Le pape Léon XIV arrive à l'aéroport international Esenboga d'Ankara le 27 novembre 2025 ( AFP / OZAN KOSE )
Le pape Léon XIV a entamé jeudi sa visite de quatre jours en Turquie qu'il a appelée à jouer un rôle de "stabilisateur" dans un contexte mondial "fortement conflictuel".
Arrivé à la mi-journée à Ankara, première étape de ce voyage qui le mènera ensuite au Liban, le pape a été accueilli au palais présidentiel par le président Recep Tayyip Erdogan au son des hymnes du Vatican et de la République turque, rythmés de coups de canon.
"Puisse la Turquie être un facteur de stabilité et de rapprochement entre les peuples, au service d'une paix juste et durable", a déclaré le souverain pontife devant son hôte, en rappelant que par sa position géographique, "ce pays constitue un pont entre l'Orient et l'Occident, entre l'Asie et l'Europe et un carrefour de cultures et de religions".
Soutien de l'Ukraine tout en maintenant ses liens avec la Russie, Ankara s'implique avec l'Europe dans les négociations en cours, menées par les Etats-Unis, pour parvenir à un accord de paix entre les deux pays.
Célébrant par ailleurs, dans un discours empreint de retenue - à l'image de ses six premiers mois de pontificat - un pays "carrefour de sensibilités", dont les chrétiens représentent à peine 0,1% des 86 millions d'habitants, le pape a également prévenu que son "homogénéisation représenterait un appauvrissement".
"La Turquie, où 99% des citoyens sont musulmans, encourage le respect de toutes les confessions, y compris les communautés chrétiennes", a assuré le président Erdogan.
"Nous ne permettons à aucun d'entre nous d'être victime de discrimination", a-t-il insisté devant son hôte, affirmant ne pas voir "les différences culturelles, religieuses et ethniques comme une source de division mais d'enrichissement".
Le président turc a en outre salué la position du pape sur "la cause palestinienne", appelant à la "justice" pour le peuple palestinien et à la mise en œuvre "dès que possible" d'une solution à deux Etats.
- "un beau message pour le monde" -
Le pape Léon XIV reçu par le président turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, le 27 novembre 2025 ( TURKISH PRESIDENTIAL PRESS SERVICE / Handout )
Dans l'avion qui le menait de Rome à Ankara, le premier pape américain de l'Histoire a confié aux 80 journalistes qui l'accompagnent pour ce premier voyage à l'étranger, son impatience pour ce périple qu'aurait dû effectuer son prédécesseur François, décédé en mai.
"J'ai beaucoup attendu ce voyage en raison de ce qu'il signifie pour les chrétiens mais c'est aussi un beau message pour le monde entier", a-t-il dit.
Accueilli à l'aéroport par le ministre turc de la Culture, Mehmet Nuri Ersoy, Léon XIV a traversé une capitale verrouillée par les forces de sécurité jusqu'au mausolée de Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la Turquie moderne.
Malgré la montée du nationalisme religieux dans le pays et la politisation de symboles comme l'ex-basilique Sainte-Sophie d'Istanbul, reconvertie en mosquée en 2020, le Vatican cherche à maintenir un dialogue avec Ankara, considéré comme un acteur clé pour la paix dans la région.
Le Saint-Siège reconnaît aussi l'effort consenti par la Turquie pour accueillir sur son sol plus de 2,5 millions de réfugiés, en grande majorité syriens.
Le pape Léon XIV pose avec les autorités turques devant le mausolée d'Atatürk à Ankara, le 27 novembre 2025 ( AFP / Andreas SOLARO )
Le chef des 1,4 milliard de catholiques s'est inscrit dans les pas de son prédécesseur François en critiquant récemment le traitement "extrêmement irrespectueux" des migrants par l'administration américaine de Donald Trump.
- Concile de Nicée -
Après cette journée à la tonalité politique, la visite embrassera vendredi un aspect plus religieux: la célébration à Iznik, ancienne Nicée, des 1.700 ans du premier concile œcuménique qui avait réuni en l'an 325 quelque 300 évêques de l'Empire romain, un moment considéré comme fondateur pour le christianisme.
Invité par le patriarche de Constantinople, Bartholomée Ier, figure majeure et interlocuteur privilégié du Vatican chez des orthodoxes divisés, Léon prendra part sur les rives du lac d'Iznik à une prière œcuménique à laquelle devait initialement participer le pape François, décédé en avril.
Après Paul VI (1967), Jean-Paul II (1979), Benoît XVI (2006) et François (2014), Léon est le cinquième pape à se rendre en Turquie.
De dimanche à mardi, il poursuivra son voyage avec une visite au Liban, rongé par une crise économique et politique dévastatrice depuis 2019 et régulièrement bombardé par Israël ces derniers jours, malgré un cessez-le-feu.

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