Le patron des patrons souhaiterait mettre sur la table le sujet de la retraite par capitalisation, mais craint que le contrôle parlementaire n'entrave les discussions appelées par le Premier ministre.

Patrick Martin, le 18 janvier 2024, à Paris ( AFP / JULIEN DE ROSA )
Une discussion, mais laquelle? Le Medef a posé des conditions à sa participation au "conclave" sur les retraites, dont "le périmètre" l'inquiète, et serait prêt à ne pas y participer si elles n'étaient pas remplies, a indiqué mercredi 29 janvier son président Patrick Martin.
L'organisation patronale "ne veut pas que la négociation embrasse l'ensemble des régimes de retraite", a déclaré Patrick Martin lors d'une rencontre avec la presse, craignant que des discussions portant à la fois sur les retraites du privé et du public "préfigurent un pot commun", avec "des transferts des excédents des régimes privés vers les retraites publiques". Une telle discussion "mettrait autour de la table des organisations qui ne sont pas représentatives dans le secteur privé", a-t-il souligné, comme les syndicats de la Fonction publique, Unsa, FSU, Sud, voire des organisations sectorielles telles la FNSEA (agriculture), l'UDES (secteur social et solidaire) ou la Fesac (culture).
Un intérêt pour la capitalisation évoqué "à bas bruit" même parmi certains syndicats, selon Patrick Martin
"Si le sujet des retraites est reposé au Parlement", qui devrait être saisi de l'éventuel accord trouvé par les partenaires sociaux pendant ce "conclave" de trois mois débutant fin février, "la réforme est abrogée, a-t-il prédit. D'où "l'impératif de sanctuariser en amont le rendement financier de la réforme" de 2023. Renoncerait-il à participer si ces préalables n'étaient pas remplis? "Oui", a-t-il répondu. Le Medef est, selon lui, prêt à "discuter d'un certain nombre d'aménagements sur l'usure au travail, les carrières longues ou carrières hachées, pour les femmes en particulier".
Il souhaiterait évoquer la retraite par capitalisation, mais redoute que "la scénarisation du conclave, où on va être sous surveillance, notamment parlementaire, fige les positions" des participants. Pourtant, selon lui, l'utilité de la capitalisation "est partagée par certaines organisations syndicales", "à bas bruit".
Patrick Martin souhaite que soit rouvert "globalement" le sujet du financement de la protection sociale", et insiste sur la nécessité d'augmenter le taux d'emploi, par le travail des seniors ou le retour à l'emploi de personnes qui en sont éloignées. "La démographie est imparable", a-t-il souligné, appelant à pouvoir avoir "tranquillement" une réflexion sur "l'immigration économique choisie". Il s'est dit "frappé" des exemples de l'Espagne, et de l'Italie de Giorgia Meloni, où les besoins de centaines de milliers d'immigrés pour assurer le fonctionnement de l'économie sont énoncés clairement. "Et, en France, on est en train de s'écharper sur 11.000 régularisations de travailleurs illégaux", a-t-il soupiré.
4 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer