(Actualisé avec déclaration de l'avocat de Le Scouarnec et d'une victime)
L'ancien chirurgien Joël Le Scouarnec a été reconnu coupable de viols et agressions sexuelles aggravés sur près de 300 victimes pendant une période de 25 ans, mercredi, et condamné à vingt ans de réclusion assortis d'une peine de sûreté des deux tiers.
La peine prononcée par la cour criminelle du Morbihan est conforme aux réquisitions de l'avocat général. Il s'agit de la peine maximale en la matière.
Le prévenu, âgé de 74 ans, avait reconnu le 20 mars dernier l'intégralité des faits reprochés, portant sur une période allant de 1989 à 2014.
Il avait consigné dans des fichiers informatiques ses crimes, parfois commis sous anesthésie, durant toute sa carrière dans plusieurs établissements de santé, notamment à l'hôpital public de Quimperlé (Finistère).
"Aujourd'hui, justice est passée. La cour criminelle a noté dans sa décision l'extrême importance de la reconnaissance par Joël Le Scouarnec des faits mais aussi des conséquences", a déclaré un de ses avocats, Me Maxime Tessier, après la condamnation.
"Il n'a jamais eu l'intention de faire appel", a-t-il ajouté.
Certaines victimes ont regretté que l'ex-chirurgien puisse un jour sortir de prison.
"C'est pas possible que quelqu'un comme ça puisse sortir", a déploré Emmanuelle Martin, 36 ans, victime de Joël Le Scouarnec lorsqu'elle avait 10 ans, en référence à la possibilité d'un aménagement de sa peine après qu'il en aura effectué les deux tiers.
"Les experts psychiatres ont dit qu'il avait le parfait profil du récidiviste", a-t-elle ajouté, appelant à un changement de la loi. "On a bien vu que la présidente faisait avec les lois qu'elle avait, on sentait qu'elle n'était pas d'accord avec ça."
Malgré une première condamnation en 2005 à quatre mois de prison avec sursis pour détention d'images pédopornographiques, ce chirurgien marié et père de trois enfants a continué à exercer jusqu'à son arrestation en 2017, à la suite d'une dénonciation pour viol par une petite voisine, une fillette de six ans, à Jonzac (Charente-Maritime).
Lors d'une perquisition à son domicile, les enquêteurs avaient retrouvé sur son ordinateur des "journaux" détaillant le nom, l'âge de ses victimes, en grande majorité des mineurs, ainsi que les actes commis.
Joël Le Scouarnec avait été condamné à 15 ans de prison en 2020 pour les viols et agressions sexuelles commis sur sa voisine, ses deux nièces, et une patiente alors âgée de 4 ans.
(Juliette Jabkhiro, rédigé par Jean-Stéphane Brosse et Kate Entringer, édité par Tangi Salaün)
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