On vit davantage en couple en zone rurale, on s'y marie plus... et on y meurt plus jeune qu'en zone urbaine: une étude publiée mardi par l'institut national d'études démographiques (Ined) brosse le tableau d'une démographie française contrastée d'un territoire à l'autre.
( AFP / PASCAL PAVANI )
Une faible croissance démographique, partout
Au 1er janvier 2025, la France comptait 68,6 millions d'habitants, soit 169.000 de plus qu'un an auparavant, une très faible progression, liée principalement au solde migratoire positif (la différence entre le nombre de personnes entrées et sorties du territoire).
Le solde naturel, soit la différence entre le nombre de naissances et de décès, est resté légèrement positif (+170.000), seulement grâce aux départements d'Outre-mer. En France métropolitaine, il a été négatif (629.000 naissances, 630.000 décès) pour la "première fois depuis plus d'un siècle hors périodes de guerre".
Augmentation des immigrés dans les espaces ruraux
Le nombre d'immigrés (personne née à l'étranger de parents n'ayant pas la nationalité française) de pays tiers (hors Espace économique européen et Suisse) ayant obtenu un titre de séjour d'au moins un an dans les départements urbains a légèrement diminué, passant de près de 60% jusqu'en 2016 à 55% en 2022.
À l'inverse, dans les départements ruraux, leur nombre a passé de 10% il y a vingt ans à près de 15% aujourd’hui.
Plus de naissances en zones urbaines
Dans le détail et dans les zones rurales, la croissance démographique (+0,32% par an) est "uniquement attribuable à l'arrivée de nouveaux habitants".
En revanche, les espaces urbains bénéficient encore d'un solde naturel positif, en plus de l'arrivée de personnes de nationalité étrangère (+0,42%). La diminution du nombre de naissances concerne toutefois "tous les types de territoires" et il est "vraisemblable" qu'elle se poursuive dans les années à venir, prévient l'Ined.
Une population vieillissante, en particulier en zone rurale
Le vieillissement de la population affecte également tous les types de départements, mais il est "particulièrement marqué" dans les départements ruraux. En 2024, la proportion de personnes de 60 ans et plus y atteignait 31% pour les hommes et 35% pour les femmes, contre 22 et 26% dans les départements urbains et 21 et 22% dans ceux d'Outre-mer.
Plus de couples en zone rurale...
La vie de couple est "nettement plus répandue" dans les territoires ruraux où 76,6% des femmes et 70,3% des hommes de 20 à 64 ans déclaraient vivre à deux en 2022, contre 60% des urbains de la même tranche d'âge. Cela pourrait s'expliquer par "une mise en couple plus précoce des jeunes hommes et femmes en milieu rural".
... et de mariages
Les habitants des communes rurales sont plus enclins à se marier. Dans les couples de sexe différent, les hommes comme les femmes se marient toutefois à un âge plus tardif que dans les communes urbaines. En revanche, pour les couples de même sexe, les mariages ont lieu en moyenne un an et demi plus tôt.
Au total, en 2024, il y aurait eu 247.000 mariages en France, selon les dernières estimations disponibles, un nombre qui reste élevé depuis 2022, soutenu "sans doute" par un effet de "rattrapage de mariages empêchés pendant la pandémie".
Un accès disparate à l'avortement
En 2024, 260.000 avortements (interruptions médicales – IMG – et volontaires – IVG – de grossesse) ont été pratiqués, soit 8.000 IVG de plus qu’en 2023 et 700 IMG de moins.
Dans les grands centres urbains, l’offre de prise en charge en termes de méthode, lieu et professionnel est "relativement diversifiée" - ce qui n'est pas le cas dans toutes les autres communes, notamment rurales.
L'Ined relève parallèlement un accès grandissant à l'IVG médicamenteuse dans les territoires ruraux sous l'effet de l’augmentation des effectifs de sages-femmes habilitées à la pratiquer depuis la loi de 2016.
Espérance de vie moindre en zone rurale
Au niveau national, l'espérance de vie a progressé légèrement sur un an avec des durées de vie moyennes de 80 ans pour les hommes et de 85,6 ans pour les femmes.
Mais la situation varie selon les territoires. L’espérance de vie est ainsi inférieure de deux ans dans les départements ruraux de la France hexagonale par rapport aux départements urbains, plus favorisés.
Une situation qui pourrait être due notamment, selon l'Ined, aux difficultés croissantes d'accès aux soins en zones rurales.
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