
Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre du Groenland Jens-Frederik visitent la frégate danoise F363 Niels Juel à Nuuk, au Groenland
Emmanuel Macron a atterri dimanche au Groenland où le président français entend montrer la solidarité de la France et de l'Union européenne sur le sujet de la souveraineté et de l'intégrité du territoire autonome danois, menacé d'annexion par Donald Trump.
"Je viens à leur coté voir tous les défis, mais dire aussi la solidarité de la France, de l'Union européenne, pour la souveraineté, l'intégrité territoriale de ce territoire", a déclaré Emmanuel Macron à sa descente d'avion.
Interrogé sur les déclarations répétées du président américain sur sa volonté d'acquérir le Groenland, Emmanuel Macron a répondu: "Je ne pense pas que c'est ce qui se fait entre alliés", avant d'ajouter: "C'est important qu'il y ait un engagement du Danemark, des Européens autour de ce territoire qui présente des très grands enjeux stratégiques et dont l'intégrité territoriale doit être respectée".
Emmanuel Macron, premier dirigeant étranger à se rendre dans l'île depuis ces menaces explicites, a déclaré que son déplacement visait à éviter toute "prédation" sur le territoire, qui fait partie du royaume du Danemark depuis au moins le 17e siècle.
Selon un sondage IFOP pour NYC.eu publié samedi, 77% des Français interrogés et 56% des Américains désapprouvent une annexion du Groenland par les Etats-Unis, et 43% des Français approuveraient un recours par la France à la force militaire pour éviter une invasion américaine.
Emmanuel Macron a été invité au Groenland par la Première ministre danoise, Mette Frederiksen, et le Premier ministre du Groenland, Jens-Frederik Nielsen.
PUISSANCE NUCLÉAIRE
"La France nous a soutenus dès les premières déclarations concernant l'appropriation de notre territoire. Ce soutien est à la fois nécessaire et gratifiant", a écrit sur Facebook Jens-Frederik Nielsen quelques jours avant la visite d'Emmanuel Macron.
"Je ne crains pas qu'il (Trump) soit furieux. Il faut voir cela comme une volonté de favoriser le développement au Groenland", a-t-il ajouté dimanche sur la chaîne danoise DR, répondant à une question sur une éventuelle contrariété du président américain à l'égard du déplacement du chef de l'Etat français.
Prié de dire si le président français délivrerait sur place un message explicite à destination des Etats-Unis, un conseiller d'Emmanuel Macron a répondu aux journalistes que "le déplacement était un signal en soi", sans mentionner Donald Trump.
Ce déplacement donnera également l'opportunité, selon ce conseiller, de discuter de la manière de donner "une nouvelle dimension" au partenariat entre le Groenland et l'Union européenne.
"Le Groenland est un territoire européen et de toute évidence c'est un territoire convoité", a déclaré dimanche le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, au Grand Jury RTL-Public Sénat-Le Figaro-M6.
"On peut s'agiter sur des plateaux de télévision en donnant des leçons aux uns ou aux autres, ou alors on peut agir, se rendre sur place, renforcer les coopérations, répondre aux enjeux de sécurité de développement économique", a-t-il ajouté. "Le Groenland est un territoire européen et donc il est tout à fait naturel que l'Europe, et en particulier la France, l'investissent."
La Première ministre danoise a effectué plusieurs visites à Paris après les menaces de Donald Trump et a passé des commandes de missiles sol-air de fabrication française.
Pour Florian Vidal du groupe de réflexion l'Institut français des relations internationales (l'IFRI), enrôler la seule puissance nucléaire de l'UE est une façon pour le Danemark, depuis longtemps l'un des alliés les plus fidèles de Washington en Europe, de projeter une forme de puissance envers des Etats-Unis devenus soudainement plus agressifs.
"La posture plus agressive de l'administration Trump est un choc qui rend la vision française d'une Europe plus autonome plus raisonnable pour le Danemark", a-t-il déclaré.
"D'un point de vue nordique, la France est une puissance militaire qui compte", a-t-il ajouté.
(Rédigé par Gilles Guillaume et Claude Chendjou, avec la contribution de Michel Rose et Dominique Vidalon à Paris, Andreas Rinke à Berlin et Stine Jacobsen à Copenhague)
4 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer