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Le Royaume-Uni peut-il réussir là où la zone euro a échoué ? (Marc Touati)
information fournie par Boursorama 08/08/2016 à 16:22

L'association du ''quantitative easing'' et d'une baisse de la fiscalité serait-elle la recette miracle britannique qui manque à la zone euro ?

L'association du ''quantitative easing'' et d'une baisse de la fiscalité serait-elle la recette miracle britannique qui manque à la zone euro ?

Malgré le choix "anti-business" du Brexit, l'économie britannique pourrait être portée dans les mois et années à venir par la politique monétaire plus accommodante de la Bank of England, et surtout par la baisse de la fiscalité des entreprises que la zone euro refuse d'envisager, explique Marc Touati.

Depuis le coup de Trafalgar du vote des Britanniques en faveur du Brexit, de (trop) nombreux analystes s'emploient à démontrer que ce choix douloureux sera très coûteux pour le Royaume-Uni, tandis qu'il devrait s'avérer bénéfique pour la zone euro. Comme nous l'avons déjà expliqué dans ces mêmes colonnes , ce raisonnement nous paraît amplement erroné. Certes, le Royaume-Uni va souffrir, notamment à cause de l'incertitude engendrée par le Brexit. Les dernières enquêtes Markit des directeurs d'achat dans l'industrie et les services montrent ainsi que l'activité a nettement reculé outre-Manche au cours du dernier mois.

Cependant, compte tenu d'une croissance structurelle vigoureuse (environ 2,5 %), des effets bénéfiques de la dépréciation de la livre sterling et d'un « policy mix » (c'est-à-dire les politiques budgétaire et monétaire) efficace, l'économie britannique devrait finalement bien résister dans la tempête.

Bien loin de cette résilience, l'économie de la zone euro continuera de pâtir de trois handicaps majeurs : une croissance structurelle moribonde (environ 0,8%), un euro qui reste trop fort, notamment vis-à-vis de la livre sterling et, dans une moindre mesure, du dollar, sans oublier un policy mix faiblement efficace et un manque dramatique de cohésion politique.

En plus d'ébranler l'Union européenne et la construction européenne dans ses propres fondements, le Brexit pourrait donc bien rappeler que la zone euro en l'état est vouée à l'échec.

C'est en cela que la décision de la Banque d'Angleterre d'abaisser son taux de base de 0,25 point à 0,25 % le 4 août dernier constitue un enjeu majeur pour le Royaume-Uni, mais aussi pour la zone euro.

En effet, depuis l'arrivée de Mario Draghi à la tête de la BCE, tout a été fait pour sauver l'UEM et éviter la déflation. Si le premier objectif a, pour l'instant, été atteint, force est de constater que le second est loin de donner satisfaction. Certes, le glissement annuel des prix à la consommation n'est plus négatif. Pour autant, avec un niveau de seulement 0,2%, il pose la question du décalage entre l'ampleur des moyens déployés et la faiblesse des résultats obtenus.

Et pour cause : en 2015 et 2016, la BCE s'est livrée à une surenchère de cadeaux qui frise l'overdose. Tout d'abord, son taux refi, a atteint un nouveau plancher historique de 0% (depuis le 10 mars 2016). Ensuite, le montant mensuel du Quantitative Easing (la fameuse « planche à billets ») a été augmenté, passant de 60 à 80 milliards d'euros. Last but not least, la BCE a élargi son programme de rachat d'actifs à des obligations d'entreprises non-bancaires. Enfin, elle a lancé en juin un nouveau prêt de long terme géant à quatre ans pour les banques. Autrement dit, pour éviter la rechute très probable (et qui a d'ailleurs déjà commencé) de l'activité économique de la zone euro, la BCE a décidé d'utiliser les très grands moyens. Ce n'est plus un bazooka, ni même l'artillerie lourde, mais une opération pharaonique qui mêle l'armée de terre, l'aviation et la marine…

Malheureusement, cette prodigalité de palliatifs n'est absolument pas une garantie de réussite. À l'instar du Japon depuis le début des années 1990 jusqu'à aujourd'hui, la zone euro est entrée dans une phase de « trappe à liquidités » qui se caractérise par quatre composantes principales : des taux monétaires proches de zéro, une abondance de liquidités, mais une inflation nulle voire négative, et une croissance économique atone. La BCE a d'ailleurs révisé en baisse ses prévisions de croissance et d'inflation pour 2016 et 2017. C'est dire combien elle croit en la portée de ses mesures…

Cette inefficacité de la politique monétaire s'explique principalement par la défiance des agents économiques dans les structures de leur pays, qui les pousse à limiter de facto leurs dépenses d'investissement et de consommation. Les nouveaux « cadeaux » de la BCE confirment qu'elle est inquiète pour l'avenir de l'économie eurolandaise. En cas de rechute, ces récents soutiens pourraient aggraver la défiance dans l'avenir et limiter encore les investissements et la consommation, redoublant l'ampleur de la « trappe à liquidités ».

A l'inverse, grâce à des fondamentaux économiques plus solides et à une économie plus réactive, la « planche à billets » pratiquée par la BoE depuis 2010 a permis au Royaume-Uni de retrouver le chemin d'une croissance durablement soutenue et aussi du plein-emploi.

Autrement dit, la politique monétaire britannique apparaît bien plus efficace que celle de la BCE. Dès lors, l'assouplissement monétaire du 4 août pourrait bien permettre au Royaume-Uni d'éviter le funeste destin qui lui est régulièrement promis, retrouvant progressivement la voie de la croissance soutenue.

Cette occurrence rappellera alors une règle fondamentale de la politique économique : les soutiens monétaires sont des conditions nécessaires mais pas suffisantes à la reprise économique. En d'autres termes, pour que la baisse des taux d'intérêt directeurs et la « planche à billets » soient efficaces, il faut qu'elles soient accompagnées par une faible pression fiscale, un marché du travail flexible, une dépense publique optimisée et des acteurs économiques (ménages, entreprises, collectivités publiques, partenaires sociaux) réactifs, sachant combattre l'adversité par une remise en question permanente, avec un goût aiguisé pour le risque et le succès.

Autant de qualités qui font malheureusement trop souvent défaut dans la zone euro (à l'exception de quelques pays, notamment en Allemagne, en Irlande et aux Pays-Bas, voire, depuis quelques années, en Espagne), et a fortiori dans l'Hexagone. Voilà pourquoi, le Royaume-Uni et la BoE pourraient bien réussir là où l'UEM et la BCE ont échoué.

Marc Touati , président d'ACDEFI.

22 commentaires

  • 11 août 11:24

    A ceux qui ont oublié qui est ce MR touati ? un analyste qui s'est régulièrement trompé dans ses prévisions boursières plus de 3 fois sur 4 . CQFD. Il doit avoir un vrai problème de compréhension de mécanismes financiers ...


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