
( AFP / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT )
La filiale gérant la papeterie de la Banque de France, EuropaFi, a assigné son Comité social et économique (CSE) en justice pour contester le lancement d'une expertise après le suicide d'un salarié, le troisième en dix-huit mois au sein de la Banque de France.
La CGT, premier syndicat de la banque, dénonce mardi dans un communiqué "la dimension pathogène de la gestion du personnel" au sein de la direction générale des moyens de paiement, dont dépend EuropaFi.
La Banque de France appelle de son côté "à l'indispensable respect des personnes et des faits, lesquels obligent l'ensemble des parties à la plus élémentaire retenue", dans une déclaration transmise à l'AFP.
"Instrumentaliser ce drame, comme semble en être tentée une seule organisation syndicale, ne serait pas digne", précise également la banque.
L'agent s'est donné la mort le 18 novembre dernier à son domicile. Il travaillait à la papeterie située à Vic-Le-Comte, dans le Puy-de-Dôme.
EuropaFi réfute le risque grave qui pèse sur ses salariés et l'augmentation des risques psycho-sociaux au sein de l'entreprise, raison invoquée par le CSE le 19 décembre dernier pour lancer une expertise externe menée par le cabinet Technologia.
Une audience s'est tenue le 28 janvier au tribunal judiciaire de Clermont-Ferrand. Un délibéré est attendu le 18 février.
La Banque de France avait fin novembre "accepté" une enquête paritaire entre représentants du personnel et direction afin de déterminer l'existence ou non de facteurs professionnels dans cet acte. Son périmètre est cependant plus restreint que l'expertise demandée par le CSE.
Le salarié, récemment séparé de sa compagne dont il avait été le responsable hiérarchique à la papeterie de la Banque de France, évoluait dans un climat social délétère, selon certains de ses collègues.
Il "écrivait dans ses dernières évaluations +crouler sous le travail+, connaître +une mauvaise ambiance de service+ et +avoir le sentiment de faire trois métiers+", avance la CGT, majoritaire à EuropaFi.
La Banque de France multiplie les rapports d'expertise à la suite de deux suicides de salariés en juin 2023.
Pour un des deux cas, des auditions de salariés du site de La Courneuve ont eu lieu en lien avec une enquête préliminaire pour harcèlement moral dans le cadre du travail, indiquait fin décembre dernier le parquet de Bobigny à l'AFP.
Les syndicats dénoncent régulièrement les conséquences des coupes d'effectifs dans la période récente, notamment dans la filière fiduciaire.
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