
Le président de la République Emmanuel Macron à Paris le 9 octobre 2025 ( POOL / Thomas SAMSON )
Reconduction de Sébastien Lecornu ou nomination d'un nouveau locataire à Matignon ? Emmanuel Macron doit mettre fin vendredi à cinq jours de suspense et tenter une nouvelle fois de désamorcer une crise politique qui ne cesse de s'aggraver.
Le président de la République a convié dans la nuit les chefs de parti et chefs de groupe à l'Assemblée nationale à 14H30 à l'Élysée, sauf le Rassemblement national et La France insoumise, selon des sources concordantes.
Il a promis de nommer un Premier ministre d'ici "vendredi soir" après la démission fracassante lundi de Sébastien Lecornu, ponctuée par deux jours de négociations supplémentaires pour tenter d'arracher, en l'absence de toute majorité à l'Assemblée, un accord de non-censure du futur gouvernement.
Le temps presse. Si le dépôt du projet de budget pour 2026 n'est pas déposé lundi, ce dernier risquerait de ne pas pouvoir être adopté avant le 31 décembre.
Rien n'a filtré sur l'heure et les modalités d'une annonce présidentielle.
Une prochaine prise de parole du chef de l'État est évoquée par son entourage. Il ne s'est pas exprimé sur la situation intérieure depuis la dernière déflagration politique.
A quelques heures d'une nomination, un scénario revenait en force, la reconduction de Sébastien Lecornu.
A ce stade le plus éphémère Premier ministre de la Ve République, il assure ne pas "courir après le job".
Et Agnès Pannier-Runacher, ministre macroniste démissionnaire de l'Écologie, a vivement rejeté cette hypothèse vendredi. "Je ne comprendrais pas qu'il y ait une renomination d'un Premier ministre macroniste", a-t-elle prévenu. "Il faut partager le pouvoir", a également commenté le chef du parti présidentiel Renaissance Gabriel Attal sur France 2.
- "Fable" -
Plusieurs responsables politiques prêtent toutefois à Emmanuel Macron la tentation de reconduire Sébastien Lecornu, au risque d'ulcérer les oppositions et d'accélérer la censure de la nouvelle équipe.

L'ancien ministre Jean-Louis Borloo prononce un discours à Aussonne, en Haute-Garonne, le 9 octobre 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
Une série d'acteurs soutiennent en revanche publiquement ou en coulisse la piste de Jean-Louis Borloo, ministre sous Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy avec qui il avait notamment organisé le Grenelle de l'Environnement.
Mais ce dernier a assuré jeudi depuis Toulouse ne pas avoir eu de contact avec l'Élysée.
Au bal des paris, d'autres noms continuaient aussi à être cités, de l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve au premier président de la Cour des comptes, Pierre Moscovici, lui aussi issu du PS.
Avec un double défi pour le chef de l'État: repousser le plus tard possible la menace d'une censure et a fortiori d'une dissolution.
En revanche, le scénario d'un Premier ministre de gauche semble s'éloigner, malgré l'appel à nouveau jeudi soir des chefs de parti socialiste, communiste et écologiste, à "entendre le pays". "La fable d'un Premier ministre de gauche n'a aucune réalité aujourd'hui", a moqué vendredi Manuel Bompard (LFI).
- Projet de budget prêt -
En attendant, l'urgence est de déposer un projet de budget lundi pour que le Parlement dispose bien de 70 jours pour l'examiner, comme le prévoit la Constitution.
Mais, a précisé Pierre Moscovici sur RMC-BFMTV, ce projet devra bien être celui qui a été envoyé le 2 octobre au Haut conseil des finances publiques qui l'a "déjà examiné" et a préparé son avis. Il s'agit donc du texte qui a été le détonateur de la crise actuelle avec le vote de défiance de l'Assemblée nationale qui a provoqué la chute de François Bayrou le 8 septembre.
"Qui peut imaginer qu'en 48 heures, on peut tout refaire ?", a interrogé Pierre Moscovici.
Ce projet de budget "ne sera pas parfait", avait reconnu le Premier ministre démissionnaire mercredi à l'issue de ses multiples rencontres avec les partis, et devra être débattu.
La France aura-t-elle un gouvernement dès vendredi ou à défaut ce weekend? Les principaux ministres en place seront-ils reconduits ? Remplacés par des ministres techniques ?

Le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu à Paris, le 7 octobre 2025 ( POOL / Ludovic MARIN )
Le Premier ministre démissionnaire souhaite que la future équipe gouvernementale soit "complètement déconnectée des ambitions présidentielles pour 2027", des ambitions qu'il n'a lui-même jamais manifestées.
Cela exclurait en revanche le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, qui a précipité dimanche la chute du gouvernement Lecornu tout juste nommé.
Le président des Républicains a conditionné son retour au gouvernement à la nomination d'un Premier ministre "ni de gauche, ni macroniste".
Emmanuel Macron est aussi très attendu sur une éventuelle suspension de la très controversée réforme des retraites de 2023, préalable posé par les socialistes pour un accord de non-censure.
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