La dirigeante de l'extrême droite française, Marine Le Pen, est jugée pour avoir prétendument détourné des fonds de l'UE
Le procès du Rassemblement national (RN), de Marine Le Pen et de 24 autres personnalités du parti soupçonnés de détournement de fonds européens s'est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Paris, où la dirigeante d'extrême droite risque une peine d'inéligibilité.
Prévu jusqu'au 27 novembre, ce procès aux lourds enjeux politiques débute à la veille de l'ouverture de la session parlementaire à l'Assemblée nationale, où le RN compte peser avec ses 142 députés, alliés compris, dans un rôle d'"arbitre" face au gouvernement de Michel Barnier.
Les prévenus - anciens eurodéputés comme Marine Le Pen, ex-assistants parlementaires et salariés du parti - sont poursuivis pour détournement de fonds publics, complicité et recel de fonds publics. Ils risquent jusqu'à 10 ans de prison, un million d'euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité.
Les dossiers de Jean-Marie Le Pen, 96 ans, et Jean-François Jalkh, également poursuivis mais qui ne comparaîtront pas au procès pour raisons de santé, ont été disjoints.
Arrivée peu avant 13h30, Marine Le Pen a affiché sa sérénité.
"J'aborde ce procès avec beaucoup de sérénité et énormément d’arguments à développer pour défendre la liberté parlementaire en cause dans cette affaire, démontrer que nous n'avons violé aucune règle politique", a-t-elle déclaré aux journalistes.
La justice reproche aux prévenus d'avoir, entre 2004 et 2016, rémunéré des salariés du Front national - rebaptisé Rassemblement national en 2018 - avec les enveloppes allouées par Bruxelles à chaque eurodéputé pour le salaire des assistants parlementaires.
€3,5 MILLIONS DE PRÉJUDICE
Le Parlement européen estime le préjudice à 3,5 millions d'euros, a indiqué l'un des avocats de l'institution, Patrick Maisonneuve.
Des accusations que rejettent le RN et son ex-présidente Marine Le Pen, qualifiée au second tour de l'élection présidentielle en 2017 puis en 2022 mais battue à chaque fois par Emmanuel Macron.
Le Rassemblement national, en tant que personne morale, devra répondre de complicité et recel de détournement de fonds publics sur la période visée.
"Evidemment, ça va devenir un sujet de communication alors que nous préférerions parler des problèmes et de l'avenir des Français", regrette le député RN Laurent Jacobelli.
"Marine Le Pen est sereine, elle connaît bien le dossier et finalement, elle sait que ce qui nous est reproché, c'est une différence de conception entre le Parlement européen et les partis français de ce qu'est un collaborateur", a-t-il dit à Reuters dans les couloirs de l'Assemblée nationale.
L'opposition de gauche réunie au sein du Nouveau Front Populaire (NFP) espère profiter de cette passe délicate pour reprendre la main après avoir été écartée des tractations gouvernementales, malgré sa première place au second tour des élections législatives anticipées en juillet.
"Le calendrier judiciaire va empêcher Marine Le Pen d'accélérer le chamboule-tout qu'elle appelle de ses voeux mais dont elle ne veut pas en vérité", a dit à Reuters le député écologiste Pouria Amirshahi. "Au NFP, nous devons démontrer qu'il y a une cohésion, une cohérence et une disponibilité à gouverner."
Le RN fait également l'objet d'une enquête préliminaire ouverte en juillet par le parquet de Paris pour financement illégal présumé de la campagne présidentielle de Marine Le Pen en 2022.
(Reportage Juliette Jabkhiro et Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet et Kate Entringer)
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