L'économie allemande devrait faire du surplace en 2025, après deux ans de récession, encaissant un nouveau choc à cause de la guerre commerciale lancée par Donald Trump, selon les principaux instituts de conjoncture qui mettent en garde le futur gouvernement de Friedrich Merz.

( AFP / AXEL HEIMKEN )
Les experts économiques du pays, dans leurs prévisions actualisées jeudi, tablent désormais sur une faible hausse de 0,1% du Produit Intérieur Brut (PIB) en 2025, contre 0,8% à l'automne, tout en maintenant leur prévision de croissance de 1,3% pour l'an prochain.
"À court terme, la nouvelle politique douanière américaine et l'incertitude économique pèsent sur l'économie allemande" qui va continuer de faire du "surplace", indiquent-ils dans leur analyse.
La relance de la première économie européenne sera l'un des principaux défis de la nouvelle coalition gouvernementale entre conservateurs et sociaux-démocrates, dirigée par Friedrich Merz, qui entrera en fonction début mai.
Mais des critiques pointent déjà le manque d'ambition économique du futur gouvernement, après la présentation mercredi de son programme.
- Industrie "massivement affaiblie" -
Aux prises avec une sévère crise industrielle qui lui a déjà valu deux années consécutives de récession, l'Allemagne va encaisser un nouveau choc majeur avec la politique protectionniste des Etats-Unis, son premier partenaire commercial.
Selon les instituts, rien que les droits de douane américains sur les importations d'aluminium, d'acier et d'automobile devraient peser de 0,1 point de pourcentage sur la croissance allemande en 2025.
Quant aux droits de douane réciproques, annoncés le 2 avril par Donald Trump, ils "pourraient doubler ces effets négatifs".
Même si le président américain a annoncé une pause de 90 jours sur une partie des droits de douane réciproques, la première économie européenne demeure en sursis.
La politique américaine "comporte des risques considérables pour le développement économique futur de l'Allemagne", a commenté jeudi le ministère allemand de l'Economie et du Climat.
Ce dernier, qui tablait en janvier sur une hausse du PIB de 0,3% cette année, actualisera ses prévisions le 24 avril. La France a annoncé mercredi une révision en baisse de sa prévision de croissance 2025, ramenée à 0,7%.
Outre les bouleversements outre-Atlantique, l'industrie allemande demeure "massivement affaiblie" par la montée en puissance de la Chine, moins cliente des exportations allemandes et rude concurrente sur de nombreux secteurs, comme l'automobile, a déclaré à la presse Timo Wollmershäuser, économiste à l'IFO.
Jeudi, les instituts se sont également montrés mitigés sur l'impact économique du plan géant d'investissements allemand dans la défense et les infrastructures, adopté sous l'impulsion du futur chancelier conservateur Friedrich Merz.
Selon eux, l'utilisation de ces centaines de milliards d'euros supplémentaires demeurent “incertaine”.
Les chercheurs reconnaissent à ce plan d’endettement “un effet expansif progressif” pour la croissance allemande, lui imputant un gain de 0,5 point de pourcentage du PIB en 2026. Mais ils craignent aussi qu'ils “ne détournent la consommation et les investissements privés”.
Les instituts pointent d’autres freins persistants pour l'économie allemande, comme la pénurie de main d’œuvre et le financement du système de cotisations salariales.
Ces problèmes structurels "ne peuvent pas être résolus par une simple augmentation des dépenses publiques et rendent d'autant plus urgentes les réformes", insistent-ils.
- Manque d'ambition -
Conservateurs et sociaux-démocrates misent sur un cocktail de baisses d’impôts, de réduction de la bureaucratie et d'aides ciblées pour redresser l’économie allemande et sa puissante industrie en crise.
La CDU/CSU et le SPD veulent entre autre baisser le prix de l'énergie et l'impôt sur les sociétés, et soutenir la demande de voitures électriques par des aides ciblées.
"Ce n'est malheureusement pas un programme de croissance", a balayé la présidente du groupe d'experts économiques conseillant le gouvernement allemand, Monika Schnitzer dans une interview au journaux du groupe Funke.
Selon elle, les baisses d'impôts demeurent trop modestes et l'absence de réforme des retraites "augmentera les coûts du travail des entreprises et pénalisera fortement les jeunes générations".
Pour Marcel Fratzscher, président de l’institut berlinois DIW, il s'agit d'"un compromis qui maintient en grande partie le statu quo et aborde de manière insuffisante les questions centrales pour l'avenir" de l'économie allemande.
"Le plan promet beaucoup de subventions", notamment aux agriculteurs ou aux retraités, "mais n'identifie que de modestes économies", critique Holger Schmieding de la banque Berenberg.
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