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La nouvelle vie des hôtels transformés en centres d’hébergement d’urgence
information fournie par Le Figaro 10/07/2018 à 06:00

EN IMAGES - Une soixantaine d’hôtels Formule 1 ont été transformés en centres d’hébergement. Des migrants et des personnes en «grandes difficultés» vivent sur place. Le Figaro Immobilier a visité deux de ces centres en région parisienne.

Rien n’a changé de l’extérieur, ou presque. Seule l’enseigne qui indiquait la présence d’un hôtel bon marché a disparu. Mais derrière la façade grise de l’ancien Formule 1, un nouveau centre d’hébergement a vu le jour. Situé aux limites de la banlieue parisienne, à Conflans-Sainte-Honorine, le lieu accueille une partie des migrants rescapés des camps de fortunes de la capitale. Non loin, à Cergy-Pontoise, un autre hôtel abrite des «personnes en grandes difficultés». SDF, femmes seules, familles monoparentales: tous ont trouvé un point de chute dans les murs du HUAS (Hébergement d’urgence avec accompagnement) de la commune du Val-d’Oise.

Au total, 59 hôtels Formule 1 ont fait place à des centres d’accueil en France l’année dernière. Souvent coincés entre la ville et la périphérie, ces lieux étaient le théâtre de la crise qui frappe l’hébergement d’urgence dans l’Hexagone. Faute de places suffisantes ailleurs, les plus démunis - des demandeurs du droit d’asile aux personnes isolées - s’y retrouvaient. Les premiers ont été dirigés vers les établissements Prahda (Programme d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile) et les seconds vers les HUAS. Question d’efficacité: «les centres ont pour vocation à accompagner les habitants dans leurs démarches administratives ou financières» explique Romuald Likibi, directeur du centre de Conflans-Sainte-Honorine.

Une fois entré dans le bâtiment des Yvelines, on peine à croire qu’il ait pu servir d’hôtel. Les travaux ont métamorphosé l’intérieur: des bureaux ont été aménagés pour les intervenants sociaux ; des chambres ont laissé place à des laveries collectives, des cuisines, enfin, ont été créées à chaque étage pour les résidents. L’immeuble de trois étages ne possède plus que 88 chambres: c’est deux fois moins qu’au temps du Formule 1, où un panneau lumineux attirait les automobilistes de la Nationale 184.

Une à trois personnes occupent les logements. Les chambres sont rudimentaires: un lit double pour les familles - individuel pour les autres -, un mini-frigo et une armoire cadenassée. Le centre met à disposition une pièce supplémentaire pour les ménages, qui sert généralement de salon ou d’espace de rangement. Des cas plutôt rares dans le centre de Conflans-Sainte-Honorine: près de 93% des résidents sont des personnes isolées, et 91 % sont des hommes. «Nous hébergeons principalement des Afghans, des Soudanais et des Guinéens» développe Romuald Likibi, sous l’œil des journalistes et photographes venus visiter le centre.

«Comment peut-on trouver un travail sans connexion internet?»

Du côté de Cergy-Pontoise, le bâtiment du centre HUAS partage les mêmes caractéristiques. Mais ici, c’est une majorité de femmes qui occupent les lieux. Souvent avec des nourrissons à charge, ces habitantes ont été placées par le SIAO (Services intégrés de l’accueil et de l’orientation) dans l’établissement. Elles restent en moyenne entre 18 et 24 mois, le temps d’améliorer leur situation financière. «Les intervenants sociaux ont pour mission d’aider les résidents dans leurs recherches d’emploi», abonde Marie-Hélène Millois, directrice adjointe du centre. L’absence de réseau Wi-Fi est pointée par une habitante, qui vit avec son bébé dans l’HUAS depuis plusieurs mois. «Comment peut-on trouver un travail sans connexion Internet?», peste-elle, se plaignant aussi de l’étroitesse des mini-frigos: «on ne peut rien stocker, et cela nous coûte plus cher au quotidien». Gilles Furno, représentant du bailleur social Adoma - qui gère le centre - nous explique qu’il serait difficile d’installer des frigos collectifs dans les cuisines. «Et pour la Wifi, nous sommes bien conscients du problème. D’autant plus dans les Pradha, où les résidents cherchent à communiquer avec leur famille à l’étranger» précise-t-il.

Avec l’appui des investisseurs du fond Hémisphère (Aviva France, BNP Paribas, Caisse des dépôts, CNP Assurances, PRO BTP...) Adoma a réaménagé la soixantaine d’hôtels Formule 1. Près de 130 millions d’euros ont été débloqués pour l’opération. La filiale de CDC Habitat a répondu à un appel d’offres de l’État, qui demandait la création de 10.000 places supplémentaires d’hébergement d’urgence. Adoma en a déjà ouvert 6000 sur l’ensemble du territoire, et devrait continuer dans les années à venir. Pour son directeur général, Jean-Paul Clément, ces centres proposent des solutions «alternatives de mise à l’abri des plus démunis, associant hébergement digne et sécurisé avec de l’accompagnement social».

L’ouverture des centres d’hébergements n’a pourtant pas échappé aux critiques. En particulier de certaines mairies, qui disent ne pas avoir été assez consultées avant la transformation des hôtels. Le maire de Chanas (Auvergne-Rhône-Alpes) avait ainsi déclaré «illégale» l’arrivée d’un centre dans sa commune. «Il y a des réticences, oui. Mais à l’arrivée, nous parvenons à convaincre la majorité des maires de l’importance du projet» répond Jean-Paul Clément.

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