
Un pompier dans le département de l'Aude près de Ribaute et de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans l'Aude, le 7 août 2025 ( Sécurité civile / Handout )
Les soldats du feu veulent "taper vite et fort" jeudi, une journée "décisive de bascule" pour venir à bout de l'incendie d'une ampleur inédite, qui ravage l'Aude depuis près de 48 heures.
En parcourant 17.000 hectares, le feu de forêt est d'ores et déjà le pire incendie depuis au moins 50 ans sur le pourtour méditerranéen français, selon une base de données gouvernementale répertoriant les feux de forêt depuis 1973.
"L’objectif est de pouvoir fixer" le feu d'ici la fin de journée, a indiqué à l'AFP le colonel Christophe Magny, chef des pompiers de l'Aude, à la tête des opérations.
En début d'après-midi, l'incendie n'était "pas encore fixé", mais avait cessé de s'étendre, a déclaré à la presse le préfet de l'Aude, Christian Pouget.
Cependant, "la bataille n'est pas encore terminée, le feu peut repartir de manière plus importante", a-t-il ajouté, précisant que quelque 2.000 personnes évacuées n'avaient pas encore pu regagner leur domicile.
Jeudi matin, 2.000 foyers étaient encore privés d'électricité, a fait savoir Enedis à l'AFP, indiquant que "la priorité immédiate (...) est d'assurer la continuité des services essentiels", comme l'accès à l'eau ou aux réseaux de télécommunications.

Carte du sud de la France montrant l'important feu de forêt qui s'est déclaré mardi 5 août dans l'Aude ainsi que les feux actifs au cours des dernières 24h au 6 août à 10h GMT, d'après les données satellitaires de Modis et Viirs ( AFP / Guillermo RIVAS PACHECO )
Parti mardi après-midi du village de Ribaute, entre Carcassonne et Narbonne, le sinistre géant a parcouru 17.000 hectares de végétation et de pinède, dont 13.000 brûlés, selon la sécurité civile. Il a aussi détruit ou endommagé 36 habitations et brûlé une quarantaine de véhicules, selon le bilan provisoire de la préfecture.
À Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, une dame de 65 ans qui avait refusé de quitter sa maison a été retrouvée morte mercredi à son domicile dévasté par les flammes. La préfecture a également décompté 13 blessés: deux habitants hospitalisés, dont un grièvement brûlé, et onze sapeurs-pompiers, dont un souffre d'un traumatisme crânien, selon le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.
- "On se relèvera pas" -

Un pompier dans le département de l'Aude près de Ribaute et de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans l'Aude, le 7 août 2025 ( Sécurité civile / Handout )
Dans cette commune, la plus affectée par l'incendie, une épaisse fumée se dégageait jeudi des collines de pins surplombant les vignobles où les herbes sèches s’embrasaient, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le préfet a évalué "de 800 à 900 hectares" les vignobles perdus.
"Si on n'est pas aidés, on ne se relèvera pas. On perd gros. C'est un désespoir complet. Ça m’écœure, cette vigne, toutes ces années de travail, c'est parti en fumée en une heure", confie à l'AFP Fabien Vergnes, 52 ans, dans sa propriété de 20 hectares à Tournissan, à quelques kilomètres de Saint-Laurent.
-Météo "plutôt favorable"-
Les conditions météo jeudi "sont plutôt favorables", selon les pompiers de l'Aude.

Des véhicules de pompiers en action dans un zone boisée à Saint-Laurent-de-Cabrisse (Aude), le 7 juillet 2025 ( AFP / Idriss Bigou-Gilles )
La tramontane, un vent sec et chaud qui renforce le feu, a été supplantée par un vent marin qui "va apporter de l'air plus humide qu'avant, ce qui est moins favorable à la propagation du feu", a déclaré à l'AFP François Gourand, prévisionniste à Météo-France.
"Notre stratégie c'est de taper vite et fort avant que ce vent ne se relève", ont précisé les pompiers à l'AFP.
Le vent qui poussait les flammes vers le littoral méditerranéen a tourné mercredi après-midi, redirigeant le danger vers le massif des Corbières et quinze communes déjà directement ou indirectement impactées par le sinistre.
Le vent et "les températures de 32°C", attendues dans l'après-midi, "nous amènent à rester prudents", tempère le colonel Magny.
- Stratégie militaire de lutte -

Un bombardier Dash participe à la lutte contre un incendie au-dessus de Fontjoncouse dans l'Aude le 6 août 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
Le dispositif aérien de quatre Canadair et trois hélicoptères bombardiers d'eau est mobilisé "toute la journée", pour traiter le feu toujours actif sur divers secteurs, précisent les pompiers du département.
Le Premier ministre François Bayrou a qualifié l'incendie de "catastrophe d'une ampleur inédite" en estimant que l'épisode était "lié au "réchauffement climatique" et "à la sécheresse".
Dans un message de solidarité sur X, le chef de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, a prévenu: "La crise climatique est à nos portes. Si aucune action n'est prise rapidement et collectivement, une catastrophe va arriver, c'est une question de +quand+ et non pas de +si+".
Au troisième jour de combat contre le feu, plus de 2.000 pompiers et 500 engins restent mobilisés jeudi.

Des véhicules des sapeurs-pompiers face à un incendie près de Fraissé-des-Corbières, dans l'Aude, le 6 août 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
L'Union européenne a également annoncé se tenir "prête à mobiliser" des ressources.
Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes du feu, encore inconnues. Le Premier ministre a évoqué un départ de feu en bord de route.
Fin juillet, à la moitié de la saison estivale, la sécurité civile avait comptabilisé plus de 15.000 hectares brûlés sur le territoire national pour 9.000 départs de feu, principalement sur le littoral méditerranéen.
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