Les premiers trains confiés à un opérateur privé ont commencé à circuler sur la ligne desservant les deux plus grandes métropoles du Sud-est.

Thierry Mallet, PDG de Transdev, en novembre 2023 ( AFP / FRANCOIS LO PRESTI )
"Le fait de tout morceler, ce n'est pas bon pour le service public". Au lendemain du lancement des TER exploités par Transdev entre Marseille et Nice, les syndicats de cheminots ont voulu réiterer lundi 30 juin leur désaccord avec cette ouverture à la concurrence, que certains considèrent comme une "privatisation" pure et simple.
300 personnes étaient mobilisés selon la CGT gare Saint-Charles lundi matin. Un autre rassemblement était prévu dans l'après-midi à Toulon, à l'occasion de l'inauguration officielle de la ligne.
"Cela fait des mois qu'on dénonce l'ouverture à la concurrence. Nous sommes favorables à une entreprise intégrée, pas une entreprise morcelée. Le fait de tout morceler, ce n'est pas bon pour le service public", a déclaré François Tejedor, secrétaire général de la CGT cheminot Paca, syndicat majoritaire.
"On ne le dit pas d'une manière dogmatique, puisque les Anglais sont en train de revenir en arrière, après des décennies d'ouverture à la concurrence désastreuses. Les Allemands se retrouvent dans de très grandes difficultés. Les Belges, contrairement aux préconisations de la Commission européenne, ont décidé de faire une attribution directe à l'opérateur historique", énumère-t-il.
Pour lui, l'ouverture à la concurrence ne changera rien aux problèmes structurels de l'état du réseau: "on l'a constaté hier, ils sont confrontés à des retards liés aux problèmes de réseau".
Logique de "PME du rail"
"Le site de Marseille est très bousculé par ces ouvertures, avec l'arrivée aussi de Trenitalia sur la ligne avec Paris. On a un vrai climat anxiogène et les organisations syndicales ont déposé une alarme sociale", explique de son côté Julien Troccaz, secrétaire fédéral de Sud Rail Paca, qui précise qu'un préavis de grève a été déposé. "Ils sont partis dans une logique de PME du rail, à jouer chacun au petit chemin de fer. Sauf que le système ferroviaire, ce n'est pas ça, c'est un système intégré qui oblige à avoir des collaborations ou de la mutualisation" ajoute le syndicaliste.
Dimanche, le premier TER privé, exploité par le groupe franco-allemand Transdev, a commencé ses liaisons entre Marseille et Nice, sur une ligne autrefois exploitée par la SNCF, aboutissement d'un processus de mise en concurrence engagé dès 2018 par la région Paca.
Provence-Alpes-Côte d'Azur est la première région à avoir opté pour la mise en concurrence des trafics ferroviaires régionaux rendue possible par le droit européen. Transdev, dont le contrat de délégation de service public, estimé à quelque 800 millions d'euros, court sur dix ans, s'est engagé sur une régularité de 97,5%, contre 80% avant, selon la région.
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