(Actualisé avec sources diplomatiques)
La France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne pourraient entamer le processus de réimposition des sanctions des Nations unies (Onu) contre l'Iran dès jeudi mais espèrent que Téhéran fournira dans les 30 jours des engagements sur son programme nucléaire qui les convaincront de différer toute action concrète, ont déclaré quatre diplomates.
Les trois pays, soit le groupe "E3", ont pris part mardi à Genève à une réunion avec l'Iran destinée à raviver les efforts diplomatiques sur le programme nucléaire iranien.
Signataires de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien, dénoncé ensuite par le président américain Donald Trump lors de son premier mandat puis abandonné par Téhéran, le groupe "E3" s'est dit prêt à recourir au mécanisme de 'snapback' rétablissant toutes les sanctions de l'Onu contre l'Iran, comme prévu par l'accord en cas de manquements.
Trois diplomates européens et un diplomate occidental ont déclaré que les discussions de mardi n'avaient pas abouti à des engagements suffisamment tangibles de la part de l'Iran, même s'ils pensent qu'il existe une marge de manœuvre pour de nouvelles actions diplomatiques dans les semaines à venir.
Les trois pays ont toutefois déclaré qu'ils s'abstiendraient d'une telle démarche dans l'immédiat si Téhéran autorisait la reprise des inspections onusiennes de ses sites nucléaires - ce qui permettrait aussi de répertorier les stocks iraniens d'uranium enrichi - et acceptait de renouer le dialogue avec les Etats-Unis.
Si l'"E3" décidait de relancer les sanctions contre l'Iran, il faudrait 30 jours avant qu'elles ne soient appliquées.
"Les véritables négociations commenceront une fois que la lettre (au Conseil de sécurité de l'Onu) sera soumise", a déclaré le diplomate occidental, s'exprimant sous couvert d'anonymat.
Mercredi, des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) se sont rendus en Iran pour la première fois depuis la suspension par Téhéran de sa coopération avec l'agence onusienne ont rapporté mercredi les médias d'État iraniens.
Cependant, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, a déclaré que Téhéran n'était pas encore parvenu à un accord sur la manière dont il reprendrait pleinement sa coopération avec l'AIEA, a rapporté l'agence de presse du Parlement iranien, l'Icana.
LE TEMPS PRESSE
Depuis plusieurs semaines, les Européens répètent leur "détermination" à recourir au 'snapback', exhortant les autorités iraniennes à avancer vers des "progrès concrets" en vue d'un accord sur le nucléaire d'ici la fin de l'été.
Le temps presse: la résolution du Conseil de sécurité de l'Onu qui régit l'accord de 2015, et prévoit le mécanisme de 'snapback', doit expirer le 18 octobre prochain, à moins que le Conseil de sécurité ne convienne de prolonger cette résolution.
Téhéran a prévenu d'une "réponse sévère" si des sanctions venaient à être rétablies contre l'Iran.
Un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré que le déclenchement du "snapback" restait une option. Les ministères des Affaires étrangères britannique et français n'ont pas répondu aux demandes de commentaire dans l'immédiat.
Les échanges avec les représentants de l'E3 vont se poursuivre dans les prochains jours, a dit pour sa part le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.
Téhéran est furieux des puissants bombardements contre ses installations nucléaires menés en juin par les Etats-Unis et Israël, ce qui a tendu les discussions avec les Européens.
Russie et Chine, également parties prenantes de l'accord de 2015, ont surpris en transmettant dimanche aux quinze membres du Conseil de sécurité de l'Onu un projet de résolution prévoyant de prolonger la validité de l'accord jusqu'au 18 avril 2026.
Une version révisée du document, diffusée mardi aux mêmes pays, appelle également à la suspension de "toute mesure substantielle" liée à mise en oeuvre de la résolution du Conseil de sécurité sur le programme nucléaire iranien - une rhétorique à même d'alimenter la préoccupation des Européens.
Un diplomate russe de haut rang, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a déclaré à Reuters que ce texte empêcherait en substance l'E3 de rétablir les sanctions contre l'Iran.
On ne savait pas dans l'immédiat si ce projet de résolution serait soumis au vote du Conseil.
Des représentants européens ont dit par le passé se méfier de la possibilité que Téhéran ait choisi d'adopter à nouveau une stratégie destinée à gagner du temps et à faire traîner les pourparlers.
(Reportage Emma Farge à Genève, John Irish à Paris, Parisa Hafezi à Abu Dhabi et Michelle Nichols aux Nations unies, avec François Murphy et Jonathan Landay ; version française Jean Terzian et Kate Entringer, édité par Zhifan Liu)
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