
Des manifestants rassemblés pour protester contre une indemnité versée aux députés, à Gotontalo, en Indonésie, le 1er septembre 2025. ( AFP / Dhidot )
Au moins 20 personnes sont portées disparues après les violentes manifestations qui ont secoué l'Indonésie depuis la semaine dernière, a indiqué mardi une organisation locale de défense des droits humains.
"Après les recherches et les vérifications, vingt personnes disparues restent introuvables", a déclaré la Commission pour les personnes disparues et les victimes de violences (KontraS) dans un communiqué.
Les manifestations ont débuté le 25 août pour protester contre une indemnité versée aux députés et ont dégénéré après la mort jeudi à Jakarta d'un chauffeur de moto-taxi écrasé par un fourgon de police. Le bilan à ce jour est de six morts.
Les 20 personnes ont été portées disparues à Bandung, Jakarta et Depok, ville proche de la capitale ainsi que dans un "lieu inconnu", a précisé KontraS.
Contactée par l'AFP, la police nationale n'a pas réagi dans l'immédiat.
Des milliers de personnes ont de nouveau manifesté lundi dans plusieurs villes d'Indonésie et l'armée s'est déployée dans les rues de Jakarta.
Les Nations unies ont réclamé lundi l'ouverture d'enquêtes rapides, approfondies et transparentes sur les six morts et sur "l'usage disproportionné de la force par les forces de l'ordre".
La police a arrêté 1.240 personnes à Jakarta lors des manifestations depuis le 25 août, a déclaré l'inspecteur général de la police métropolitaine de la capitale, Asep Edi Suheri, a rapporté l'agence de presse d'État Antara.
Mardi, le porte-parole de la police de Jakarta, Ade Ary Syam Indradi, a annoncé l'interpellation de Delpedro Marhaen, directeur de l'ONG indonésienne de défense des droits Foundation Lokataru, laquelle a également confirmé l'arrestation.
L'homme est "soupçonné d'avoir provoqué des actes d'anarchie", a déclaré M. Ade dans des propos diffusés par la chaîne Kompas TV.
La police a identifié 38 autres personnes soupçonnées "d'actes d'anarchie", pour avoir notamment lancé des cocktails Molotov en direction de policiers, a ajouté M. Ade.
Dans la région de Java Centre, la police a interpellé plus de 1.700 personnes entre vendredi et lundi, la plupart d'entre elles ayant moins de 18 ans. Parmi elles, 46 ont été identifiées comme suspects, a déclaré Dwi Subagio, responsable de la police.
Meenakshi Ganguly, directrice adjointe de l'ONG Human Rights Watch pour l'Asie, a estimé mardi que, depuis le début des troubles, les forces de sécurité indonésiennes "ont agi de manière irresponsable en traitant les manifestations comme des actes de trahison ou de terrorisme".
Dimanche, le président Prabowo Subianto a tenté de répondre aux revendications des protestataires en annonçant la suppression d'une indemnité qui devait être versée aux députés.
Lundi, Prabowo a stigmatisé les manifestants et souligné que les manifestations devaient se terminer au coucher du soleil.
Le même jour, environ 500 personnes se sont rassemblées devant le Parlement à Jakarta, sous la surveillance de dizaines de soldats et policiers, avant de se disperser dans le calme.
De nouvelles manifestations étaient attendues mardi devant le Parlement, mais, coïncidant avec le déploiement de forces de l'ordre, aucun rassemblement n'a été constaté.
La plateforme de réseaux sociaux TikTok a annoncé mardi avoir levé la suspension de sa fonctionnalité "live" (direct), décision prise trois jours plus tôt.
- Heurts à Bandung -
A Bandung, lundi, des manifestants ont lancé des cocktails Molotov sur un bâtiment du conseil provincial, avant que la police ne tire dans la nuit des gaz lacrymogènes.
Les forces de police ont accusé les manifestants d'avoir tenté de les attirer sur un campus de l'Université islamique locale et de "provoquer un conflit", a déclaré Hendra Rochman, porte-parole de la police de Java occidental, dans un communiqué mardi.
Sur les réseaux sociaux, la police a été accusée d'avoir tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc et d’avoir pris d'assaut le campus.
Ce à quoi M. Hendra a répondu que "les policiers ont maintenu une distance d'environ 200 mètres avec le campus et aucun coup de feu n'a été tiré".
Lors d'une conférence de presse, l'université a nié que ses étudiants aient été à l'origine de troubles.
À Gorontalo (Célèbes), lundi, des affrontements ont opposé des manifestants à la police, qui a riposté à coups de gaz lacrymogènes et de canons à eau. La police y a arrêté 11 personnes pour les interroger, a indiqué mardi le porte-parole de la police locale, Desmont Harjendro.
D'autres manifestations de masse ont eu lieu à Palembang (Sumatra), Banjarmasin (Bornéo), Makassar (Célèbes) et à Yogyakarta (Java).
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