
Le Premier ministre Francois Bayrou, le 24 juillet 2025 à Angers, dans l'ouest de la France ( AFP / Damien MEYER )
"Reddition", "racket", "défaite": la classe politique française était unanime lundi à dénoncer l'accord commercial conclu la veille entre l'Union européenne et les États-Unis, les oppositions critiquant tout particulièrement la macronie.
Emmanuel Macron, partisan d'une ligne ferme face aux Etats-Unis ces derniers mois, n'avait pas encore réagi lundi en début de soirée, mais son Premier ministre François Bayrou a déploré sur X "un jour sombre " pour l'Europe, une "alliance de peuples libres, rassemblés pour affirmer leurs valeurs et défendre leurs intérêts", qui se "résout à la soumission".
Les critiques étaient vives y compris au sein du camp présidentiel, où certains déploraient un "aveu de faiblesse".
"C'est une défaite de la Commission européenne qui n'a pas su créer le rapport de force et défendre correctement les intérêts européens", a réagi Pieyre-Alexandre Anglade, député macroniste et président de la commission des Affaires européennes de l'Assemblée nationale.
Même son de cloche du côté de Roland Lescure, vice-président de l'Assemblée nationale et député Renaissance des Français d'Amérique du Nord, qui déplore "un aveu de faiblesse historique qui fait peser un danger vital sur nombre de nos entreprises. Nous avons perdu la guerre commerciale avant même d'oser la mener".
"Cette faiblesse (...) résulte de mauvais choix qui n'assurent ni la souveraineté ni la prospérité du continent", a affirmé pour sa part Michel Barnier, ancien Premier ministre LR et négociateur du Brexit.
Le ministre de l'Intérieur et patron de LR Bruno Retailleau a lui considéré que cet accord était "une très mauvaise nouvelle pour l'Europe". "Il est le symptôme d'un problème : celui de (sa) faiblesse et de sa dépendance malsaine vis-à-vis des États-Unis."
"Ce n'est pas un accord, c'est du racket ! (...) La France ne peut pas le tolérer", a lancé de son côté Laurent Wauquiez, chef de file des députés LR.
- Double jeu -
Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont arraché dimanche en Ecosse un accord douanier prévoyant que les produits européens exportés aux Etats-Unis soient taxés à 15%. Les Européens espèrent à ce prix éviter une escalade commerciale.
L'UE s'engage à 750 milliards de dollars d'achats d'énergie, visant notamment à remplacer le gaz russe, et à 600 milliards d'investissements supplémentaires aux États-Unis.
Les oppositions ont quant à elles non seulement dénoncé l'accord mais attaqué l'exécutif pour sa supposée inaction.
"Il y a des tweets qui résonnent comme des aveux d'impuissance. Un Premier ministre de la France ne se contente pas de pleurnicher" sur les réseaux sociaux, a taclé Olivier Faure, le premier secrétaire du PS. "Il prend des positions, défend nos intérêts et organise la confrontation avec Ursula Von der Leyen au sein de l'Union européenne."

Manuel Bompard, le coordinateur de La France insoumise (LFI), le 7 juillet 2025 à Paris ( AFP / Guillaume BAPTISTE )
"La France doit refuser cette capitulation plutôt que de se comporter comme une bande de commentateurs sans influence", a abondé Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise.
L'extrême droite a rejoint la gauche dans le choeur des critiques.
"Ursula von der Leyen a accepté hier la reddition commerciale de l'Europe, au détriment de nos exportateurs, agriculteurs et industriels", a dénoncé Jordan Bardella, le président du Rassemblement national. La veille, Marine Le Pen avait évoqué "un fiasco politique, économique et moral".
Certains ont pointé le double jeu du RN, qui déplore l'accord malgré ses affinités avec le président américain.
"Les alliés de Marine Le Pen sont allés au congrès du parti républicain (américain, NDLR) soutenir Donald Trump (...) Madame Le Pen, monsieur Bardella" ont pris "Trump comme modèle", a fustigé l'ex-ministre macroniste Clément Beaune, désormais à la tête du Haut-commissariat au Plan.
"Message personnel à la Macronie : l'âne n'est pas celui qui propose un deal incroyablement déséquilibré à son propre profit mais celui qui l'accepte à son total détriment !", a rétorqué lundi Marine Le Pen.
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