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GB-Le gouvernement joue son va-tout sur les baisses d'impôt et la dette
information fournie par Reuters 23/09/2022 à 15:05

        * 
      Baisses d'impôts en vue pour les ménages et les
entreprises
    

        * 
      Les prévisions d'endettement revues en nette hausse
    

        * 
      Retour à la doctrine libérale thatchérienne
    

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      La chute de la livre sterling s'accélère, craintes sur la
dette
publique
    

  
    par David Milliken et Andy Bruce
       LONDRES, 23 septembre (Reuters) - Le nouveau ministre
des Finances britannique, Kwasi Kwarteng, a présenté vendredi un
programme de soutien à l'économie très largement dominé par les
baisses d'impôt et par un recours massif à l'emprunt, un plan
fraîchement accueilli par les marchés financiers.
    Kwasi Kwarteng a notamment annoncé la suppression du taux
marginal de l'impôt sur le revenu, l'annulation du projet de
relèvement de l'impôt sur les sociétés et le déplafonnement des
bonus des banquiers de la City, des dispositions censées
permettre à l'économie britannique de doubler son taux de
croissance d'ici quelques années. 
    Sur les marchés, la livre sterling, déjà au plus bas depuis
37 ans face au dollar, amplifiait son recul après son discours
tandis que le coût de la dette à cinq ans de l'Etat britannique
affichait sa plus forte hausse depuis 1991.  GBP=  GB5YT=RR 
    Le ministre des Finances a en effet relevé de 72,4 milliards
de livres (82,8 milliards d'euros) sa prévision d'émissions de
dette publique pour l'exercice budgétaire en cours, pour la
porter à 234,1 milliards de livres.
    Le discours de Kwasi Kwarteng marque un net changement de
cap pour la politique économique britannique avec le retour à la
doctrine ultra-libérale dominante pendant les années 1980, sous
les gouvernements de Margaret Thatcher.
    "Notre projet consiste à développer le versant 'offre' de
l'économie par le biais d'incitations et de réformes fiscales",
a dit Kwasi Kwarteng. "C'est comme cela que nous parviendrons à
rivaliser avec les économies dynamiques du monde entier. C'est
comme cela que nous transformerons le cercle vicieux de la
stagnation en cercle vertueux de la croissance."
    60 MILLIARDS DE LIVRES D'AIDES SUR L'ÉNERGIE EN SIX MOIS
    Dans l'immédiat, les mesures promises par le gouvernement
Truss pour alléger les factures d'énergie des ménages et des
entreprises coûteront 60 milliards de livres à l'Etat sur les
six prochains mois, a-t-il précisé. 
    Les baisses d'impôt annoncées vendredi représentent un
manque à gagner de 45 milliards de livres à l'horizon 2026-2027.
Mais le gouvernement estime que l'augmentation d'un point de
pourcentage du taux de croissance qu'il prévoit sur cinq ans -
ce que la plupart des économistes jugent irréaliste -
augmenterait les recettes fiscales d'un montant équivalent.
    La suppression du plafonnement des bonus des banquiers doit
quant à elle s'inscrire dans le cadre d'un paquet de mesures de
"dérégulation ambitieuse" que le gouvernement prévoit de
détailler d'ici la fin de l'année.
    "Nous avons besoin de banques de taille mondiale pour créer
des emplois ici, investir ici et payer des impôts ici, à
Londres, pas à Paris, pas à Francfort et pas à New York", a
déclaré Kwasi Kwarteng au Parlement.
    "Tout ce qu'a fait le plafonnement des bonus, c'est tirer à
la hausse le salaire de base des banquiers ou favoriser la
sortie d'Europe de certaines activités, il n'a jamais plafonné
les rémunérations totales (...) En conséquence (...), nous
allons nous en débarrasser."
    L'opposition travailliste a immédiatement critiqué le
discours de Kwasi Kwarteng en parlant de "pari désespéré".
    "Jamais un gouvernement n'a autant emprunté en s'expliquant
si peu (...) Ce n'est pas ainsi que l'on construit la confiance,
ce n'est pas ainsi que l'on construit la croissance économique",
juge Rachel Reeves, porte-parole du Parti travailliste sur les
questions économiques. 
    LES PLUS FORTES BAISSES D'IMPÔTS DEPUIS 1972
    Selon l'Institute for Fiscal Studies, un cabinet d'études
économiques indépendant, les allègements d'impôts annoncés
vendredi sont les plus importants depuis ceux figurant dans le
budget 1972, qui n'ont pas laissé un bon souvenir aux
Britanniques car ils avaient favorisé une envolée des prix.
    "En 25 ans d'analyse des budgets, celui-ci doit être le plus
dramatique, le plus risqué et le moins solide", a commenté de
son côté Caroline Le Jeune, directrice du cabinet de fiscalistes
Blick Rothenberg. "Truss et son nouveau gouvernement font un
énorme pari."
    Jeudi, après avoir relevé son taux directeur d'un
demi-point, la Banque d'Angleterre (BoE) a estimé que le
plafonnement par le gouvernement de la hausse des prix de
l'énergie devrait limiter l'inflation dans un premier temps mais
que le plan de relance risquait d'alimenter les tensions
inflationnistes à plus long terme. 
    La hausse des prix au Royaume-Uni est actuellement proche de
10%, son plus haut niveau depuis 40 ans. 
    Les marchés financiers jugent de plus en plus probable
l'hypothèse d'une poursuite de la hausse du taux directeur de la
BoE jusqu'à plus de 5% mi-2023.
    Au risque d'inquiéter un peu plus les investisseurs, le
gouvernement a fait le choix, malgré l'ampleur des mesures
présentées vendredi, de ne pas détailler les nouvelles
prévisions de croissance et de déficit budgétaire de l'Office
for Budget Responsibility (OBR), l'organisme public indépendant
de surveillance des finances publiques.
    Kwasi Kwarteng a assuré que l'OBR publierait ses prévisions
complètes avant la fin de l'année. 
    "La responsabilité budgétaire est essentielle pour la
confiance économique et c'est une voie sur laquelle nous sommes
déterminés à rester", a-t-il assuré.
    
 (Avec Kylie MacLellan, Kate Holton, Paul Sandle, Sachin
Ravikumar, Alistair Smout, William James, James Davey, Andrew
MacAskill, Farouq Suleiman, Huw Jones et Elizabeth Piper;
version française Marc Angrand, édité par Kate Entringer)
 

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