
L'ex-président brésilien Jair Bolsonaro fait un salut de la main, devant sa résidence à Brasilia, le 11 septembre 2025 ( AFP / Sergio Lima )
L'ex-président brésilien Jair Bolsonaro est plus proche que jamais d'une peine de prison: une majorité de ses juges a voté jeudi pour le condamner pour tentative de coup d'Etat, malgré les pressions de Donald Trump en sa faveur.
Avec un score de 3 à 1 après le vote de la juge Carmen Lucia, la Cour suprême a formé la majorité requise pour condamner l'ancien chef de l’État (2019-2022). A 70 ans, il risque jusqu'à 43 ans de prison.
Jair Bolsonaro est accusé d'avoir été le chef d'une "organisation criminelle" ayant conspiré pour assurer son "maintien autoritaire au pouvoir" malgré sa défaite face au président actuel de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva, lors de l'élection de 2022.
Le cinquième et dernier juge Cristiano Zanin, ancien avocat de Lula, doit encore voter pour que le jugement et une éventuelle peine soient prononcés.
"Ils appellent cela un procès alors que tout le monde connaissait le résultat avant même que cela commence", a réagi sur le réseau social X Flavio Bolsonaro. Le fils aîné de l'ex-président a fustigé une "suprême persécution".
Inéligible jusqu'en 2030 et assigné à résidence à Brasilia depuis début août pour des soupçons d'entrave à son procès, M. Bolsonaro n'est pas présent aux audiences, pour motif de santé selon sa défense.
Un journaliste de l'AFP a pu apercevoir l'ancien chef de l'Etat jeudi matin dans son jardin, vêtu d'un polo vert et d'un pantalon sombre, en compagnie d'un proche.
- "Tant d'attente" -
Le procès divise fortement une opinion ultra-polarisée, y compris dans la capitale.
Dans un bar de Brasilia où l'audience de jeudi est retransmise sur un écran géant, des applaudissements ont fusé quand la juge Lucia a voté la condamnation. "Bolsonaro en prison!", ont crié certains.
"Après tant d'attente, cet individu exécrable se fait envoyer en prison", a jubilé Virgilio Soares, traducteur de 46 ans.
A l'inverse, pour Germano Cavalcante, ingénieur civil de 60 ans, "ce procès n'est pas juste". "Il est plus politique que judiciaire", estime-t-il.
L'affaire Bolsonaro est aussi à l'origine d'une crise sans précédent entre la première puissance d'Amérique latine et les États-Unis.

Le magistrat de la Cour suprême brésilienne Luiz Fux lit un document lors de la séance de vote visant à condamner ou relaxer l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro, le 11 septembre 2025 à Brasilia ( AFP / EVARISTO SA )
Dénonçant une "chasse aux sorcières" contre son allié d'extrême droite, le président américain Donald Trump a imposé une surtaxe punitive de 50% sur une part importante des exportations brésiliennes.
Washington a également annulé les visas de plusieurs juges de la Cour suprême brésilienne et infligé des sanctions financières à l'un d'entre eux, Alexandre de Moraes, rapporteur du procès Bolsonaro.
- Amnistie -
M. Bolsonaro est jugé avec sept anciens proches collaborateurs, dont plusieurs ex-ministres et généraux.
C'est la première fois qu'un ancien chef de l'Etat doit répondre de telles accusations, dans un pays encore hanté par le souvenir de la dictature militaire (1964-1985).

Le juge de la Cour suprême brésilienne Alexandre de Moraes lors d'une séance de vote visant à condamner ou relaxer l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro, le 11 septembre 2025 à Brasilia ( AFP / EVARISTO SA )
En votant mardi pour la condamnation, le juge Flavio Dino, ex-ministre de la Justice de Lula, a saisi l'occasion pour affirmer que les infractions jugées "ne sont pas susceptibles d'amnistie".
Un avertissement remarqué alors que le courant conservateur tente de faire approuver au Parlement une loi d'amnistie au bénéfice de son leader.
Avec déjà en tête de possibles recours contre une condamnation, le camp de l'ancien chef de l'Etat avait célébré mercredi le vote du troisième magistrat, Luiz Fux.
Développant une démonstration de plus de onze heures, ce dernier a été le seul à voter pour la relaxe de M. Bolsonaro. Il a démonté le dossier, dénoncé un manque de preuves et soutenu que le complot évoqué n'a jamais dépassé la "phase préparatoire".
L'argumentaire a provoqué la colère de Lula, qui a déclaré jeudi sur le média local Band que "Bolsonaro a tenté de mener un coup d'Etat dans ce pays". "Il y a des dizaines, des centaines de preuves", a-t-il lancé.
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