
Brandon Wills et sa sœur Sallycar Korasingh, parents de Rishi Samaroo, posent pour une photo près de Port-d'Espagne, Trinité-et-Tobago, le 22 octobre 2025 ( AFP / STRINGER )
Les proches d'un des Trinidadiens qui auraient été tués dans la frappe américaine contre un bateau de narcotrafiquants présumés, annoncée le 14 octobre par Donald Trump, s'insurgent contre la politique américaine.
Les autorités trinidadiennes n'ont ni confirmé ni infirmé que deux de leurs ressortissants, Chad Joseph, 26 ans, et Rishi Samaroo, 41 ans, figuraient parmi les six morts dans la frappe américaine. En revanche, la police a dit à l'AFP qu'elle enquêtait à ce sujet.
Les États-Unis, dont des navires de guerre conduisent des opérations contre le narcotrafic dans les Caraïbes et le Pacifique, ont revendiqué neuf attaques ces dernières semaines, qui auraient fait au total 37 morts.
"C'est ma question au grand président (Trump). S'il était sûr à 100% que ce bateau contenait de la drogue, pourquoi ne l'a-t-il pas arrêté et fouillé au lieu de faire exploser des gens et des familles, comme des chiens et des chats?", interroge jeudi Sunita Korasingh, 38 ans, sœur de Rishi Samaroo.
L'AFP l'a rencontrée à Bim Bim Trace, quartier populaire de El Socorro, à environ dix kilomètres à l'est de la capitale Port d'Espagne.
"Si vous trouvez de la drogue, vous pouvez les enfermer et utiliser tous les moyens légaux pour traiter la situation. Mais vous ne pouvez pas simplement détruire des navires, en tuant des gens, des familles", poursuit-elle. "Rishi avait trois enfants...", ajoute-t-elle émue.
Son frère avait été en prison "pour environ 15 ans pour meurtre", reconnaît-elle, mais "il a purgé sa peine". "Il est sorti. Et quand il est sorti, il était pêcheur. Il s'occupait des chèvres, des animaux. Il fabriquait du fromage (...) les ramenait et les vendait."
- Prison pour meurtre -
Elle dit ne pas connaître les relations de son frère avec Chad Joseph, l'autre Trinidadien qui aurait été tué, et dont la presse dit qu'il a été arrêté dans le passé pour trafic de drogue: "En tant qu'êtres humains, nous faisons tous des erreurs à un jeune âge, à l'adolescence. Et nous apprenons de nos erreurs et nous grandissons grâce à elles".
Elle assure que Rishi était "une personne aimante, gentille, attentionnée et généreuse. Il était là pour vous dans les bons comme dans les mauvais moments, toujours présent pour aider".
"Il n'a jamais fumé une cigarette. Il n'a jamais bu une bière de toute sa vie", jure-t-elle.
Mercredi soir, une trentaine de personnes s'était rassemblée sous une tente à El Socorro, banlieue où il existe des zones de trafic et où il n'est pas rare d'entendre des coups de feu, selon les habitants.
Certains proches endeuillés de Rishi Samaroo jouaient aux cartes, buvant de l'alcool et du café, d'autres évoquaient des souvenirs de lui. Selon eux, il vivait en général à Maraval, au nord de la capitale, et ne visitait que rarement son quartier d'origine.
Avant que Rishi Samaroo "ne monte sur le bateau, il m'a appelée en vidéo", a raconté à l'AFP une autre sœur, Sallycar Korasingh, 31 ans et employée dans un parking, lors de la veillée funèbre mercredi soir.
"Nous avons parlé, il m'a montré qu'il était sur le point de monter à bord du bateau. C'était juste avant minuit" dans la nuit du dimanche 12 au lundi 13 octobre. "J'ai pris une photo de lui", a-t-elle précisé.
"Il ne consommait pas de drogue. Il faisait de l'agriculture au Venezuela. Il fabriquait du fromage dans une ferme avec des chèvres", souligne-t-elle, vidéo à l'appui dans laquelle apparaît un homme qui s'occupe de ces animaux.
Son cousin, Brandon Wills, 35 ans, menuisier, raconte aussi que M. Samaroo "avait fait de la prison pour meurtre, il y a 16 ou 17 ans. Cela s'était passé à Princes Town", dans le sud de l'île.
Ce jeudi, la famille a, pour annoncer la cérémonie funèbre de vendredi, fait imprimer une affiche avec une photo de Rishi Samaroo avec des ailes d'ange dans le dos et la mention "Parti, mais jamais oublié. A jamais dans nos cœurs".
Dans le petit village de Las Cuevas, à une heure de route au nord de Port-d'Espagne, des proches de Chad Joseph ont également affirmé à l'AFP que le jeune homme n'était pas impliqué dans le narcotrafic.
Selon la tante de ce dernier, il était "pêcheur depuis qu'il était petit (...) Il est allé au Venezuela. Il aidait les gens, défrichait, travaillait la terre. Il faisait toutes sortes de petits boulots".
Réputé pour son carnaval et ses plages, Trinidad-et-Tobago, archipel anglophone de 1,4 million d'habitants, n'est situé qu'à une dizaine de kilomètres de son grand voisin vénézuélien de 30 millions d'habitants.
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