Un billet de 100 yuan chinois
La croissance de l'économie chinoise a battu les attentes au deuxième trimestre, montrant une certaine résilience dans un contexte de guerre commerciale avec les Etats-Unis, mais elle a marqué un ralentissement qui met en exergue des faiblesses sous-jacentes et des risques accrus.
Jusqu'à présent, les mesures de soutien déployées par Pékin et la récente trêve commerciale, certes fragile, scellée par le gouvernement chinois avec Washington ont permis à la deuxième économie mondiale d'éviter un creux.
Mais les marchés craignent que l'économie chinoise marque véritablement le pas au second semestre, entre des exportations au ralenti, des prix en repli et un moral des consommateurs en berne - ce qui pourrait accentuer la pression sur le gouvernement pour qu'il renforce ses mesures de stimulus.
Des données officielles publiées mardi montrent que le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a progressé de 5,2% en rythme annuel au deuxième trimestre, battant légèrement le consensus qui ressortait à +5,1% mais ralentissant par rapport au trimestre précédent (+5,4%).
Pékin a fixé un objectif de croissance annuelle situé autour de 5%.
"La Chine a réalisé au deuxième trimestre une croissance supérieure à l'objectif officiel de 5% en partie du fait des exportations effectuées par anticipation" face aux droits de douane, a commenté Zhiwei Zhang, économiste en chef de Pinpoint Asset Management.
Cette croissance supérieure à l'objectif annuel fixé par Pékin "confère au gouvernement une marge pour tolérer un certain ralentissement lors de la seconde moitié de l'année", a-t-il ajouté.
En rythme trimestriel, l'économie chinoise a progressé de 1,1% sur la période avril-juin, montrent les données du Bureau national des statistiques (BNS), battant là aussi le consensus qui ressortait à +0,9% après une hausse de 1,2% au trimestre précédent.
TABLEAU MITIGÉ EN JUIN
Les investisseurs guettent de quelconques signes annonciateurs de mesures supplémentaires de soutien lors de la réunion du Politburo, prévue fin juillet, lors de laquelle devrait être décidée la politique économique pour le restant de l'année.
Pékin a accru ses dépenses en infrastructures et les aides à la consommation, en parallèle à un assouplissement constant de sa politique monétaire - la Banque populaire de Chine a réduit en mai ses taux d'intérêt dans le cadre de mesures destinées à protéger l'économie face à la politique de droits de douane du président américain Donald Trump.
Si des mesures de soutien et une baisse des taux supplémentaires sont attendues dans les prochains mois, observateurs et analystes disent penser que le stimulus pourrait être insuffisant pour lutter contre les pressions déflationnistes. Les prix à la production en Chine ont reculé en juin à un rythme sans précédent depuis près de deux ans.
Aux yeux de Zichun Huang, économiste chez Capital Economics, les données du PIB donnent une vision probablement trop positive de la solidité de la croissance. "Et avec les exportations qui devraient ralentir, et le souffle des mesures de soutien financier s'estomper, la croissance devrait ralentir davantage au second semestre", a-t-elle dit.
Selon le dernier consensus compilé par Reuters, les analystes s'attendent à ce que la croissance chinoise ralentisse à 4,5% au troisième trimestre puis à 4,0% au quatrième trimestre, soulignant les pressions accrues auxquelles fait face la deuxième économie mondiale dans le contexte de guerre commerciale déclenchée par Donald Trump.
Des données distinctes publiées également mardi donnent un tableau mitigé de l'activité en juin: la production industrielle chinoise a accéléré à un rythme supérieur aux attentes, tandis que la croissance des ventes au détail a ralenti.
La production industrielle a progressé en rythme annuel de 6,8% le mois dernier, selon le BNS, après une croissance de 5,8% en mai, alors que le consensus ressortait à +5,7%. Il s'agit d'une accélération inédite depuis mars dernier.
Les ventes au détail, qui servent d'indicateur sur la consommation, ont progressé de 4,8% en juin, marquant un ralentissement par rapport au mois précédent (+6,4%). Les analystes anticipaient en moyenne une hausse de 5,4%.
(Joe Cash, Ellen Zhang et Kevin Yao; version française Jean Terzian)
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