Trois instituts de conjoncture allemands ont abaissé jeudi leur prévision de croissance pour 2025, tablant sur un faible rebond voire une stagnation de la première économie européenne, engluée dans une crise industrielle tenace.

( AFP / TOBIAS SCHWARZ )
Pour 2024, l'affaire est déjà presque entendue: le Produit Intérieur Brut (PIB) va reculer de 0,2% d'après le gouvernement, soit une deuxième année de récession consécutive.
Mais le rebond espéré l'an prochain a déjà du plomb dans l'aile, selon les estimations présentées jeudi.
Pour l'institut DIW, l'économie allemande va croître de 0,2% en 2025, une prévision sabrée de 0,6 point par rapport à septembre.
"On constate un mélange critique de marasme conjoncturel et de problèmes structurels", explique Geraldine Dany-Knedlik, économiste à l'institut berlinois.
La perspective des droits de douane évoqués par Donald Trump sur les importations européennes a conduit l'IfW Kiel à dégrader également sa prévision, avec désormais une stagnation attendue du PIB en 2025, contre une hausse de 0,5% envisagée à l'automne.
Par ailleurs, "l'économie allemande est confrontée à des faiblesses massives qui ne lui permettent plus guère de se développer", estime Stefan Kooths, directeur de cet institut du nord de l'Allemagne.
Le secteur manufacturier, pilier de l'économie allemande, souffre depuis un an d'une crise multiforme, entre coûts élevés de l'énergie, faible demande et concurrence chinoise.
Une situation aggravée, selon le DIW, par "l'absence d'un gouvernement capable d'agir", depuis l'éclatement de la coalition d'Olaf Scholz en novembre et jusqu'à la formation d'un nouvel exécutif après les élection de février.
"Faiblesse passagère" ou "transformation durable et donc douloureuse de l'économie" ? L'institut munichois Ifo se montre lui plus incertain.
Ses analystes tablent sur une croissance comprise entre 0,4% et 1,1% l'an prochain, après un pronostic de 0,9% en septembre.
Dans le "scénario le plus optimiste", les entreprises allemandes profitent d'incitations fiscales du futur gouvernement, produisent davantage et les consommateurs dépensent plus en retour.
Mais dans le scénario pessimiste, les exportations allemandes continuent de faiblir et la désindustrialisation devient "rampante".
Vendredi, la Bundesbank actualisera à son tour sa prévision, pour l'instant alignée sur celle du gouvernement d'Olaf Scholz qui prévoit que la croissance rebondisse de 1,1% l'an prochain, misant sur une embellie de la consommation et de la conjoncture industrielle.
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