Avec un déficit public de 5,8% du PIB et une dette à 113,9%, la France accuse un retard préoccupant sur l'Espagne, l’Italie ou le Portugal, selon François Bayrou.

François Bayrou à l'Elysée, le 16 juillet 2025. ( / Ludovic MARIN )
"Le pronostic vital" de la France serait engagé, selon François Bayrou. Le Premier ministre a alerté mardi 15 juillet sur le risque d'asphyxie financière de la France en raison de son lourd déficit public et de son surendettement, qualifié par le Premier ministre de "malédiction" , parmi les pires de la zone euro.
"Si vous regardez les chiffres et la situation, nous sommes en danger gravissime" , a-t-il martelé en présentant une cure budgétaire sévère de 43,8 milliards d'euros pour 2026, jugeant que les précédents gouvernements se sont "fichus pendant des années" des déficits.
Voici un état des lieux de la situation des déficits et de la dette.
"Trou" budgétaire
Depuis 50 ans, les recettes du budget de l'Etat, de la Sécurité sociale et des collectivités locales sont inférieures aux dépenses: ce "trou" dans le budget est le déficit public, qui peut aussi être pénalisé par une croissance faible, comme c'est le cas actuellement en France.
Les règles budgétaires européennes prévoient un plafond de 3% pour le déficit public des pays membres de l'Union européenne, un niveau qui contribue à la stabilisation de la dette.
Or les déficits publics qui s'accumulent depuis des dizaines d'années viennent alimenter la dette publique de la France, qui emprunte sur le marché obligataire pour se financer. Ces emprunts accroissent l'endettement.
"Notre pronostic vital comme Etat est engagé, comme nation, comme société et comme pays" , a estimé mardi François Bayrou, selon qui "chaque seconde, la dette de la France augmente de 5 000 euros" .
Hors des clous
Le déficit public de la France a atteint 5,8% du PIB en 2024 (soit 168,6 milliards d'euros), un niveau très au-dessus du maximum européen autorisé.
Au prix d'un effort budgétaire se chiffrant en dizaines de milliards d'euros, le gouvernement de François Bayrou espère le réduire progressivement à 5,4% du PIB cette année puis à 4,6% du PIB en 2026, avec l'objectif de repasser sous le seuil de 3% à l'horizon 2029.
C'est bien plus tard que les autres pays de la zone euro, notamment d'anciens cancres comme l'Espagne, le Portugal ou même l'Italie qui avaient subi de plein fouet les turbulences financières entrainées par la crise des dettes sur le continent au tournant des années 2010.
"Pendant longtemps, on ne voit pas le risque, on s'en accommode, on détourne les yeux et puis un jour, on est rattrapé et on ne peut plus payer ce qu'on doit. Alors c'est la crise, la vraie crise. Votre pays est acculé, il est traqué et vous ne pouvez plus éviter le piège" , a affirmé François Bayrou, se référant à cette période.
Dette gonflée
La dette publique est également hors des clous, bien supérieure au seuil européen de 60% du PIB.
Selon l'Institut national de la statistique (Insee), elle s'élevait à 3 345,4 milliards d'euros à la fin mars, représentant 113,9% du PIB . En 2024, la dette française était la troisième plus importante des pays de la zone euro, derrière la Grèce et l'Italie.
Elle a fortement gonflé depuis 1995, quand elle ne pesait que 57,8% du PIB, alourdie notamment ces dernières années par les crises financière, sanitaire et inflationniste.
Boule de neige
Plus la dette est importante, plus les intérêts versés sont élevés, une dépense budgétaire qui pèse sur le déficit. Observé depuis 2022, le relèvement des taux d'intérêt augmente également la charge d'intérêts.
En 2025, la charge de la dette de l'Etat, c'est-à-dire les intérêts qu'il doit payer, est de 53 milliards d'euros, selon le rapport d'avancement annuel du Plan budgétaire et structurel à moyen terme (PSMT), présenté en avril.
Si rien n'est fait, cette charge ira en augmentant ces prochaines années, au risque, selon le premier président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, de devenir le premier poste de dépense devant l'éducation ou la défense. Ce qui priverait ainsi la France de ressources pour des dépenses ou investissements jugés essentiels, comme l'éducation, la justice ou la transition énergétique.
5 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer