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L'entreprise française, fer de lance du plan de relance du gouvernement
information fournie par TRIBUNE LIBRE 11/06/2020 à 17:15

(Crédits photo : Adobe Stock)

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Tribune Libre. Par Ariane Hayate et François Breton, Gérants Actions européennes chez Edmond de Rothschild


Face à l'ampleur de la crise sanitaire actuelle, le futur plan de relance porté par le Président Macron devrait lui permettre de poursuivre et d'amplifier la politique de l'offre favorable aux entreprises françaises qui a été initiée depuis le début de son quinquennat.

Les entreprises françaises constituent la courroie de transmission du plan de relance vers l'économie réelle et doivent se montrer exemplaires dans leurs pratiques financières et ESG  afin que les mesures favorables dont elles bénéficient soient économiquement efficaces et socialement acceptables.

Au-delà des effets du plan de relance, les entreprises françaises semblent, selon nous, pouvoir le mieux tirer leur épingle du jeu au sein de l'Europe : elles sont en effet mieux diversifiées d'un point de vue sectoriel et moins dépendantes des soubresauts de l'économie mondiale que leurs consœurs allemandes, et moins sujettes au risque souverain que leurs consœurs d'Europe du Sud. Si la France est déjà devenue une zone privilégiée en Europe pour les investissements industriels de la part des entreprises étrangères, les investisseurs actions devraient suivre leur pas.

Même si beaucoup d'incertitudes persistent sur la trajectoire de la reprise économique en France, sa dynamique et sa qualité dépendront avant tout de la politique économique menée par le gouvernement, au-delà de la date de fin du confinement et de ses modalités.

Lors de ses récentes déclarations, le Président Macron s'est montré très volontariste pour mettre en place toutes les mesures nécessaires pour soutenir l'activité économique. Le contexte actuel l'invite certainement à mettre de côté les nouveaux projets de réformes structurelles (retraites, chômage) et il est bien conscient qu'il sera jugé sur sa gestion de la crise et sur la dynamique de l'économie française d'ici la fin de son quinquennat.

Si les premières initiatives du gouvernement ont pour principal objectif d'assurer la continuité de l'activité des entreprises et de préserver leur trésorerie grâce à différents mécanismes de soutien (recours au chômage partiel, prêts garantis par l'état), on peut s'attendre à une deuxième salve de mesures plus offensives visant à relancer l'activité économique.

Le plan de relance du gouvernement s'efforcera certainement d'établir un bon équilibre entre une politique de la demande visant notamment à stimuler la consommation des ménages et une politique de l'offre ayant pour objectif de renforcer la compétitivité des entreprises. Même si ces deux politiques économiques ne sont pas exclusives, la politique de l'offre semble dans le contexte actuel plus que jamais décisive pour juguler les effets de la crise économique. En effet, stimuler la demande des particuliers est une condition nécessaire mais loin d'être suffisante pour une reprise pérenne pour trois raisons : d'une part, l'épargne de précaution restera sans doute élevée au-delà des effets de rattrapage à court terme. En outre, dans une économie ouverte, il est toujours difficile de flécher la consommation des ménages vers des produits ou services français. Enfin, la capacité à consommer dépend avant tout du niveau de chômage qui renvoie à la capacité d'embauche des entreprises, et donc in fine à la politique de l'offre.

Les conditions semblent donc réunies pour que le gouvernement renoue avec une politique de l'offre ambitieuse et volontariste, à condition d'être extrêmement vigilant sur l'acceptation sociale des mesures favorables aux entreprises. Tout l'enjeu du gouvernement est de faire adhérer la population à sa politique de soutien des entreprises, afin de ne pas ranimer des mouvements de population tels que les « Gilets Jaunes ». Le gouvernement devra donc faire preuve de pédagogie, insister notamment sur le fait que, contrairement à la crise de 2007-2008, la situation actuelle provient d'un choc exogène et que le gouvernement a mis en œuvre un maximum de mesures sociales, notamment à travers le chômage partiel. Le confinement et ses conséquences ont aussi été l'occasion pour beaucoup de Français de mesurer l'enjeu crucial des entreprises pour l'économie.

