"La sécurité économique nationale est menacée et justifie des mesures extraordinaires hors traité européen", selon l'ancien ministre de l'Economie.

Arnaud Montebourg à Paris, le 21 octobre 2021. ( AFP / STEPHANE DE SAKUTIN )
"Subvention" et "protection" doivent être les deux piliers de la politique économique européenne, a estimé mardi 6 mai l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg. Sans quoi, l'industrie européenne est condamnée, a-t-il assuré devant la Commission d'enquête du Sénat sur les aides publiques aux entreprises.
"Nos compétiteurs mondiaux veulent la peau de notre industrie et si nous ne la défendons pas par la protection mais aussi par la subvention, on n'y arrivera pas", a affirmé l'ancien ministre, citant notamment les semiconducteurs et évoquant la possibilité "d'utiliser l'outil de la prise de contrôle" par l'Etat .
"Si l'Europe n'organise pas d'urgence des politiques de protection, nous allons perdre 15 millions d'emplois" dans l'industrie automobile, selon lui. "Si l'UE ne le fait pas, je suggère que les États-nations prennent le taureau par les cornes. On a Renault et Stellantis à protéger , la sécurité économique nationale est menacée et justifie des mesures extraordinaires hors traité européen", a-t-il assuré.
Ministre socialiste de l'Economie et du Redressement productif de 2012 à 2014 sous François Hollande, aujourd'hui chef d'entreprise, Arnaud Montebourg, 62 ans, a semblé régaler par sa verve les sénateurs qui l'entendaient, auxquels il a détaillé "les recettes de papy Montebourg".
Mobiliser l'épargne des Français "sous injonction publique"
Il a ainsi demandé la mise en place "d'un fonds souverain pour l'industrie et l'agriculture, pour remonter le niveau d'activité dans ce pays et financer le modèle social sans difficulté".
"Nous avons un taux d'épargne exceptionnel en France : c'est la responsabilité d'un gouvernement, de la représentation parlementaire, d'amener cette épargne, sous injonction publique mais sous gestion privée , à s'investir dans l'économie française", a-t-il dit.
Il a dit aussi avoir suggéré au ministre de l'Economie, Eric Lombard, de porter à dix ans le délai de remboursement du Prêt garanti par l'Etat (PGE) accordé pendant le Covid, car "sur le terrain, le PGE c'est une boucherie" , selon lui. Selon la banque publique Bpifrance, qui assure la gestion du PGE, une quarantaine de milliards d'euros restent à rembourser , et elle s'attend à environ 3% de défauts.
Il a défendu enfin le Crédit d'impôt recherche (CIR), qui soutient la recherche et le développement des entreprises, et le Pacte Dutreil, qui favorise par des allègements fiscaux leur transmission familiale, deux mécanismes qui "sont des dépenses fiscales et non pas des subventions", et "mériteraient de poursuivre leur carrière", selon lui.
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