L'illustration montre les drapeaux des États-Unis et de l'Union européenne
Le chancelier allemand Friedrich Merz a rejeté mardi l'attaque virulente contre les démocraties européennes lancée par l'administration Trump, qui a publié la semaine dernière un document stratégique affirmant que le continent faisait face à un "effacement civilisationnel".
Le document a provoqué un choc en Europe, accusée de "subversion des processus démocratiques".
Ce discours reprend des critiques déjà formulées par des responsables américains, le vice-président J.D. Vance notamment, et souligne les tensions croissantes entre Washington et les capitales européennes.
"Certaines parties (du document) sont compréhensibles, d'autres sont acceptables, et certaines sont inacceptables pour nous d'un point de vue européen", a déclaré Friedrich Merz lors d'une visite dans le Land de Rhénanie-Palatinat.
"Je ne vois aucune raison pour que les Américains veuillent maintenant sauver la démocratie en Europe. Si c'était nécessaire, nous le ferions nous-mêmes", a-t-il ajouté.
A Paris, Alice Rufo, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées qui se trouvait lundi à Washington, a mis en garde : "Nous vivons dans un monde de carnivores, l'Europe n'est pas une île, et elle se fera respecter si elle sait apprendre à se faire respecter".
"La nouvelle stratégie de sécurité américaine est une clarification extrêmement brutale de la posture idéologique des Etats-Unis", a-t-elle estimé lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale.
"Nous devons accélérer le réarmement de la France, accélérer le réarmement de l'Europe", a-t-elle souligné.
"PROVOQUER"
Les dirigeants européens, dont Friedrich Merz, reconnaissent la nécessité de reconstruire des armées affaiblies par des décennies de négligence, qui les rendent fortement dépendants des forces américaines pour leur défense sans pour autant vouloir paraître céder à la rhétorique des Etats-Unis, leur principal allié.
"La question de ce que cela signifie pour notre coopération en matière de sécurité est évidemment la plus importante", a poursuivi Friedrich Merz. "Cela confirme mon analyse selon laquelle nous, en Europe, et donc aussi en Allemagne, devons devenir beaucoup plus indépendants des États-Unis en matière de politique de sécurité."
À Bruxelles, la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas a estimé que les critiques sur les libertés dans l'UE devraient viser "peut-être la Russie", en référence au document stratégique américain.
"L'Union européenne est l'essence même de la liberté", a-t-elle affirmé devant une commission du Parlement européen. "Les critiques concernant les libertés ici devraient être dirigées ailleurs. Peut-être vers la Russie, où la dissidence est interdite, où les médias libres sont interdits, où l'opposition politique est interdite, où X ou Twitter, tel que nous le connaissons, est également interdit", a-t-elle ajouté.
Interrogée sur la diatribe américaine, Kallas a jugé qu'"il me semble que cela a été fait pour provoquer". Elle a toutefois réaffirmé que les États-Unis restent "le plus grand allié de l'Europe".
(Lili Bayer et Louise Breusch Rasmussen, Reuters TV; version française Nicolas Delame, édité par Sophie Louet)

2 commentaires
Vous devez être membre pour ajouter un commentaire.
Vous êtes déjà membre ? Connectez-vous
Pas encore membre ? Devenez membre gratuitement
Signaler le commentaire
Fermer