Des experts estiment que les droits de douanes pourraient également avoir des conséquences plus larges sur l'économie mondiale et entraîner une baisse de la demande.

Donald Trump à Washington, aux États-Unis, le 6 août 2025. ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / WIN MCNAMEE )
Malgré ce que peut en dire Donald Trump, la facture des droits de douane -imposés par le président américain à des dizaines de pays et qui entrent en vigueur jeudi 7 août- sera largement partagée entre le consommateur américain et les entreprises qui exportent vers États-Unis.
Hausse des prix pour les consommateurs, marges réduites pour les entreprises, perte de compétitivité: le point sur les principaux concernés par ces nouvelles taxes.
• Consommateurs américains : inflation en vue
Avec 15% de droits de douane sur les voitures japonaises, 20% sur les t-shirt fabriqués au Vietnam ou 100% annoncés mercredi sur les semi-conducteurs, les acheteurs américains pourraient devoir payer leurs produits plus chers , sauf s'ils peuvent reporter leurs achats sur des équivalents locaux.
Le président de la banque centrale américaine (Fed) Jerome Powell estimait fin juillet que l'impact des surtaxes douanières commençait à se matérialiser sur "certaines catégories de biens". À titre d'exemple, les jouets de l'Américain Hasbro (Monopoly, Furby...), dont la moitié provient de Chine, ont vu leurs prix de vente commencer à grimper en mai et juin, a constaté le groupe.
Ces taxes sont plus problématiques encore sur des secteurs pour lesquels les États-Unis n'ont pas de production locale, souligne Philippe Chalmin, professeur émérite à l'université Paris-Dauphine.
Le cuivre, largement importé du Chili , son premier producteur au monde, devait dans un premier temps être touché par des droits de douane américains de 50%.
"La moitié des besoins des États-Unis étant importés du Chili, le prix du cuivre sur le marché américain avait augmenté de 25% par rapport à la référence mondiale à la suite de l'annonce", rapporte Philippe Chalmin. Finalement, l'administration Trump a décidé de faire marche arrière et de ne taxer que les produits semi-finis en cuivre.
• Perte de compétitivité
La facture pourrait aussi peser sur les entreprises exportatrices, la hausse du prix de leurs produits entraînant une perte de compétitivité aux États-Unis.
C'est notamment l'inquiétude du secteur des vins et spiritueux européen . À ce stade, l'UE n'a pas obtenu d'exception pour les vins et spiritueux, un secteur particulièrement sensible pour des pays comme la France et l'Italie.
Le chianti ou le champagne seront-ils remplacés par du vin californien ? L'impact "sera d'autant plus brutal" que les taxes vont de pair avec le recul du dollar américain, ce qui renchérit encore le prix des bouteilles, a alerté le président de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux français Gabriel Picard. Ce dernier a même estimé dans un communiqué que cet effet combiné pourrait aboutir à "une perte d'un milliard d'euros" pour les producteurs français.
"Il y aura des différences sectorielles et même au sein d'un même secteur, cela dépendra du pouvoir de négociation de chacun", entre le producteur, le grossiste et le détaillant, analyse Bruno de Moura Fernandes, responsable de la recherche macroéconomique chez Coface.
Toutefois, l'économiste estime que l'effet sera surtout marqué pour les industries ayant déjà des difficultés à être compétitives par rapport à leurs concurrentes américaines, notamment dans la chimie et l'acier en Europe.
• Marges en berne
Des entreprises ont déjà annoncé qu'elles rogneraient sur leurs marges pour compenser les effets de la guerre commerciale. Les constructeurs automobiles sont particulièrement concernés. Pour 2025, l'Allemand Mercedes prévoit des ventes nettement inférieures à celles de l'an dernier , ainsi qu'une marge opérationnelle mois élevée que prévu. De son côté, Porsche ne table plus que sur une marge comprise entre 5 et 7%, contre 10 et 12% en début d'année.
Mais avant toute chose, "il y aura probablement une période d'attente pour voir ce qui va se passer, comment vont se comporter les concurrents et savoir si l'entreprise arrive à répercuter les hausses de prix", souligne Bruno de Moura Fernandes.
Les droits de douane risquent d'avoir des conséquences plus larges sur l'économie mondiale avec une baisse possible de la demande.
Les groupes pétroliers ont déjà averti d'un recul de leurs profits, à l'instar du britannique Shell. Ce dernier a publié au premier semestre un bénéfice net en baisse, du fait de marges et de prix plus faibles, la hausse des droits de douane réduisant la demande mondiale d'énergie.
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