Les autorités d'outre-Rhin multiplient les appels à la sobriété énergétique en vue d'une saison hivernale où les ressources pourraient manquer.
L'Allemagne dépendait début juin à 35% du gaz russe pour ses importations, contre 55% avant la guerre en Ukraine (illustration) ( AFP / AXEL HEIMKEN )
L'incertitude sur l'approvisionnement en gaz russe fait planer le spectre de rationnements en énergie au cours de l'hiver prochain en Allemagne, dont les stocks pourraient ne pas suffire pour passer l'hiver 2022-2023 dans le cas où la Russie stoppait ses livraisons.
Même dans l'hypothèse où elles seraient remplies à 95% d'ici novembre, les réserves de gaz ne couvriraient ainsi que deux à deux mois et demi de consommation si la Russie en venait à couper le robinet à l'Allemagne, a indiqué le patron du régulateur allemand de l'énergie, Klaus Müller, cité par Bloomberg , mercredi 17 août.
"Les stocks sont pour l'heure remplis à 77%, en avance de deux semaines par rapport au calendrier", rapporte le patron de l'Agence fédérale des réseaux, qui gère les marchés de l'électricité et du gaz outre-Rhin. "Nous sommes un peu plus rapides que d'habitude en termes de remplissage, mais cela ne veut pas dire que nous pouvons nous relâcher", a t-il commenté, appelant à accélérer le mouvement.
Objectif -20% de consommation avant l'hiver
"Je ne peux pas vous promettre que toutes les installations de stockage seront remplies à 95% en novembre, même dans de bonnes conditions d'approvisionnement", ajoute t-il.
Lundi, Klaus Müller avait estimé que l'Allemagne doit réduire de 20% sa consommation de gaz pour éviter d'avoir recours à des mesures de restrictions d'énergie. "Si nous échouons à atteindre notre objectif (de -20%, ndlr), il y a un risque grave que nous n'ayons pas assez de gaz", avait-il ainsi prévenu dans les colonnes du Financial Times .
Fortement dépendante au gaz russe, l'Allemagne est engagée dans une course contre la montre pour remplir ses stocks en vue de l'hiver, alors que Moscou a réduit significativement ses livraisons vers l'Europe. Uniper, le géant allemand de l'énergie, a ainsi accusé des pertes colossales au premier semestre, ayant dû acheter son gaz au prix fort sur les marchés.
Graphique montrant l'évolution des réserves de gaz en Europe depuis 2018, au 24 juillet ( AFP / )
Fin juillet, Berlin avait décidé d'injecter des milliards d'euros pour sauver le premier importateur et stockeur de gaz en Allemagne de la faillite. L'Etat va notamment monter à hauteur de 30% au capital du groupe en déboursant quelque 7,7 milliards d'euros, le chancelier Olaf Scholz justifiant l'intervention par "l'importance capitale" d'Uniper pour le pays.
Et les contribuables vont également devoir mettre la main au portefeuille: le gouvernement a autorisé les importateurs et distributeurs de gaz à répercuter les hausses du prix du gaz à ses clients à travers un prélèvement exceptionnel.
L'Allemagne dépendait début juin à 35% du gaz russe pour ses importations, contre 55% avant la guerre en Ukraine. Le chauffage des foyers est toujours assuré à plus de 50% avec du gaz.
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