(Actualisé avec prise de pouvoir de l'armée, citations et détails)
par Lovasoa Rabary et Giulia Paravicini
L'armée a pris le pouvoir à Madagascar, a déclaré le colonel Michael Randrianirina mardi après la destitution du président Andry Rajoelina, tout en annonçant une période de transition de deux ans maximum avant des élections.
La chambre basse du Parlement a voté la destitution du président malgache avec 130 voix pour et une abstention, quelques heures après que ce dernier a tenté de dissoudre l'Assemblée nationale.
"On a pris le pouvoir", a déclaré mardi le colonel Michael Randrianirina, ajoutant que l'armée dissolvait toutes les institutions à l'exception de la chambre basse du Parlement.
La période de transition doit durer au maximum deux ans. Pendant cette période, un référendum sera organisé pour établir une nouvelle Constitution, suivi d'élections visant à mettre progressivement en place les nouvelles institutions, a déclaré aux journalistes le colonel Michael Randrianirina.
"Il n'y a rien qui marche à Madagascar, y'a pas de président, y'a pas de président du Sénat, y'a pas de gouvernement, y'a rien qui marche. Donc on doit prendre la responsabilité", a-t-il ajouté.
Quelques heures plus tôt, le président malgache Andry Rajoelina, 51 ans, a annoncé avoir dissous la chambre basse du Parlement.
Le chef de l'opposition a toutefois contesté cette manœuvre. "Ce décret n'est pas valide juridiquement (...) le président de l'Assemblée nationale affirme qu'il n'a pas été consulté", a déclaré Siteny Randrianasoloniaiko, qui est également vice-président de l'Assemblée.
Lors d'une allocution prononcée lundi soir, depuis un lieu tenu secret, Andry Rajoelina a refusé de quitter le pouvoir malgré des semaines de manifestations de la génération Z exigeant sa démission et des défections généralisées au sein de l'armée.
Il a affirmé avoir été contraint de se mettre en lieu sûr en raison des menaces qui pesaient sur sa vie.
Un responsable de l'opposition, une source militaire et un diplomate étranger ont déclaré à Reuters qu'il avait fui le pays dimanche à bord d'un avion militaire français.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré mardi que l'ordre constitutionnel devait être préservé et que, même si la France comprenait les revendications des jeunes, celles-ci ne devaient pas être exploitées par des factions militaires.
La crise malgache a débuté fin septembre, lorsque des manifestations ont éclaté dans le pays en raison de pénuries d'eau et d'électricité. Ces manifestations se sont rapidement transformées en un soulèvement portant sur des griefs plus larges, notamment la corruption, la mauvaise gouvernance et le manque de services de base.
Ces revendications de la jeune génération malgache font écho à d'autres mouvements similaires récemment survenus ailleurs dans le monde, notamment au Népal, au Kenya et au Maroc.
(Reportage Lovasoa Rabary et Tim Cocks à Antananarivo et Giulia Paravicini à Nairobi, rédigé par Silvia Aloisi et Ammu Kannampilly ; version française Coralie Lamarque, édité par Kate Entringer)
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