Aller au contenu principal Activer le contraste adaptéDésactiver le contraste adapté
Plus de 40 000 produits accessibles à 0€ de frais de courtage
Découvrir Boursomarkets
Fermer

Une relance des banques centrales par l’annulation des dettes publiques : pourquoi pas ?
information fournie par Boursorama 10/08/2016 à 15:53

A l'avenir, la relance des banques centrales pourrait passer par l'annulation des titres de dettes publiques affirme Pictet AM, qui s'intéresse au cas du Japon, très semblable au cas européen.

A l'avenir, la relance des banques centrales pourrait passer par l'annulation des titres de dettes publiques affirme Pictet AM, qui s'intéresse au cas du Japon, très semblable au cas européen.

Depuis la crise de 2008, les grandes banques centrales ont toutes fait le choix de la relance par le « quantitative easing », mais les résultats de cette politique monétaire restent mitigés. La société de gestion Pictet AM réfléchit à la prochaine étape qui pourrait être une relance économique des banques centrales par l'annulation des dettes publiques.

Depuis quelques mois circule l'idée selon laquelle les banques centrales, ayant déjà tout tenté pour embellir la conjoncture économique, commenceraient à perdre leur pouvoir d'influence sur l'économie et les marchés.

Taux zéro + quantitative easing : une solution qui s'essouffle

En cause : le sentiment que les actuelles politiques de relance monétaire, associant taux zéro et plans ambitieux de « quantitative easing », c'est-à-dire d'achats réguliers d'actifs sur les marchés de la part des banques centrales, ne parviennent pas ou plus à engendrer la relance économique escomptée.

Cette critique n'est pas nouvelle, mais a pris de l'ampleur depuis le début de l'année 2016. En effet, le Japon et la zone euro ne parviennent pas à sortir de leur situation d'inflation zéro et de croissance molle, malgré de nouvelles mesures de relance annoncées en janvier (abaissement des taux directeurs de la Banque du Japon en territoire négatif) et en mars (renforcement du « quantitative easing de la BCE).

« L'adoption surprise de taux d'intérêt négatifs en janvier [par la Banque du Japon] s'est révélée incapable d'enrayer la chute récente des prix à la consommation, laquelle a atteint son paroxysme en mai, enregistrant la plus forte baisse depuis trois ans » souligne ainsi Pictet AM dans une note de conjoncture diffusée mardi 9 août, jugeant que le « programme d'assouplissement monétaire quantitatif et qualitatif (QQE) mené depuis 2013 [au Japon] s'est révélé inefficace ».

La société de gestion poursuit : « Toute initiative plongeant les taux d'intérêt en territoire encore plus négatif aggravera le mécontentement des institutions financières [c'est-à-dire notamment des banques], qui font face à un repli des rendements de leurs actifs assorti d'une contraction des marges de prêt ».

Cette problématique japonaise se retrouve à l'identique en zone euro, où l'adoption de taux très faibles voire négatifs par la BCE met la pression sur les profits bancaires et réduit la rémunération de l'épargne des ménages, ce qui pousse certains particuliers à épargner davantage pour compenser l'absence de rémunération de leurs placements : exactement le contraire de l'effet recherché.

Tout espoir n'est pourtant pas perdu : certains économistes dressent même un bilan plutôt positif de la politique de relance de la BCE depuis son lancement en mars 2015, et la Banque d'Angleterre a récemment choisi cette même recette (accélération du « quantitative easing » et abaissement des taux) pour contrer les effets du Brexit. Reste à savoir si ce choix parviendra à porter ses fruits.

L'étape suivante : l'hélicoptère monétaire ?

Quelle que soit l'appréciation de la situation, les banques centrales elles-mêmes ont commencé à prendre conscience du fait que de nouvelles solutions doivent être envisagées pour faire face à une éventuelle dégradation significative de la conjoncture économique.

