La part de la climatisation dans la consommation électrique de la France reste minime. Mais elle pourrait presque doubler dans les décennies à venir.

( AFP / SAJJAD HUSSAIN )
Les Français sont peu équipés en climatisation -environ un quart des ménages , selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Mais à chaque vague de chaleur, comme celle qui s'est installée cette semaine dans le sud du pays, les professionnels du secteur notent une hausse marquée des installations. Retour sur les chiffres clés sur la consommation électrique et l'empreinte carbone de la climatisation.
• Quelle consommation électrique totale ?
D'après le bilan de l'Ademe, en 2020 (derniers chiffres disponibles), la consommation totale des systèmes de climatisation en France s'est élevée à 15,5 térawattheures (TWh), dont 4,9 TWh dans le résidentiel . Soit une part minime de la consommation brute d'électricité du pays, qui était de 449 TWh, relevée par le gestionnaire des lignes haute tension, RTE.
"Peu de logements sont climatisés" , résume Brice Tréméac, directeur du Laboratoire du froid et des systèmes énergétiques et thermiques (Lafset) au sein du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam).
Mais l'Ademe estime qu'à l'horizon 2050, la consommation d'électricité due à la climatisation en France pourrait varier entre 6 TWh (dans une démarche de sobriété) et 27 TWh si le taux d'équipement se généralise sans effort de sobriété.
• Quelle consommation individuelle ?
La consommation électrique dépend de la puissance des appareils, mais un climatiseur mobile peut consommer 2,5 fois plus d'électricité qu'un modèle fixe, selon l'Ademe.
Laisser un ventilateur d'une puissance de 50 watts (W) allumé pendant une nuit de huit heures consomme 400 Wh, soit de l'ordre de 0,08 euro (au prix de 0,20 euro le kWh du "tarif bleu" d'EDF en option "base" en vigueur en 2025).
Un climatiseur de 1.500 W consommera lui 12 kWh et coûtera sur huit heures 2,40 euros, au même tarif.
• Quelle empreinte carbone ?
En tournant 48 heures pour faire face à une vague de chaleur, un climatiseur générera l'équivalent de 2,3 kg de CO2 à cause de sa consommation électrique, si l'on prend l'empreinte carbone moyenne de l'électricité française, largement décarbonée, notamment car elle est pour plus des deux tiers d'origine nucléaire (32 grammes de CO2 équivalent par kWh, selon les données RTE de 2023).
À quoi cela se compare-t-il ?
Une escapade aller-retour en voiture en Normandie depuis Paris à la recherche de fraîcheur se chiffre à 86,8 kg CO2 équivalent , selon le calculateur d'émission carbone d'un trajet de l'Ademe.
Un vol aller-retour Paris-Oslo génère, lui, 296 kg de CO2 équivalent, d'après le calculateur d'émissions de gaz à effet de serre de l'aviation mis en ligne par le ministère des Transports.
Cette comparaison est imparfaite car l'empreinte climatique des climatiseurs est principalement due à la fabrication et aux fuites de leurs fluides frigorigènes, de puissants gaz à effet de serre, aux émissions plus de deux fois plus importantes que celles liées à la consommation d'électricité, selon l'Ademe.
Au niveau du pays, la climatisation est ainsi responsable d'environ 1% du total des émissions de gaz à effet de serre de la France .
• Autres effets secondaires
En outre, relève Brice Tréméac, "en climatisant l'intérieur, on va aller réchauffer l'air extérieur. Et dans une ville dense comme Paris, ça peut augmenter de quelques degrés la température à deux mètres du sol."
Si toute la région parisienne utilisait la climatisation lors d'une canicule, la température dans les rues augmenterait de 2,4°C, selon une étude du CNRS, de Météo-France, de l'École des Ponts Paris-Tech et du Cired en 2020.
"Une climatisation mal choisie ou mal installée sera moins performante et augmentera les consommations d'électricité" ainsi que les risques de pollution "au sens large", résume Brice Tréméac.
D'où l'importance de privilégier, comme le préconise l'Ademe, les appareils de climatisation les plus économes en énergie, étiquetés A+++, plutôt que les moins économes (A). Ou de ne pas activer la climatisation tant que la température intérieure reste inférieure à 26°C.
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