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Cambodge-Thaïlande: une trêve fragile met fin aux affrontements
information fournie par AFP 29/07/2025 à 11:25

Des immigrés cambodgiens en Thaïlande rentrent dans leur pays par le poste frontière de Doung, le 28 juillet 2025 ( AFP / Chor Sokunthea )

Des immigrés cambodgiens en Thaïlande rentrent dans leur pays par le poste frontière de Doung, le 28 juillet 2025 ( AFP / Chor Sokunthea )

Les combats ont cessé à la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande, bien que les deux camps ont continué mardi de se disputer sur des accusations de violations du cessez-le-feu entré en vigueur après environ une semaine d'affrontements sanglants.

L'armée thaïlandaise a accusé ses adversaires d'avoir violé la trêve à de multiples endroits, dans des assauts qui ont pris fin au petit matin, ce que Phnom Penh a démenti. Depuis, aucun heurt n'a été signalé, et des responsables militaires des deux côtés se sont rencontrés.

"Il y a eu une escarmouche, mais tout s'est résolu quand les commandants se sont rencontrés", a affirmé mardi à la presse le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim, qui a facilité l'accord de paix.

Les rancoeurs entre la Thaïlande et le Cambodge liées à leur différend territorial, qui tire ses racines du temps de l'Indochine française, sont tenaces, et le récent épisode de violences a atteint une intensité rarement vue ces dernières décennies.

Les affrontements, étalés sur plusieurs fronts parfois séparés par des centaines de kilomètres les uns des autres, ont tué au moins 43 personnes, et provoqué le déplacement d'environ 330.000 civils, selon des données actualisées mardi.

Le Premier ministre thaïlandais par intérim Phumtham Wechayachai, et son homologue cambodgien Hun Manet se sont mis d'accord lundi sur une trêve à partir de minuit (17H00 GMT), à la suite d'une médiation malaisienne, encouragée par les Etats-Unis et la Chine.

L'accord de paix est "immédiat et inconditionnel", a souligné lundi Anwar Ibrahim, mais le lendemain, Bangkok et Phnom Penh ont continué de s'invectiver.

Les assauts attribués aux Cambodgiens par les Thaïlandais constituent "soit un acte délibéré, soit un manque de discipline militaire", a jugé M. Phumtham. "Notre armée est disciplinée, et je pense que nous avons respecté notre partie", a-t-il ajouté.

Il n'y a eu "aucun affrontement armé (...) dans quelque région que ce soit", a jugé, côté cambodgien, la porte-parole du ministère de la Défense Maly Socheata. "Les forces cambodgiennes ont respecté le cessez-le-feu", a-t-elle insisté.

- Médiation malaisienne -

Malgré l'accusation et le démenti, des commandants militaires locaux des deux camps se sont rencontrés, conformément à ce que stipule l'accord, ont indiqué les deux capitales.

Bangkok a salué la reprise du dialogue bilatéral, sans préciser quand les nombreuses personnes déplacées seraient autorisées à rentrer chez elles. "La situation est toujours fragile", a indiqué Maratee Nalita Andamo, une porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères.

Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim (centre) donne une conférence de presse aux côtés de ses homologues cambodgien Hun Manet (à gauche) et thaïlandais Phumtham Wechayachai (à droite) le 28 juillet 2025 à Putrajaya, en Malaisie ( POOL / MOHD RASFAN )

Le Premier ministre malaisien Anwar Ibrahim (centre) donne une conférence de presse aux côtés de ses homologues cambodgien Hun Manet (à gauche) et thaïlandais Phumtham Wechayachai (à droite) le 28 juillet 2025 à Putrajaya, en Malaisie ( POOL / MOHD RASFAN )

Les relations entre la Thaïlande et le Cambodge, unis par d'importants liens économiques et culturels, sont au plus bas depuis des décennies. Avant que les affrontements éclatent, des mesures prises par les deux gouvernements ont réduit drastiquement la circulation des marchandises et des personnes, sur fond de flambée du discours nationaliste.

Des habitants des deux pays interrogés par l'AFP ont partagé leur espoir et leur méfiance à l'annonce de la trêve.

"J'ai vu les photos des deux dirigeants (thaïlandais et cambodgien) se serrer la main. J'espère juste que ce n'est pas une opération marketing avec des sourires de façade, et que ces mains ne donneront pas des coups de poignard dans le dos", a déclaré mardi Kittisak Sukwilai, 32 ans, un employé de pharmacie de la province thaïlandaise de Surin (nord-est), proche de la frontière.

La poignée de mains a été possible grâce à la médiation de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l'Association des nations du Sud-Est (Asean), dont la Thaïlande et le Cambodge sont membres. Bangkok et Phnom Penh ont également remercié les Etats-Unis et la Chine pour leur implication.

- "Félicitations à tous!" -

"Félicitations à tous!", a écrit le président américain Donald Trump sur son réseau Truth Social après l'annonce de la trêve, indiquant avoir parlé aux dirigeants des deux pays. "J'ai envoyé l'instruction de reprendre les négociations sur le volet commercial", a-t-il ajouté.

Le dirigeant républicain avait demandé samedi aux deux royaumes de s'entendre, sous peine de geler les discussions portant sur les droits de douane prohibitifs qui doivent frapper ces deux économies dépendantes des exportations le 1er août.

Les deux pays, ciblés par une surtaxe de 36%, ont dit espérer par le passé vouloir sceller un "accord" avec Washington.

"Nous attendons toujours que les Etats-Unis décident ou pas d'accepter notre proposition", a déclaré mardi le ministre thaïlandais des Finances, Pichai Chunhavajira, en charge de conduire les discussions.

L'Union européenne, les Nations unies et la France ont aussi salué lundi l'annonce du cessez-le-feu.

Les affrontements ont officiellement fait 30 morts côté thaïlandais, dont 15 soldats, et 13 morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Plus de 188.000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 140.000 Cambodgiens ont fait de même, d'après Phnom Penh.

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