Trois facteurs clés du succès

Afin que la politique de l'offre du gouvernement soit économiquement efficace et socialement acceptable, trois facteurs clés de succès doivent être réunis :

1. Combiner la politique de l'offre à la politique de la demande : le gouvernement devra s'efforcer d'initier ou de renforcer des mesures qui bénéficient à la fois aux ménages et aux entreprises par effet d'entraînement. Par exemple, les secteurs de l'automobile et de la construction se situent bien à la confluence entre offre et demande : toute mesure incitative pour l'achat d'un véhicule électrique ou pour des travaux de rénovation visant à améliorer l'efficacité énergétique d'une maison profitent directement aux ménages et indirectement aux entreprises de ces deux secteurs respectifs.

2. Favoriser les entreprises qui cumulent à la fois empreinte domestique élevée et contribution nette positive aux exportations françaises : les mesures du plan de relance du gouvernement devront être ciblées vers des entreprises et des secteurs qui sont pourvoyeurs d'emplois domestiques tout en contribuant favorablement aux exportations françaises. Le clivage habituel entre grandes et petites entreprises doit ici être dépassé, la plupart des groupes tels qu'Airbus animant un écosystème de sous-traitants localisés sur le territoire français. Au-delà de son effet d'entraînement sur l'économie française, l'empreinte domestique du plan de relance s'inscrit plus généralement dans la tendance déjà amorcée de « re-fragmentation » de l'économie mondiale qui passera par la relocalisation des chaînes de production sur le territoire national, le développement des circuits courts de distribution et l'émergence de champions français et/ou européens qui pourront naître des opportunités de consolidation et de reconfigurations sectorielles post crise. Au sein du secteur de la santé, l'initiative de Sanofi de relocalisation de la production des principes actifs de ses médicaments en Europe est particulièrement éclairante pour illustrer ces phénomènes.

3. Renforcer la compétitivité des entreprises et être en phase avec les thématiques d'avenir portées par le gouvernement : même si l'objectif du gouvernement est de relancer la croissance à court terme des secteurs les plus cycliques (automobile, construction, tourisme), la pérennité de la reprise dépend aussi de mesures plus structurelles visant d'une part à renforcer la compétitivité des entreprises (par exemple un geste sur les impôts de production), et d'autre part à encourager l'investissement (dispositifs incitatifs), ce qui permettrait in fine de rehausser la croissance potentielle de l'économie française (enjeu d'autant plus crucial face à la hausse de l'endettement public). Afin d'inscrire l'action politique sur le long terme et de faire adhérer les citoyens les plus récalcitrants aux mesures de relance favorables aux entreprises, le plan de relance sera l'occasion pour le Président Macron de mobiliser l'opinion publique en réitérant ses convictions personnelles pour des thématiques d'avenir à fort potentiel telles que la « transition énergétique », « la souveraineté et l'indépendance » (semiconducteurs), « les sciences & la recherche » (éducation, santé, pharmacie…) Les entreprises technologiques ont un rôle de « facilitateur » clé à jouer pour accompagner la digitalisation des entreprises françaises, au premier rang desquelles les TPE/PME. L'effort d'investissement des entreprises au cours des dernières années devient un élément de différenciation clé. Celles qui ont déjà commencé à automatiser leurs usines ou à développer leur site de e-commerce résistent d'ores et déjà bien mieux face à la crise, et profiteront d'autant plus de la reprise économique.

Dans un contexte où les règles de la globalisation seront sûrement remises en question, où les aspects politiques identitaires risquent de faire leur retour, et où les consommateurs auront probablement changé leur mode de consommation, la France, à la confluence tant géographique que politique de l'Europe, représente un vecteur privilégié à considérer pour redonner sens et perspectives à nos investissements. Suite aux Accords de Paris, nul doute qu'elle souhaite conserver son leadership en matière d'investissement responsable en Europe, avec des vues de guide à l'échelle du monde, pour promouvoir les valeurs de demain.

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