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«95% de fruits et légumes» français dans ses hypermarchés: le nouveau défi de Carrefour
information fournie par Le Figaro 04/03/2019 à 11:22

«95% de fruits et légumes» français dans ses hypermarchés: le nouveau défi de Carrefour (Crédits photo: Heder Neves - Unsplash)

«95% de fruits et légumes» français dans ses hypermarchés: le nouveau défi de Carrefour (Crédits photo: Heder Neves - Unsplash)

Dans une interview accordée à nos confrères de RTL, Alexandre Bompard, président - directeur général de Carrefour a annoncé que «95% des fruits et des légumes» présents sur les étals des hypermarchés du groupe, seront «à terme» produits en France. Cet objectif ambitieux se heurte à de nombreuses questions...

Ce n'est pas une nouveauté mais une confirmation qu'est venu apporter jeudi Alexandre Bompard au micro de RTL. Le président-directeur Général de l'enseigne française a affirmé vouloir augmenter le volume des fruits et légumes, produits en France, sur les étals de ses hypermarchés. Pour ce faire, pas moins de 50 millions d'euros seront investis «dès cette année» auprès d'agriculteurs français. Cet engagement financier permettra à Carrefour d'augmenter de 10% la quantité de fruits et légumes français disponibles à la vente.

Cette ambition assumée s'inscrit dans une relation de long terme, engagée depuis plusieurs années, entre le groupe alimentaire et 18,000 producteurs et éleveurs. Alexandre Bompard s'en est réjoui, arguant des bienfaits des «circuits courts» qui favorisent les petits producteurs et les rémunèrent au juste prix. La politique commerciale de Carrefour pose cependant de nombreuses questions. Augmenter le volume des produits français est un objectif réalisable mais il implique des changements considérables...

Une offre saisonnière moins diversifiée

La mondialisation a profondément bouleversé nos habitudes de consommation, en habituant le consommateur à une offre abondante et diversifiée. Le rythme des saisons a disparu de nos supermarchés: oranges et kiwi en été, fraises et melon en hiver, le consommateur a l'embarras du choix! Les importations de pays étrangers, provenant parfois de l'autre bout du monde, compensent l'absence saisonnière de certains produits. Mais le projet «made in France», sur lequel travail Carrefour depuis Janvier 2018, remet en cause ce schéma. La priorité donnée aux fruits et légumes français, incite davantage à en respecter les cycles saisonniers.

Pour le comprendre, prenons un exemple. Avec près de 14 kg par ménage et par an, la tomate est le premier légume le plus consommé par les Français, selon les chiffres de l'INSEE. Pas moins de 550,000 tonnes sont produites chaque année, provenant pour le tiers d'entre elles de Bretagne. Mais, passé la pleine saison, de mai à septembre, les tomates de l'industrie agroalimentaire espagnole ou marocaine abondent sur les étals français. Si 95% des produits disponibles proviennent effectivement de France, les clients seront amenés à favoriser des produits de saisons: la tomate espagnole ou marocaine se fera de plus en plus rare hors saison.

Un récent sondage réalisé par l'institut BVA indique que les Français sont déjà attentifs à ces enjeux. Ainsi, pas moins d'un Français sur deux affirme prendre en compte systématiquement la saisonnalité des produits. Et 90% se disent attentifs à privilégier des produits français.

Contacté par Le Figaro, Carrefour confirme que certains produits, pas encore «sourcés» en France, seront désormais moins présents sur ses étals. C'est le cas des agrumes par exemple. Pour y remédier, le groupe a pour projet de développer davantage ses filières en France notamment celle de la clémentine en Corse. La fraise française sera aussi amenée à remplacer totalement la fraise espagnole. Marc Duret, directeur partenariat PME et monde agricole de Carrefour, estime pour sa part qu'un «effort de pédagogie» envers le consommateur est indispensable. «On ne peut pas proposer des tomates toute l'année» déclare-t-il. Confiant en la compréhension des consommateurs, Marc Duret indique que la nouvelle offre commerciale de Carrefour émane d'une «demande» des consommateurs eux-mêmes.

Des produits plus chers

Mais la qualité des fruits et légumes «made in France» a un prix. Le coût de la main-d'œuvre française est la plus élevée d'Europe: il faut ainsi compter 13 à 14 euros pour une heure de travail agricole en France, contre 6 en Espagne. Cet écart, dénoncé par la Fédération nationale des producteurs de légumes, se ressent directement dans les prix pratiqués. À ce titre, la base de données mondiale, Numbeo est éclairante: le prix moyen d'un kilo de tomate en France s'élève à 3,20 euros contre 1,49 de l'autre côté des Pyrénées. Cette tendance de fond s'applique à la majorité des fruits et légumes français. Avec une présence quasi monopolistique des fruits et légumes français dans ses magasins, les clients de Carrefour devront mettre la main à la poche.

L'objectif annoncé par Carrefour laisse donc peu de place à la concurrence étrangère sur les produits de saison. Dans un mécanisme économique respecté, la diminution de l'offre de fruits et légumes étrangers provoquera une augmentation mécanique de leur prix.

Pour l'interprofession des fruits et légumes frais, les éléments avancés par Carrefour sont «intéressants». Contacté par Le Figaro, Laurent Grandin estime que l'enjeu n'est pas tant économique que de santé publique. Il rappelle que seulement 25% des adultes mangent cinq fruits et légumes par jour, contre 6% des enfants: un constat alarmant qui oblige à «doubler la consommation de fruit et légume» dans les années à venir.

De son côté, Carrefour assume ses choix. Marc Duret assure que l'investissement réalisé par l'enseigne permettra «une plus grande proximité» entre les fournisseurs et les hypermarchés, situés à «moins de 50 ou 100 kilomètres». Ce rapprochement géographique aura pour conséquence directe de réduire le coût de transport des marchandises, amortissant ainsi la hausse des prix.

2 commentaires

  • 04 mars 16:19

    Euh, le circuit court n'a aucun "rationnel" ? Ben on voit que tu n'as pas de paysans dans ta famille. Moi j'en connais qui trouvent qu'acheter de stomates en février c'est du non sens. Carrefour ne fait que mettre des mots sur le simple bon sens que certains ne voient pas. Tant pis pour eux. C'est comme ceux qui passent à la caisse électronique : bien fait pour les caissières licenciées. On n'a que le monde qu'on mérite


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