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Au procès Péchier, les cas suspects non retenus s'invitent aux débats
information fournie par AFP 31/10/2025 à 08:09

L'ancien  anaesthetiste Frédéric Péchier à l'ouverture de son procès à Besançon, le 8 septembre 2025 ( AFP / SEBASTIEN BOZON )

L'ancien anaesthetiste Frédéric Péchier à l'ouverture de son procès à Besançon, le 8 septembre 2025 ( AFP / SEBASTIEN BOZON )

Frédéric Péchier est accusé de trente empoisonnements, mais d'autres cas suspects n'ont pas été retenus pour son procès aux assises du Doubs, ce que la défense de l'ex-anesthésiste exploite pour tenter de le disculper.

Trente empoisonnements, dont 12 mortels, sont imputés au Dr Péchier entre 2008 et 2017. Mais l'intéressé a attaqué ses accusateurs jeudi en leur reprochant d'avoir écarté des dizaines d'autres "événements indésirables graves" (EIG) survenus dans la clinique bisontine où il exerçait, lorsque ceux-ci ne permettaient pas de l'incriminer.

"Depuis le départ, il y a 70 dossiers et vous avez sélectionné les dossiers qui permettent de m'impliquer. Il y en a 40 autres qu'il faudrait bien étudier", a-t-il lancé, alors que le long procès, qui a débuté le 8 septembre, en est à mi-parcours.

"C'est votre théorie du grand complot, M. Péchier", lui a répondu l'une des deux avocates générales, Christine de Curraize.

"On enlève tout ce qui gêne", avait lâché dès mardi l'avocat de la défense Randall Schwerdorffer, pendant l'examen des 17e et 18e cas d'empoisonnements présumés.

Le directeur d'enquête, le major de police Olivier Verguet, venait de rappeler qu'au moment de ces deux arrêts cardiaques, survenus en 2013, Frédéric Péchier exerçait dans le bloc opératoire voisin de celui où ils sont survenus.

Le médecin est accusé d'avoir pollué des poches de produits anesthésiants avec des substances potentiellement mortelles pour les patients, afin de nuire à des collègues.

Pour montrer qu'il n'était pas systématiquement à côté des blocs opératoires où les EIG avaient lieu, Randall Schwerdorffer a alors évoqué trois cas survenus la même année, et non retenus dans l'acte d'accusation, lors desquels Frédéric Péchier se trouvait dans une salle plus éloignée.

"On ne retrouve pas les mêmes points communs. Est-ce que ce n'est pas une façon de créer une règle de preuve pour caractériser l'implication de Frédéric Péchier, alors que, on est d'accord, personne ne l'a jamais vu faire?", a-t-il asséné.

- Cas de conscience -

"Inadmissible", a tonné l'autre avocate générale, Thérèse Brunisso, "de prétendre aujourd'hui que le parquet, impartial, (...) aurait sciemment laissé de côté des cas d'empoisonnements sous prétexte qu'ils ne pourraient pas être imputés à M. Péchier!"

Sa collègue Christine de Curraize a ainsi repris les trois cas invoqués par Me Schwerdorffer, et affirmé qu'à chaque fois, les expertises médico-légales ou toxicologiques n'avaient pas permis d'accréditer la thèse d'un empoisonnement.

"Nous avons retenu systématiquement les cas où il y avait suffisamment d'éléments probants", a-t-elle défendu.

Mais certains d'entre eux ont posé des cas de conscience à plusieurs protagonistes.

Pour ces trois EIG de 2013, la police avait ainsi placé Frédéric Péchier en garde à vue plusieurs années plus tard, avant que le ministère public ne juge les éléments trop minces pour les renvoyer devant la cour d'assises.

"Si ça avait été moi, je pense qu'il serait renvoyé pour plus que ça", a cependant estimé le major Verguet.

"Ma conviction, c'est que le Dr Péchier a empoisonné plus de 30 patients et que les seuls qu'on lui reproche, malheureusement, aujourd'hui en justice, sont ceux sur lesquels il y a des éléments extrêmement solides", a déclaré à l'AFP Frédéric Berna, avocat de parties civiles.

"Dans ce genre de crimes sériels de très grande ampleur, c'est toujours très difficile de faire un choix, et on a vu la complexité de la problématique médicale. Je pense que l'accusation a fait des choix raisonnables, juridiquement démontrés", a-t-il ajouté.

À propos d'un arrêt cardiaque "extrêmement suspect" d'une enfant de 8 ans, Christine de Curraize a raconté l'avoir soumis à deux experts, qui n'ont trouvé aucun élément toxique laissant penser à un empoisonnement.

"Ce cas me pose énormément de questions", a-t-elle reconnu, mais "ç'aurait été de l'acharnement" que de chercher plus loin.

En l'occurrence, "le comportement de M. Péchier (avait) été stigmatisé" par ses collègues, a-t-elle déclaré, soulignant que si ce cas avait été porté devant la cour d'assises, il aurait mis l'accusé en difficulté.

Plus tard mardi, alors qu'un quatrième cas non retenu était évoqué, elle a malicieusement demandé à la cour de vérifier où se trouvait le Dr Péchier au moment de cet arrêt cardiaque.

Il était dans le bloc d'à côté.

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