Pour Myria AM, la mise en place du ''quantitative easing'' a tendance à faire augmenter les taux longs.
Selon Pierre Bismuth de Myria AM, la remontée des taux d’intérêt à long terme qui a eu lieu des dernières semaines était relativement prévisible même si le mouvement a pu surprendre par sa rapidité.
Hier, Lyxor AM et Groupama AM revenaient sur la récente hausse des taux obligataires en Europe. Mercredi 29 mai, Myria AM traitait du même sujet dans une note de conjoncture avec quelques nuances.
Origine du « krach obligataire » : Bill Gross et taux allemands trop bas
Pour Myria AM, « plusieurs événements sont à l’origine de ce mini krach obligataire » survenu fin avril – début mai.
D’une part, « Bill Gross et Jeffrey Gundlach, les gourous de Janus et de DoubleLine Capital, ont affirmé publiquement que la « vente de l’obligation à 10 ans allemande était une opportunité qu’on ne voit qu’une fois dans sa vie ». », ce qui a lancé un signal négatif vis-à-vis d’un éventuel excès de la faiblesse des taux.
D’autre part, « la dernière adjudication [émission de dette] allemande du mois d’avril a été délaissée par les investisseurs, refroidis par une espérance de rendement réel négatif ».
Le « QE » pousserait les taux longs à la hausse
De manière intéressante car relativement contre-intuitive de prime abord, Pierre Bismuth explique que ce rebond des taux longs ne serait pourtant pas si surprenant, malgré sa rapidité qui a pris de court les investisseurs.
« Il ne pouvait pas en être autrement, si l’on se réfère à la dynamique des taux d’intérêt aux Etats-Unis depuis 2010. En effet, les taux à long terme ont tendance à monter lors de la mise en place d’un assouplissement quantitatif », explique le responsable des gestions de Myria AM.
« La BCE cherche, dans la durée, à accentuer la pente de la courbe des taux d’intérêt (c’est-à-dire faire en sorte que les taux longs montent plus que les taux courts) ce qui validerait sa politique. De plus, dans le contexte de réglementation financière accrue, la pentification permet de renforcer la structure financière des banques à moindre coûts : elles prêtent à long terme et empruntent à court terme ».
Un mouvement favorable à la réduction des primes de risque entre pays de la zone euro
Par ailleurs, la pentification des courbes de taux des pays coeur de la zone euro (Allemagne, France, Pays-Bas) devrait s'accompagner d'une réduction des primes de risque qui subsistent sur les taux de rendement des obligations des pays périphériques (Italie, Espagne, Portugal), explique Pierre Bismuth. « On peut envisager que la BCE souhaite que l’on revienne à une situation proche de celle qui prévalait avant 2007, à savoir des écarts de taux (ou spreads) entre les principaux pays de la zone à des niveaux symboliques. Ceci d’autant plus que la solidarité entre les états est devenue complètement explicite avec la mise en place du QE ».
Enfin, « la BCE [accélérera] probablement le rythme des achats d’actifs jusqu’en juin pour tenir compte de la moindre liquidité pendant l’été ce qui ne manquera pas de maintenir une pression baissière sur la monnaie unique. Dans ce contexte, les anticipations d'inflation devraient continuer de se redresser et il est paraît peu vraisemblable que les taux longs retrouvent les niveaux excessifs d'avril 2015. »
X. Bargue
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