La poursuite du « quantitative easing » n'est pas possible indéfiniment : au Japon par exemple, « Si le programme de rachat d'obligations de la BoJ se poursuit au rythme actuel, les actifs totaux de la banque centrale s'élèveront au niveau historique de 150% du PIB avant la fin du premier semestre de 2020. En outre, elle représentera le poids considérable de 63% du marché des [obligations d'Etat], par rapport à 37% aujourd'hui. Par ailleurs, si la BoJ maintient sa cadence d'achat d'ETF (fonds indiciels côtés), elle pèsera 10% de la capitalisation boursière totale du marché actions japonais » explique Pictet AM.

Pour la société de gestion, qui poursuit sa réflexion sur le cas japonais, « La banque centrale dispose encore de l'arme la plus efficace, et peut-être aussi la plus controversée : l'hélicoptère monétaire », même s'il faut rappeler que le gouverneur de la Banque du Japon a rejeté en juillet l'emploi de cette solution.

Avec l'hélicoptère monétaire, « Les autorités monétaires verseraient de l'argent supplémentaire à la population par le biais de réductions d'impôts, de bons d'achat ou d'une hausse des dépenses publiques. En parallèle, elles [s'engageraient] à ne pas augmenter les impôts à une date ultérieure pour récupérer cet argent. Assurés que ces sommes ne leur seront pas redemandées ultérieurement, les agents économiques se mettraient alors à les dépenser, ce qui stimulerait l'activité économique et l'inflation ».

Cette solution reste néanmoins assez utopique, dans le sens où le versement direct d'argent de la banque centrale aux particuliers poserait d'importants problèmes d'ordre juridique, sans parler des complications sociales pour assurer une distribution égalitaire de cet argent.

L'ultime solution : le rachat et l'annulation des dettes publiques

L'« hélicoptère monétaire » pourrait donc prendre une forme plus simple, mais tout aussi efficace que le versement direct d'argent à la population.

« De notre point de vue, l'approche la plus logique serait une forme d'annulation de la dette (…). Il s'agirait pour la banque centrale d'imprimer des billets pour acheter des obligations d'Etat qui seraient ensuite annulées. Si cette méthode peut sembler excessive, elle l'est beaucoup moins dans le contexte des politiques actuelles » affirment Steve Donzé et Hiroshi Matsumoto, respectivement stratégiste et responsable des investissements chez Pictet AM.

Au Japon notamment, « Cette politique a toutes les chances d'être efficace compte tenu de l'endettement élevé. L'annulation d'une partie de la dette réduirait d'autant l'endettement du pays et améliorerait son profil de crédit. Cela encouragerait également les entreprises et les ménages à réduire leur épargne excédentaire, ce qui favoriserait les investissements privés, la consommation et, par conséquent, l'inflation ».

Par bien des aspects, la situation japonaise est identique à la situation de la zone euro : les solutions monétaires envisageables au Japon pourraient également l'être en Europe.

Steve Donzé et Hiroshi Matsumoto balaient d'un revers de main la question des problèmes liés à l'annulation d'une dette publique par une banque centrale. « L'annulation d'une partie de la dette publique se traduirait par une perte sèche dans le bilan de la banque centrale, dans la mesure où cette création monétaire serait sans contrepartie. Cela étant, les banques centrales ne sont pas soumises aux mêmes contraintes que celles du secteur privé en matière de tests et de ratio de solvabilité ». En effet, une banque centrale ne peut pas faire faillite.

Surtout, « Cela ne serait pas la première fois qu'une banque centrale afficherait des fonds propres négatifs. Selon la Banque des règlements internationaux, les banques centrales du Chili, de la République tchèque et d'Israël ont affiché des fonds propres négatifs pendant plusieurs années sans que cela n'affecte leur fonctionnement ».

Aucun doute que ces arguments se développeront à l'avenir dans les débats économiques pour envisager une suite à donner aux actuels plans de « quantitative easing ».

Xavier Bargue (redaction@boursorama.fr)

Retrouvez tous les articles de la rédaction de Boursorama dans la rubrique dédiée .

45 commentaires

  • 17 août 08:26

    Les épargnants qui n'investissent pas, du fait de la baisse des opportunités d'investissement, et de la frilosité des épargnants dans nos pays vieillissants et peureux face à toute innovation (OGM, Nanotech, Uber, ND des Landes...) sont le problème.


Signaler le commentaire

Fermer

Mes listes

Cette liste ne contient aucune valeur.