
Une femme passe devant une pancarte de la National Gallery of Art à Washington, annonçant que le musée est fermé en raison du blocage budgétaire en cours au Congrès, le 6 octobre 2025 ( AFP / Brendan Smialowski )
Le blocage budgétaire aux Etats-Unis est entré lundi dans sa deuxième semaine avec toujours aucune issue en vue, et alors que la Maison Blanche a menacé de nouveau de licencier des fonctionnaires si l'opposition démocrate ne cédait pas.
Chaque camp s'arcboute sur ses positions et se rejette la faute depuis que les Etats-Unis sont entrés mercredi en situation de "shutdown", avec à la clé du chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires.
Si Donald Trump avait affirmé dimanche que les licenciements purs et simples de fonctionnaires avaient commencé conformément à ses menaces, la porte-parole de la Maison Blanche a affirmé lundi que le président américain faisait en réalité référence au chômage technique. "Mais hélas, si ce +shutdown+ continue, des licenciements en seront une conséquence malheureuse", a-t-elle prévenu.
- "Inconcevable" -
Les fonctionnaires fédéraux se trouvent au premier rang des personnes les plus touchées par le blocage. Même s'ils échappent au licenciement, leur paie est différée jusqu'à ce qu'un budget soit adopté au Congrès, qu'ils soient au chômage technique ou non.
Un manque à gagner conséquent pour ces plus de deux millions de fonctionnaires si la situation venait à durer.
Pour sortir de la crise, les républicains proposent une extension du budget actuel jusque fin novembre, tandis que les démocrates insistent pour obtenir la prolongation de certains programmes d'assurance santé pour les plus démunis.

Le président américain Donald Trump parle à la presse à son arrivée à la Maison Blanche à Washington, le 5 octobre 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )
"Il est bien possible que ce +shutdown+ se prolonge pendant des semaines, et pas seulement quelques jours", estime Andrew Koneschusky, ancien conseiller du ténor démocrate Chuck Schumer.
"Les deux bords campent sur leurs positions" et "aucun ne semble prêt à céder", explique-t-il à l'AFP.
Mais pour Michael Strain, économiste au centre de réflexion conservateur American Enterprise Institute, il est "inconcevable" que le blocage dure plusieurs mois.
Il cite notamment l'absence de solde pour les militaires -- dans un pays où ceux-ci ont une place particulière dans l'esprit du grand public -- comme un élément majeur de la pression politique que subiront les élus pour sortir de la crise.
Outre l'impact sur les fonctionnaires, les Américains qui comptent prendre l'avion prochainement pourraient subir des perturbations en raison d'un manque d'agents de sécurité des transports ou de contrôleurs aériens, entraînant retards et annulations.
- "Souffrance maximale" -
A son sixième jour lundi, le "shutdown" en cours est encore loin du record. Entre décembre 2018 et janvier 2019, déjà sous Donald Trump, le précédent blocage avait duré 35 jours.
Cependant, le président républicain, qui a gelé ces derniers jours des projets d'infrastructures dans des Etats démocrates, applique aujourd'hui une stratégie de "souffrance maximale" envers l'opposition, selon les termes de certains observateurs.
L'intransigeance du président républicain constitue une raison majeure de croire que le record de durée puisse tomber, explique James Druckman, professeur de sciences politiques à l'université de Rochester.
"L'administration Trump considère qu'elle dispose d'un mandat sans contrôle, et par conséquent ne se prête généralement pas au compromis", souligne-t-il auprès de l'AFP.

Le dôme du Capitole de Washington, siège du Congrès américain, le 3 octobre 2025 ( AFP / Alex WROBLEWSKI )
De leur côté, "les démocrates ont été critiqués pour ne pas s'être battus de manière suffisamment forte" contre Donald Trump, rappelle le professeur.
En mars dix sénateurs démocrates avaient voté à contrecoeur pour un texte républicain afin d'éviter la paralysie fédérale. Leur choix avait provoqué la colère de nombreux militants et sympathisants démocrates, qui les accusaient de plier face au président.
En définitive, ce "compromis n'a produit aucun effet positif pour les démocrates", analyse James Druckman. Alors cette fois-ci, "ils sont plus enclins à tenir bon".
Malgré tout, les républicains espèrent bien faire céder suffisamment de sénateurs démocrates pour atteindre le seuil de 60 voix, synonyme de fin du blocage. Vendredi, leur texte n'en avait récolté que 54, dont trois de l'opposition.
Un nouveau vote est prévu lundi en début de soirée, sans qu'une percée ne soit attendue pour autant.
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