
Emmanuel Macron devant l'Assemblée générale des Nations unies, à New York, le 22 septembre 2025 ( AFP / Ludovic MARIN )
Emmanuel Macron a reconnu lundi "l'Etat de Palestine" au nom de la France, depuis la tribune de l'ONU, tentant de renforcer la pression sur Israël en faveur de "la paix", dans le cadre d'un mouvement historique mais à la portée encore avant tout symbolique.
"La France reconnaît aujourd'hui l'Etat de Palestine", "pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien", a déclaré solennellement sous les applaudissements le président français, à l'ouverture de la grand-messe annuelle des Nations unies à New York, qui sera dominée par la guerre à Gaza.
"Le temps est venu d'arrêter la guerre, les bombardements à Gaza, les massacres et les populations en fuite. (...) Le temps de la paix est venu, car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir", a-t-il martelé.
Il a toutefois indiqué que l'établissement d'une ambassade de France dans un futur Etat palestinien serait conditionné à la libération des otages détenus à Gaza.
Comme Israël, qui dénonce cette décision déjà formalisée dimanche par le Royaume-Uni, le Canada, l'Australie et le Portugal, les Etats-Unis ont fustigé la reconnaissance.
Principal allié du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, Donald Trump "pense que c'est une récompense pour le Hamas" de reconnaître l'Etat de Palestine, selon sa porte-parole Karoline Leavitt.

Nombre de pays membres des Nations unies reconnaissant l'Etat de Palestine, par continent, au 22 septembre 2025 à 9h GMT ( AFP / Omar KAMAL )
Emmanuel Macron est à l'initiative d'un sommet, coprésidé avec l'Arabie saoudite, sur l'avenir de la solution à deux Etats, après des mois d'intense travail diplomatique pour rallier un maximum de pays et tenter de forger un plan de paix.
Il a permis l'adoption, à l'écrasante majorité de l'Assemblée générale de l'ONU, d'un texte soutenant un futur Etat palestinien mais excluant sans équivoque le mouvement islamiste Hamas. Une condition exigée par de nombreux pays occidentaux.
Le président palestinien Mahmoud Abbas, privé de visa par les Etats-Unis et s'exprimant par vidéo, a d'ailleurs insisté sur cet engagement.
- "Aucun rôle" pour le Hamas -
"Le Hamas n'aura aucun rôle dans le gouvernement, le Hamas et d'autres factions doivent rendre leurs armes à l'Autorité palestinienne", a-t-il promis.
Il a également condamné "les meurtres et la détention de civils, y compris les actes du Hamas le 7 octobre 2023", alors qu'Israël accuse depuis près de deux ans les responsables palestiniens de ne pas les dénoncer.
Désormais, au moins 146 pays sur 193 Etats membres de l'ONU ont franchi le pas, selon le décompte de l'AFP. Cela ne change pas le statut d'observateur des Palestiniens à l'ONU, dont l'adhésion pleine et entière est bloquée par les Etats-Unis.

Un camp de réfugiés à Gaza le 21 septembre 2025 ( AFP / Eyad BABA )
D'autres pays devraient rejoindre le mouvement lundi, Andorre, Belgique, Luxembourg, Malte, Monaco, Saint-Marin, selon Emmanuel Macron.
Et le chef de la diplomatie saoudienne, Fayçal ben Farhane, a appelé à la tribune tous les autres à prendre une "mesure historique similaire".
L'Allemagne de son côté ne l'envisage pas à court terme. Une reconnaissance "se situe plutôt en fin de processus, lequel "doit commencer dès maintenant", a déclaré son ministre des Affaires étrangères, Johann Wadephul.
L'Italie est sur cette même position malgré des manifestations lundi à travers la péninsule pour "dénoncer le génocide à Gaza".
En France, la reconnaissance a été saluée par près d'une centaine de villes dirigées par la gauche qui ont hissé le drapeau palestinien au fronton de leur mairie.
- "Effacement" des Palestiniens -
Certains diplomates craignent des représailles israéliennes.
Benjamin Netanyahu a répété dimanche qu'il n'y aurait pas d'Etat palestinien et menacé d'étendre la colonisation en Cisjordanie, tandis que deux ministres israéliens d'extrême droite, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, appelaient à l'annexion de ce territoire palestinien occupé.
"Nous ne devons pas nous sentir intimidés par le risque de représailles", a insisté le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres dans un entretien à l'AFP vendredi, en référence à la guerre à Gaza et à "l'annexion insidieuse de la Cisjordanie".
Dans ce contexte, le discours du Premier ministre israélien vendredi à l'Assemblée générale de l'ONU est très attendu, tout comme celui de Donald Trump mardi.
Pour Max Rodenbeck, de l'International Crisis Group, tout effort pour soutenir les droits des Palestiniens est "bienvenu", mais sans "mesures concrètes", ces reconnaissances risquent de "distraire de la réalité, qui est l'effacement accéléré de la vie des Palestiniens sur leur terre natale".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu remet une lettre au président américain Donald Trump lors de leur rencontre à la Maison Blanche à Washington, DC, le 7 juillet 2025 ( AFP / ANDREW CABALLERO-REYNOLDS )
L'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël par le Hamas a entraîné la mort de 1.219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon des données officielles.
Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, les représailles israéliennes ont coûté la vie à 65.344 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
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