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Automobile et droits de douane américains : ces défis concrets qu'affrontent les constructeurs
information fournie par Boursorama avec Media Services 01/04/2025 à 14:27

Des taxes d'une valeur de 25% doivent entrer en vigueur le 3 avril sur toutes les voitures qui ne sont pas fabriquées aux États-Unis.

(illustration) ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / MARIO TAMA )

(illustration) ( GETTY IMAGES NORTH AMERICA / MARIO TAMA )

Ouvrir ou fermer des usines, rogner sur leurs marges: les entreprises doivent prendre de lourdes décisions face aux droits de douane voulus par Donald Trump, à l'image des constructeurs automobiles.

Face aux "tarifs" Trump de 25%, "tout le monde va être touché", analyse Cigdem Cerit, du cabinet Fitch Ratings. "Certains constructeurs sont plus exposés que d'autres, mais ça exigera de tous des finances solides à court terme et de la flexibilité à moyen terme". Ces droits de douane devraient concerner 7,3 millions de véhicules importés, soit 8% des ventes mondiales selon Bank of America, exposant les constructeurs à "beaucoup de coûts et de chaos", selon la formule du patron de Ford Jim Farley.

Des stocks temporaires

Pour éviter ces nouveaux droits de douane, la première option des constructeurs était d'envoyer des stocks de véhicules prêts à vendre chez les concessionnaires américains avant la date butoir.

"Pour absorber la première onde de choc, les expéditions ont considérablement augmenté. Tout le monde s'est constitué une petite réserve", explique Cigdem Cerit.

Le constructeur coréen Hyundai est un de ceux qui a le plus augmenté ses stocks ces derniers mois, selon Cox Automotive, tandis que Stellantis s'échinait à réduire les siens.

Ces réserves ne dureront cependant que quelques semaines: si l'on peut s'attendre à ce que les clients américains se ruent sur ces véhicules, les ventes devraient vite s'écrouler, les prix des voitures neuves comme d'occasion augmenter et certains modèles non rentables quitter le marché, selon Jonathan Smoke, de Cox automotive.

Les 10 principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis pour les véhicules motorisés en termes de valeur des importations en 2024, selon le département américain du Commerce ( AFP / Jean-Michel CORNU )

Les 10 principaux partenaires commerciaux des Etats-Unis pour les véhicules motorisés en termes de valeur des importations en 2024, selon le département américain du Commerce ( AFP / Jean-Michel CORNU )

Augmenter les prix

Cette évolution des droits de douane pose deux questions majeures pour le marché américain: dans quelle mesure les prix des voitures vont-ils augmenter et les consommateurs en achèteront-ils moins?

Les constructeurs pourraient décider d'augmenter leurs prix de 10.000 dollars (pour des voitures vendues en moyenne à 48.000 dollars) s'ils veulent protéger leurs marges, selon Bank of America.

Mais certains constructeurs pourraient rogner sur leurs marges, en attendant de produire aux États-Unis, et limiter les hausses à 4.500 dollars.

Ces hausses risquent d'être douloureuses pour les constructeurs américains et japonais qui importent des véhicules de gamme moyenne, du pick-up Chevrolet Silverado au SUV Toyota Rav4.

Mais même les constructeurs allemands comme Porsche pourraient avoir du mal à absorber ces taxes sur leurs modèles les moins coûteux, comme le SUV Macan, adoré des Américains, souligne Cigdem Cerit.

Ferrari a d'ailleurs été le premier constructeur a annoncer jusqu'à 10% d'augmentation sur certains de ses modèles vendus aux États-Unis, son premier marché.

"Est ce que les clients vont continuer à acheter le même véhicule en le payant plus cher?" s'interroge Guillaume Crunelle du cabinet Deloitte. Selon lui, c'est hautement improbable car "les gens achètent dans une tranche de prix qui correspond à leurs moyens".

Produire aux États-Unis

Le but affiché de Donald Trump est d'attirer des industriels aux États-Unis, mais les effets à long terme de cette politique restent imprévisibles.

"Chacun va se poser la question: est-ce plus compétitif de produire aux États-Unis, avec un marché devenu plus faible, ou de payer des droits de douane?" explique Guillaume Crunelle.

Les constructeurs américains eux-mêmes espèrent encore que les droits seront allégés sur les produits importés du Mexique et du Canada, où sont implantées de nombreuses usines.

"Les industriels ont besoin de certitude", souligne Sébastien Amichi du cabinet Kearney. "Dans le doute, on peut imaginer qu’ils vont transférer de la production aux États-Unis".

Il s'agit aussi de donner des gages au gouvernement américain: Hyundai comme Stellantis ont annoncé des ouvertures ou réouvertures d'usine depuis son élection.

Ces évolutions prennent du temps cependant, jusqu'à plusieurs années pour l'ouverture d'une ligne de production. Et les fournisseurs, dont l'économie est déjà fragile, devront suivre.

Par ailleurs, les constructeurs qui "jouent le jeu de la donne trumpienne devront en même temps assumer un coût social en Europe ou au Japon", où la production va baisser et des emplois disparaître par ricochet, analyse Guillaume Crunelle.

"C’est un bras de fer. Je fais le pari que certains constructeurs vont préférer baisser leurs marges et retravailler leurs coûts de production", plutôt que de s'installer aux États-Unis, souligne l'analyste.

2 commentaires

  • 01 avril 15:41

    et Tesla largement concerné puisque la plupart de ces voitures sont produites hors USA , et de plus souvent subventionnées pour ce faire .


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