Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Fermer

A Toulouse, soigner les parents pour protéger les nouveau-nés
information fournie par AFP 12/08/2025 à 08:27

Cristina et son fils Ezio dans le service "Care en Mater" qui aide les familles les plus en difficulté à accueillir un nouveau-né, le 4 août 2025 au centre hospitalier universitaire Purpan de Toulouse ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Cristina et son fils Ezio dans le service "Care en Mater" qui aide les familles les plus en difficulté à accueillir un nouveau-né, le 4 août 2025 au centre hospitalier universitaire Purpan de Toulouse ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Accueillir un nouveau-né peut sembler insurmontable lorsque l'un des parents présente de grandes fragilités, comme la dépression ou la toxicomanie, d'où l'ouverture au CHU de Toulouse d'un nouveau service qui propose désormais d'accueillir les familles les plus en difficulté au sein d'une équipe pluridisciplinaire.

L'unité "Care en Mater" ("care" signifie "soin" en anglais) propose ainsi depuis le printemps cinq lits à ces familles en position de grande vulnérabilité, pour un maximum de 28 jours après la naissance, afin de les accompagner au mieux dans ce moment de bascule pour leur porter assistance ainsi que protéger l'enfant.

"L'Occitanie ne pouvait pas rester sans une unité parent-bébé", explique la pédopsychiatre Ludivine Guérin, qui a contribué à porter le projet, en gestation depuis 2020.

Jusqu'ici, les parents en difficulté étaient notamment pris en charge dans des hôpitaux psychiatriques.

- "J'ai détesté être enceinte" -

Cristina tient dans ses bras son fils Ezio aux côtés des personnels du service "Care en Mater" au centre hospitalier universitaire Purpan de Toulouse le 4 août 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Cristina tient dans ses bras son fils Ezio aux côtés des personnels du service "Care en Mater" au centre hospitalier universitaire Purpan de Toulouse le 4 août 2025 ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

"J'ai détesté être enceinte", confie Cristina, 43 ans, passée il y a quelques mois par ce service avec son petit Ezio et son papa Stéphan. Sujette pendant toute sa grossesse à de violents et incessants vomissements, cette responsable inventaire dans une entreprise toulousaine n'a "pas du tout investi (sa) grossesse", elle qui était pourtant tellement "impatiente d'être maman".

"On vomit tout le temps, tout le temps, tout le temps. A un moment donné, on se dit que bébé ne peut pas grandir dans ces conditions, donc pour se protéger, on se dit qu'il va forcément disparaître et on n'y croit pas", explique-t-elle.

Alors, vers le sixième mois de grossesse, un médecin inquiet lui propose de rejoindre cette équipe dédiée, après son accouchement. A l'arrivée d'Ezio, elle est donc prise en charge pendant quinze jours par l'équipe de Care en Mater, qui rassemble notamment pédopsychiatres, psychologue, psychomotricienne et assistante sociale.

Care en Mater reçoit des patients qui tombent dans quatre grandes catégories, détaille la Dre Guérin: des personnes atteintes de troubles anxieux ou dépressifs, souffrant de maladies psychotiques chroniques (schizophrénie, bipolarité), présentant des troubles de la personnalité (qui ne sont "pas des maladies, mais des constructions dans l'enfance avec des grosses difficultés à réguler ses émotions"), ou des "carences psychosociales, avec notamment de la toxicomanie".

"Pour ces familles, il faut mettre de gros moyens dès le départ", explique-t-elle. "On change les règles de l'hôpital. On sert par exemple le petit-déjeuner quand la famille se réveille (et pas à heure fixe, ndlr), les pédiatres essaient de ne pas réveiller les bébés..."

- Le bébé "ne regarde pas sa mère" -

Un vendredi de juillet, Elisa (prénom modifié) arrive la première, avec son bébé, à l'atelier intitulé "Présentez vos enfants". Schizophrène, elle suit un lourd traitement neuroleptique.

Entre ensuite Josie, endormie dans son berceau à roulettes, poussée par ses parents Sébastien et Jennifer (prénoms modifiés). Sa mère, sujette à dépression et dont plusieurs enfants d'unions précédentes ont dû être placés, montre des difficultés d'attachement.

