Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Boom des rachats d’actions par les entreprises : bon ou mauvais signal ?
information fournie par Le Cercle des économistes 13/12/2021 à 08:07

Valérie Mignon
Valérie Mignon

Valérie Mignon

Université Paris Nanterre, EconomiX-CNRS et CEPII

Professeur de sciences économiques

https://www.parisnanterre.fr/portail-institutionne

(Crédits photo : Adobe Stock -  )

(Crédits photo : Adobe Stock - )

Le rachat d'actions par les entreprises est, avec l'essor des SPACS, le dernier mouvement à la mode sur les marchés financiers. Plus loin que l'intérêt fiscal, Valérie Mignon explique pourquoi il est difficile d'analyser les signaux envoyés par une entreprise qui rachète ses propres titres.

Si les plans de rachats d'actions sont nettement plus répandus aux États-Unis qu'en Europe, ces opérations se développent de plus en plus en France, même si cette dynamique s'est vue fortement entravée par la crise sanitaire. Cette pratique consiste, pour une société cotée en bourse, à racheter une quantité donnée de ses propres actions – dans la limite de 10 % de son capital en France – puis, dans la plupart des cas, à les détruire, conduisant mécaniquement à une réduction du nombre d'actions et du capital social de l'entreprise émettrice. Quels sont les effets attendus ?

A lire aussi : le rachat d'actions par l'entreprise, est-ce toujours une bonne affaire pour l'actionnaire ?

Cette double réduction du nombre d'actions et du capital a pour conséquence un accroissement de certains ratios financiers clés comme le bénéfice par action, le rendement et les cash-flows. Le rachat d'actions profite en conséquence à l'actionnaire qui voit ainsi son bénéfice par action et son dividende augmenter. Cet effet relutif s'accompagne fréquemment d'une hausse des cours des titres concernés. Les augmentations des ratios financiers tendent en effet à attirer les investisseurs ; l'accroissement de la demande tirant dès lors à la hausse le cours des actions en question. Cette dynamique –  « artificielle », car résultant d'un effet mécanique – permet en outre aux entreprises de revaloriser leurs actions qu'elles jugent sous-évaluées.

L'importance du profil de la société qui rachète ses actions

Au-delà de ces effets et de l'opportunité fiscale, quels sont les signaux envoyés par une entreprise rachetant ses propres actions ? La réponse est loin d'être évidente. Tout d'abord, le rachat d'actions peut être perçu négativement, c'est-à-dire comme reflétant un manque de perspectives en termes d'investissement, de projets de développement et de stratégie de la part des entreprises concernées à moyen/long terme. Cet effet est d'autant plus accentué que la politique de rachat d'actions est répétitive et, surtout, que celle-ci freine l'investissement des entreprises. Une société rachetant ses actions peut ainsi laisser penser qu'elle a atteint ses limites en termes de croissance et n'a pas trouvé de meilleur moyen d'investir sa trésorerie.

Toutefois, la nature de la firme importe fortement. En effet, si la société rachetant ses actions est une jeune entreprise en croissance, le signal envoyé est mauvais au sens où il n'augure pas de perspectives de développement favorables. En revanche, s'il s'agit d'une firme mature, bien établie, le signal est tout autre puisque l'entreprise montre alors qu'elle est confiante en son avenir et qu'elle est à même de racheter ses actions tout en continuant à investir et innover. Il n'est qu'à prendre l'exemple d'Apple qui est l'une des sociétés pratiquant le plus le rachat d'actions.

Même si l'Europe est très en retrait par rapport aux États-Unis en termes de rachats d'actions, il est fort probable que cette pratique gagne du terrain, en particulier en France. Mis en sommeil avec la crise sanitaire du fait notamment des aides gouvernementales instaurées, d'importants plans de rachats d'actions ont d'ores et déjà été annoncés pour 2021 et 2022, à l'instar de Carrefour, L'Oréal ou LVMH. Dans la phase actuelle de reprise, les signaux envoyés sont perçus positivement, indiquant que les entreprises ont traversé la crise et anticipent de bons résultats.

Au total, il n'est pas possible de raisonner dans l'absolu pour conclure si le signal envoyé par les rachats d'actions est positif ou négatif, mais il convient, pour interpréter correctement cette pratique, de prendre en compte la nature de la société et la phase du cycle dans laquelle se trouve l'économie.

8 commentaires

  • 17 décembre 18:34

    Le rachat d'action avec réduction du capital permet à l'actionnaire de faire son métier: l'allocation optimale du capital. Une entreprise n'est pas éternelle, condamnée à croître sans fin. Son marché peut se réduire ou même disparaître. Alors il vaut mieux gérer cette fin d'activité que d'attendre l'effondrement avec destruction de valeur.Apple rachète ses actions : très bien ! L'argent rendu sera mieux investi ailleurs.


Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.