergie basé aux Emirats arabes unis, en raison "des changements de cap de l'Opep+ et des incertitudes économiques liées à la guerre commerciale avec les Etats-Unis".
- "Stabilité financière" -
Aramco est le joyau de l'économie saoudienne et la principale source de revenus du programme de réformes Vision 2030 du prince héritier Mohammed ben Salmane, qui vise à préparer le royaume à l'après pétrole.
Les profits de l'entreprise permettent à l'Arabie saoudite de financer des projets phares d'investissements et de modernisation du pays, notamment Neom, la mégapole futuriste en construction dans le désert, un vaste aéroport à Ryad, ainsi que des projets de développement majeurs dans le secteur du tourisme et des loisirs.
"L'Arabie saoudite dispose d'une marge budgétaire et de solides réserves lui permettant de défendre sa stabilité financière et de soutenir ses projets de développement à court terme", assure M. Abdelmohsen.
Le bénéfice au premier trimestre de cette année avait baissé de 4,6%.
En septembre, le ministère saoudien des Finances a indiqué qu'il prévoyait un déficit budgétaire de 2,3% du PIB jusqu'en 2027.
Jeudi, le ministère a annoncé un déficit de 34,5 milliards de rials (9,2 milliards USD) au deuxième trimestre, soit une baisse de 41,1% par rapport au premier trimestre, ce qu'il a attribué à une hausse des revenus pétroliers.
Le cabinet d'investissement Jadwa, basé à Riyad, a toutefois estimé début juillet que ce déficit pourrait se creuser davantage, prévoyant un déficit de 4,3% du PIB en 2025, bien au-delà des prévisions officielles.
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