
Eric Ciotti, président de l'UDR, s'exprime lors du "sommet des libertés", le 24 juin 2025 à Paris ( AFP / Julie SEBADELHA )
Eric Ciotti, ex-patron des Républicains désormais rallié à l'extrême droite, a officiellement annoncé mercredi sa candidature aux municipales à Nice, lançant un duel qui s'annonce saignant avec son ex-mentor, le maire sortant Christian Estrosi (Horizons).
Cela fait maintenant plusieurs années qu'Eric Ciotti, 59 ans, tire à boulets rouges sur son grand rival, âgé de 70 ans, qui a pris un chemin politique inverse en ralliant le camp macroniste.
Et il a choisi de se lancer dans l'arène en duplex depuis Nice au journal télévisé de TF1 plutôt que de l'annoncer lors de sa rentrée politique prévue dimanche à Levens, dans l'arrière-pays.
"Je souhaite offrir une nouvelle espérance aux Niçois", a-t-il lancé, pointant à nouveau la "mauvaise gestion" de M. Estrosi, "élu au conseil municipal depuis quatre décennies".
Nice, où les touristes se pressent mais où plus d'un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, "souffre aujourd'hui de l'insécurité", "se trouve dans une situation financière extrêmement dégradée, avec plus de 3 milliards d'euros de dette", a estimé le député, promettant d'"effacer l'augmentation de 25% des impôts" locaux ou de mettre de la climatisation dans toutes les écoles.
Très rapidement, le président du Rassemblement national Jordan Bardella lui a apporté son soutien sur X, actant qu'il serait "le candidat de l'union des patriotes".
- Adversaire "comme les autres" ? -
Christian Estrosi, lui aussi ex-LR et désormais proche d'Edouard Philippe, avait été réélu pour un troisième mandat en 2020 avec près de 60% des voix au second tour. Mardi sur Sud Radio, interrogé sur Eric Ciotti, il a balayé: c'est pour lui "un adversaire comme les autres".
Un adversaire de premier plan en tous cas dans une ville où les idées d'extrême droite prospèrent et où la gauche, à la traîne, aimerait profiter de ce duel fratricide mais peine à se mettre d'accord.
Les deux sont des enfants du pays. Après une carrière de champion de moto, Christian Estrosi a été à la tête de la région Provence-Alpe-Côte d'Azur, député, ministre de François Fillon ou de Dominique de Villepin. Avec son ami Renaud Muselier, actuel président de la région, il se présente comme un rempart au Rassemblement national.
Eric Ciotti a, lui, commencé par être attaché parlementaire du jeune député Estrosi, avec qui il finira par se brouiller. Jamais maire ni ministre, il deviendra député, prendra la tête des Alpes-Maritimes et surtout celle du parti Les Républicains, avant un divorce fracassant.
L'histoire politique retiendra qu'il a été le premier chef du parti gaulliste à rompre le cordon sanitaire avec l'extrême droite, en s'alliant à Marine Le Pen après la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Marine Le Pen et Eric Ciotti lors d'une "convention de l'Union nationale" réunissant des parlementaires nationaux et européens de l'alliance RN-UDR, le 28 juin 2025 à Paris ( AFP / Julie SEBADELHA )
Pour lui, ce ralliement était la seule stratégie "porteuse d'avenir" pour la droite. Il est désormais à la tête d'un nouveau parti, l'UDR (Union des droites pour la République), qui a remporté 16 sièges aux dernières législatives dans le cadre de cette alliance avec le RN et notamment les trois circonscriptions niçoises.
Le maire sortant, qui a modifié le centre ville, y construisant notamment une immense coulée verte, devra donc se renouveler s'il souhaite emporter un quatrième mandat.
Ses adversaires l'attaquent sur ses dépenses, sa politique d'urbanisme avec notamment la destruction de l'emblématique théâtre de Nice, pour y construire justement ce qu'il présente comme une "forêt urbaine".
La campagne s'annonce saignante. A moins que la justice ne rattrape l'un ou l'autre. Les noms des deux rivaux apparaissent dans plusieurs enquêtes, sans qu'aucun des deux ne soit poursuivi à ce stade.
Eric Ciotti est notamment cité dans une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics, ouverte en mai autour de soupçons de cumuls d'emplois au conseil départemental des Alpes-Maritimes.
Christian Estrosi a, lui, été placé en garde à vue au début de l'été dans une enquête sur l'organisation de plusieurs événements à Nice. D'autres enquêtes sont en cours notamment sur la reconstruction après la tempête Alex ou sur les conditions de sécurisation de la Promenade des Anglais le soir du terrible attentat du 14 juillet 2016.
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