Cristina et son fils Ezio dans le service "Care en Mater" qui aide les familles les plus en difficulté à accueillir un nouveau-né, le 4 août 2025 au centre hospitalier universitaire Purpan de Toulouse ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

Cristina et son fils Ezio dans le service "Care en Mater" qui aide les familles les plus en difficulté à accueillir un nouveau-né, le 4 août 2025 au centre hospitalier universitaire Purpan de Toulouse ( AFP / Lionel BONAVENTURE )

"Josie ne regarde pas du tout sa mère", note la sage-femme une fois les parents partis. "Des bébés de 15 jours qui évitent activement le regard de leurs parents, alors qu'ils nous regardent nous les soignants, c'est assez incroyable", souligne de son côté Ludivine Guérin.

"Un bébé qui ne va pas bien fait beaucoup moins de bruit qu'un adolescent qui casse tout", explique l'autre pédopsychiatre du service, Lola Villetorte. "Il va se mettre en retrait, dormir, se faire oublier, moins manger, ne va pas regarder" ses parents, des signes ténus qui traduisent un risque que l'enfant "se développe mal et ait plus de vulnérabilité à l'adolescence et à l'âge adulte", poursuit-elle.

Agir dès la détection de ces signaux est impératif, soulignent les pédopsychiatres. "Il y a une plasticité neuronale jusqu'à 18 mois, donc plus les soins intensifs de rééducation sont effectués tôt, y compris de psychomotricité, plus ça donne des chances à l'enfant de compenser certaines difficultés ensuite", note Ludivine Guérin.

Après l'atelier, la pédopsychiatre appelle une ancienne patiente pour prendre de ses nouvelles. La jeune mère atteinte d'un trouble borderline raconte au téléphone avoir eu une crise d'angoisse le matin même, au point de ne plus pouvoir s'occuper de son enfant. "C'était exactement ce que je craignais qu'il m'arrive", dit-elle, avant de demander: "Vous pensez que c'est grave, ces crises d'angoisse?"

"Vous avez un trouble borderline donc vos peurs, vous les ressentez puissance mille. Prendre du recul comme vous l'avez fait, c'est ce qu'il faut faire. Ça ne veut pas dire que vous n'êtes pas une bonne maman", rassure Ludivine Guérin.

"Vous pouvez revenir quelques jours", suggère doucement la psychiatre avant de raccrocher.

1 commentaire

  • 10:53

    "Schizophrène, elle suit un lourd traitement neuroleptique". Dommage qu'on ne lui ait pas prescrit une contraception au milieu des neuroleptiques. La schizophrènie, est quand même la plus grave des maladies psychiatriques, et il n'y a aucun espoir de guérison. Au mieux on l'équilibre... quelques temps....


Signaler le commentaire

Fermer

A lire aussi

  • Des personnes s'abritent du soleil à l'ombre d'un pont à Toulouse le 11 août 2025  ( AFP / Lionel BONAVENTURE )
    information fournie par AFP 12.08.2025 11:34 

    La France continue de suffoquer avec 14 départements du sud-ouest et du centre-est en vigilance rouge canicule mardi, une vague de chaleur exceptionnelle, même pour un mois d'août, qui pousse les autorités à multiplier les mesures de précaution. Le Rhône, l'Isère, ... Lire la suite

  • Erling Haaland de Manchester City (gauche) et Illia Zabarnyi de l'AFC Bournemouth
    information fournie par Reuters 12.08.2025 11:22 

    Le Paris Saint-Germain (PSG) a signé un contrat de cinq ans avec Illia Zabarnyi, arrière central du club de Premier League Bournemouth, a déclaré mardi le club francilien. Le joueur de 22 ans devient ainsi le premier Ukrainien à rejoindre l'actuel champion d'Europe. ... Lire la suite

  • Une vue montre la capitale ukrainienne Kyiv
    information fournie par Reuters 12.08.2025 11:20 

    A trois jours du sommet Trump-Poutine en Alaska, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'Union européenne, à l'exception du Premier ministre hongrois Viktor Orban, ont réaffirmé mardi la nécessité pour l'Ukraine de pouvoir choisir son avenir. ... Lire la suite

  • Illustration shows Valneva logo
    information fournie par Reuters 12.08.2025 11:17 

    Valneva s'envole mardi à la Bourse de Paris après avoir publié des résultats semestriels jugés "solides", portés notamment par les ventes de son vaccin Ixiaro/Jespect. Vers 08h30 GMT, le titre Valneva gagnait 9,6% après avoir grimpé jusqu'à plus de 13% plus tôt ... Lire la suite

Pages les plus populaires