"Imaginer un obscur calcul politique qui aurait consisté à changer subrepticement la règle (...) est parfaitement faux et, pour tout dire, relève du pur complotisme", s'est offusqué l'ancien chef d'État-Major.

Le général François Lecointre à Paris, le 14 juillet 2021. ( AFP / LUDOVIC MARIN )
"Aucun argument juridique" en faveur d'une immunité pour Nicolas Sarkozy. Le Grand Chancelier de la Légion d'honneur, le général François Lecointre, a expliqué avoir retiré cette distinction à Nicolas Sarkozy au nom de "la règle" dont il est le "garant", tout en récusant "un obscur calcul politique".
"Je n'ai trouvé aucun argument juridique qui puisse me convaincre d'accorder au président Sarkozy une immunité qui tiendrait à sa qualité d'ancien grand maître de l'ordre (ex-chef de l'État, ndlr)", écrit l'ancien chef d'état-major des armées, dans une tribune parue mercredi 25 juin dans le Figaro .
"Pas plus que le souhait exprimé publiquement par le président de la République de ne pas voir sanctionné son prédécesseur ne m'a persuadé de ne pas déférer aux devoirs de ma charge et de ne pas mettre en œuvre la règle dont je suis le garant ", écrit François Lecointre, dans sa première déclaration publique depuis la retentissante sanction infligée à l'ancien président.
Sanction automatique
Le général a signé l'arrêté, publié le 15 juin, qui a exclu Nicolas Sarkozy de la Légion d'honneur et de l'Ordre national du mérite en raison de sa condamnation, devenue définitive, à un an de prison ferme pour corruption dans l'affaire des écoutes. Cette sanction, sur laquelle Emmanuel Macron avait exprimé des réserves, était automatique aux termes du code de la Légion d'honneur qui prévoit un retrait en cas de condamnation à une peine égale ou supérieure à un an ferme.
Cette décision, inédite pour un ex-chef de l'État depuis Pétain en 1945, a suscité un torrent de critiques à droite et fait naître des interrogations sur une réforme du code de la Légion d'honneur adoptée en janvier qui aurait permis, selon certains, à l'actuel président de ne pas avoir à intervenir dans la procédure de sanction.
Cette modification "n'a en rien, contrairement à ce qu'on a pu lire ici ou là, changé la règle de l'exclusion de droit d'un membre de l'ordre, pas plus qu'elle n'a exonéré le grand maître (le chef de l'État, ndlr) d'un pouvoir de décision qu'il n'a jamais eu en cette matière", assure François Lecointre.
"On peut librement s'offusquer de ce que le président Sarkozy ait été exclu de l'ordre de la Légion d'honneur", écrit le général. "Imaginer en revanche un obscur calcul politique qui aurait consisté à changer subrepticement la règle pour ne pas avoir à assumer une décision est parfaitement faux et, pour tout dire, relève du pur complotisme".
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