Le moral des entrepreneurs allemands, mesuré par l'IFO, a progressé en avril à contre-courant des attentes, malgré un climat économique jugé morose et les incertitudes liées aux droits de douane américains.

( AFP / JOHN MACDOUGALL )
Le baromètre IFO, indicateur très suivi par le milieu des affaires, s'est établi en avril à 86,9 points, en légère hausse de 0,2 point sur un mois, selon un communiqué publié jeudi. Les analystes sondés par Factset tablaient de leur côté sur une baisse d'1,5 point.
Les chefs d'entreprise jugent la situation actuelle un peu moins morose, avec une évaluation à son plus haut niveau depuis huit mois. Elle demeure toutefois faible, dans une économie marquée par deux années de récession.
Mais les entrepreneurs restent prudents : leurs attentes à six mois ont légèrement reculé, en raison des tensions douanières avec les États-Unis.
L'économie allemande devrait avoir légèrement rebondi lors du premier trimestre 2025 avant un nouveau revers attendu lors du trimestre en cours, a averti de son côté la Banque fédérale d'Allemagne dans son bulletin mensuel.
Le gouvernement sortant présente également ses prévisions révisées de croissance pour 2025 et 2026.
Selon les médias allemands, l'économie devrait stagner cette année. Berlin a déjà réduit à 0,3% sa prévision de décembre.
Cette semaine, le FMI a anticipé une stagnation de l'économie allemande cette année, selon ses prévisions de printemps.
Si les mois d'hiver ont été portés par l'industrie, le bâtiment et une consommation privée en modeste reprise, la conjoncture en Allemagne reste toutefois "globalement faible", juge la "Buba" : la demande étrangère pour les produits made in Germany reste faible, ce qui conduit à sous-utiliser les capacités industrielles et freiner les investissements.
Le marché du travail montre aussi des signes de faiblesse, pesant sur la consommation.
Les effets d'un soutien budgétaire allemand en centaines de milliards d'euros, pour muscler la défense et moderniser les infrastructures, ne se feront sentir qu'avec retard, prévient la Bundesbank.
La hausse surprise de l'indice IFO ne change pas fondamentalement la donne, l'économie allemande, basée sur son modèle exportateur, devant "se préparer à des turbulences", analyse Clemens Fuest, président de l'institut IFO.
Le président américain Donald Trump a annoncé ces derniers mois une série d'augmentations de droits de douanes, d'abord sur certains produits comme l'acier et les voitures, puis une surtaxe douanière de 10% sur toutes les importations le 2 avril, avant de décréter une pause de 90 jours sur les droits supplémentaires plus élevés pour des dizaines de pays.
"Les entreprises oscillent toujours entre espoir et inquiétude quant aux conséquences des hausses de droits de douane décidées par les États-Unis", ce qui pèse déjà sur les attentes en matière d'exportations, selon Ulrich Kater, chez DekaBank.
"Nous continuons de tabler sur une nouvelle année de stagnation – ce qui marquerait la première fois que l'Allemagne connaîtrait trois années consécutives sans croissance", conclut Carsten Brzeski, chez ING.
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