( AFP / KAZUHIRO NOGI )
Le géant japonais de la sidérurgie Nippon Steel a indiqué jeudi qu'il prévoyait toujours de finaliser l'acquisition de son rival américain US Steel d'ici la fin de l'année, en dépit d'une farouche opposition du président américain Joe Biden et de son successeur Donald Trump.
"On s'attend à ce que la transaction soit finalisée lors du quatrième trimestre 2024, d'ici décembre", a affirmé l'entreprise dans une présentation de ses résultats trimestriels.
Joe Biden a fait part à plusieurs reprises de son opposition à la prise de contrôle d'US Steel par Nippon Steel, initialement annoncée en décembre 2023 pour 14,9 milliards de dollars.
En amont de sa victoire à l'élection présidentielle américaine tenue mardi, le républicain Donald Trump, qui prendra ses fonctions en janvier, s'était lui aussi engagé à bloquer l'opération si elle n'était pas approuvée d'ici son arrivée au pouvoir, en accord avec ses positions protectionnistes.
Son futur vice-président J.D. Vance avait mené au sein du Sénat l'opposition au rachat, faisant de la production d'acier une priorité de sécurité nationale.
Pour autant, l'aciériste nippon affiche sa sérénité. "A moins que les choses ne changent radicalement, je crois que (l'acquisition) sera conclue d'ici la fin de l'année", a déclaré à la presse le vice-président de Nippon Steel, Takahiro Mori.
Certes, le groupe attend toujours le feu vert de Washington. La Commission aux investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS) doit encore remettre ses recommandations au président Biden, qui tranchera en dernier ressort.
Cette commission a pour mission d'étudier les projets d'acquisition d'une entité américaine par un ou plusieurs investisseurs étrangers, afin de déterminer les possibles implications pour la sécurité nationale des Etats-Unis.
L'avis de la CFIUS et la décision de la Maison-Blanche avaient été renvoyés après l'élection présidentielle américaine du 5 novembre, le sujet étant devenu éminemment politique, en raison de l'opposition farouche des deux candidats en lice, la démocrate Kamala Harris comme le républicain Donald Trump.
"L'examen par la CFIUS est en cours", a simplement commenté Nippon Steel.
"Maintenant que l'élection est terminée, je pense que nous bénéficierons d'un environnement approprié pour discuter du cœur du dossier de façon apaisée. Je suis certain qu'on peut faire aboutir l'opération" avant fin 2024, a estimé Takahiro Mori.
Des groupes d'entreprises japonais et américains avaient exhorté mi-septembre la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen à ne pas succomber aux pressions politiques, lors de l'examen du projet d'acquisition d'US Steel.
Le syndicat des métallos USW (United Steelworkers) est de son côté opposé au rachat par crainte d'une casse sociale, même si le groupe japonais s'est engagé à maintenir l'emploi.
Pour autant, un comité d'arbitrage mandaté par les deux parties avait conclu fin septembre que l'acquisition d'US Steel par son concurrent Nippon Steel répondait aux conditions fixées par le syndicat dans l'accord d'entreprise en vigueur, un avis qu'avait aussitôt contesté USW.
Pour sa part, US Steel a averti que si jamais le rachat échouait, il se verrait contraint de renoncer à des investissements massifs de modernisation sur plusieurs sites, au prix d'une casse sociale et de possibles fermetures d'aciéries.
De fait, en raison des emplois en jeu, "je crois que Donald Trump ne sera pas un obstacle", estimait jeudi Amir Anvarzadeh, analyste chez Asymmetric Advisors.
Certains responsables syndicaux locaux favorables à l'acquisition par Nippon Steel à cause de l'impact social en cas d'échec s'en sont fait l'écho auprès de Donald Trump, et l'aciériste japonais a recruté l'ex-secrétaire d'Etat de l'administration Trump, Mike Pompeo, pour plaider sa cause, fait valoir l'expert.
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