
Rassemblement politique du parti Renaissance à Saint-Denis près de Paris
par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) -L'arrivée du député Renaissance Roland Lescure au ministère de l'Economie et de l'ancien locataire de Bercy Bruno Le Maire aux Armées constituent les principales nouveautés du gouvernement de Sébastien Lecornu, dont la composition a été dévoilée dimanche soir.
Emmanuel Moulin, le secrétaire général de l'Elysée, a présenté cette équipe "resserrée" de 18 membres - qui en comptera à terme 25 -, renouvelée à hauteur d'un tiers et déjà menacée de censure par les oppositions qui y voient la poursuite de la politique d'Emmanuel Macron et non la "rupture" promise par le locataire de Matignon.
"C'est un gouvernement de mission, resserré : son premier objectif est de faire adopter un budget pour la France avant la fin de l'année 2025, et de piloter quelques grands chantiers d’intérêts nationaux pour nos concitoyens. Ces ministres devront être des négociateurs et trouver des compromis avec l’ensemble des parlementaires", a commenté l'entourage de Sébastien Lecornu.
Gérald Darmanin conserve le ministère de la Justice, Bruno Retailleau celui de l'Intérieur, Jean-Noël Barrot les Affaires étrangères et l'ancienne Première ministre Elisabeth Borne reste à l'Education nationale. Rien ne change non plus pour Rachida Dati à la Culture, Catherine Vautrin au Travail et à la Santé, et Annie Genevard, reconduite à l'Agriculture.
Ancienne figure de l'UMP ayant rejoint le camp d'Emmanuel Macron, l'ancien ministre Eric Woerth tout juste relaxé dans l'affaire de financement lybien de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, est nommé à l'Aménagement du territoire.
Aurore Bergé, fidèle du chef de l'Etat, est nommée porte-parole du gouvernement en remplacement de Sophie Primas (LR).
Le député Renaissance Mathieu Lefèvre est chargé du délicat portefeuille des Relations avec le Parlement.
Le conseil des ministres aura lieu lundi à 16h00 (14h00 GMT), à la veille du discours de politique générale de Sébastien Lecornu devant l'Assemblée nationale.
"RIEN NE CHANGE"
La composition du gouvernement, attendue depuis trois semaines, a été discutée jusqu'à la dernière minute, en particulier avec Les Républicains, membres du "socle commun", qui ont confirmé dimanche leur participation au terme d'une réunion interne.
Pourtant moins de deux heures après l'annonce du gouvernement où il a été reconduit, le chef de file de LR Bruno Retailleau a déclaré sur X que "la composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise."
"Devant la situation politique créée par cette annonce, je convoque demain matin (lundi) le comité stratégique des Républicains", a-t-il ajouté, sans préciser si ce commentaire s'accompagnait d'une menace de quitter le nouveau gouvernement.
"Ce n'est pas seulement la question de la place de LR dans le gouvernement qui pose problème mais les équilibres entre les forces du socle commun. Le resserrement autour de Renaissance ne nous semble pas tout à fait correspondre à l'air du temps", a-t-on appris de source proche de Bruno Retailleau.
La France insoumise (LFI) a annoncé de son côté son intention de déposer sans attendre une motion de censure contre le gouvernement, qui peut être renversé si les oppositions s'unissent contre lui.
"C'est un gouvernement Bayrou sans Bayrou, pour imposer la même politique. J'espère qu'il va être censuré au plus vite. Il faut des élections présidentielles anticipées pour sortir de ce chaos", a déclaré le député LFI Eric Coquerel sur BFM TV.
Le chef de file de LFI Jean-Luc Mélenchon a fustigé sur X un "cortège de revenants".
"Rien ne change, ni dans les têtes, comme malheureusement a priori pas dans la politique", a déploré sur BFM TV Pierre Jouvet, secrétaire général du Parti socialiste. "Sans changement de politique, il y aura une censure des socialistes dès la semaine prochaine."
Le Rassemblement national, premier groupe politique au Palais-Bourbon, a fait des commentaires sévères sans parler de censure pour l'instant.
"Le choix de ce gouvernement à l'identique, assaisonné de l'homme qui a mis la France en faillite est pathétique", a écrit sur X la "patronne" des députés RN Marine Le Pen, en référence à l'arrivée aux Armées de l'ex-ministre de l'Economie Bruno Le Maire.
Pour le président du RN, Jordan Bardella, "le gouvernement n'a rien de la rupture que les Français attendent".
Marine Le Pen et Jordan Bardella se réuniront lundi à 11h au siège du RN. Une réunion de groupe aura lieu ensuite à 17h avec l’ensemble des députés RN à l’Assemblée nationale.
"PAS DE 49-3"
Depuis sa nomination, le 9 septembre, Sébastien Lecornu, un proche d'Emmanuel Macron âgé de 39 ans, a beaucoup consulté et peu communiqué.
Lors d'une intervention à Matignon vendredi, il a fait savoir qu'il n'utiliserait pas l'article 49 alinéa 3 de la Constitution qui permet d'adopter un texte sans vote. Tous les budgets ont été adoptés de cette manière depuis 2022, le camp présidentiel ne disposant pas de la majorité absolue à l'Assemblée nationale.
S'il laisse ainsi ouverte la porte à un compromis entre les différentes composantes d'une Assemblée très fragmentée, le chef du gouvernement s'est dit hostile à la suspension de l'impopulaire réforme des retraites de 2023 et à une taxe dite "Zucman" sur les plus hauts patrimoines.
Il a renoncé à la suppression de deux jours fériés, qui avait été suggérée par son prédécesseur François Bayrou.
Dans un message sur les réseaux sociaux, Sébastien Lecornu a annoncé dimanche sa volonté de s'attaquer aux "fraudes sociales et fiscales", qui constituent selon lui "une atteinte directe au pacte républicain".
(Reportage Elizabeth Pineau, avec Juliette Jabkhiro, Kate Entringer et Gilles Guillaume)
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