Le propriétaire, gérant d’une SCI, a une dette d’environ 500.000 euros vis-à-vis de sa banque qui a saisi sa demeure pour la vendre aux enchères.
Un beau manoir de la fin du 19e siècle face à la mer à vendre moins de 400.000 euros! Pour les amoureux de la Normandie , voici une belle affaire en perspective. Bienvenue à Villerville (voir la carte ci-dessous) ! Entre Trouville et Honfleur, le long du littoral du Calvados (14), se dresse cette demeure typique de 325 m² sur un terrain de plus d’un hectare. La propriété se trouve à environ 400 mètres de la mer dans une rue passante, entourée de manoirs et de maisons individuelles. Vous vous demandez sans doute comment une telle propriété, estimée à plus de deux millions d’euros, peut être mise sur le marché à un prix aussi bon marché.
La réponse est la suivante: ce manoir normand est à vendre aux enchères après avoir été saisi par la justice . La raison? Son propriétaire, gérant de la SCI (Société civile immobilière) qui lui a permis d’acquérir ce bien, affiche une lourde dette de près de 500.000 euros vis-à-vis de sa banque, selon le procès-verbal de la commissaire de justice (nouvelle appellation pour huissier de justice) que s’est procuré Le Figaro et qui est visible sur Vench, plateforme spécialiste des ventes aux enchères judiciaires qui a recensé 119 ventes aux enchères judiciaires en Normandie pour le seul premier semestre 2024 (contre 199 en 2023). Une affaire qui rappelle, toutes proportions gardées, les déboires du collectionneur Pierre-Jean Chalençon qui, étranglé par les dettes, a vu son Palais Vivienne (Paris 2e) saisi par la justice puis mis aux enchères le 21 novembre.
Dans l’affaire du manoir normand, le créancier espère que les enchères grimperont au-delà de la mise à prix de 390.000 euros pour récupérer son dû. Reste à savoir si les acheteurs se bousculeront au portillon pour une belle propriété certes mais qui est « située en zone à risque pour mouvement de terrain », souligne la commissaire de justice qui s’est rendue sur place pour décrire l’extérieur et l’intérieur du domaine. Un risque d’ érosion côtière que certains acheteurs immobiliers, attirés par la belle vue sur la mer, sont encore prêts à courir.
Un intérieur digne d’un squat!
Ajoutez à cela des travaux de rénovation à prévoir. L’expert qui a diagnostiqué un DPE (Diagnostic de performance énergétique) F (la deuxième plus mauvaise note) pour le manoir, a repéré « des matériaux et des produits contenant de l’amiante ». La plupart des pièces auraient besoin de rafraîchissement: dans l’entrée et dans la cuisine, « les murs sont en peinture usagée » et le sol en parquet est « usagé et encrassé » dans le bureau. Plusieurs fissures sont visibles lorsqu’on accède au séjour et à la salle à manger. « De multiples points noirâtres sont apparents » dans une salle d’eau à l’étage où la porte est « cloquée » à la suite de plusieurs dégâts des eaux.
En plus du manoir, le potentiel futur acquéreur pourra disposer d’une maison de gardien de près de 157 m². Il s’agit d’une demeure en pierres et colombages. De l’extérieur, elle est plutôt agréable à regarder mais une fois à l’intérieur, c’est une ambiance de cauchemar. Les photos publiées par l’experte dans son rapport font peine à voir (voir ci-contre). Dignes d’un squat ! À ceci près que, heureusement, la maison n’est pas occupée - et pourtant, dans une pièce qui est censée servir de chambre, on aperçoit de nombreux tags - mais se trouve en « très mauvais état à l’intérieur et laissée à l’abandon depuis de nombreuses années », selon la commissaire de justice. « Les pièces sont globalement à l’état brut et les murs partiellement cassés. » Ajoutez à cela: « Le gérant de la SCI a déclaré qu’il existe une servitude de passage sur le chemin d’accès à la propriété, lequel mène également à un second pavillon situé en contrebas », précise la commissaire de justice.
Le dernier obstacle est sans doute celui qui pourrait poser le plus de problèmes à l’éventuel acheteur: l’actuel propriétaire, âgé de 78 ans, et son fils vivent dans le manoir. L’acheteur devra se débrouiller seul pour les expulser s’ils refusent de partir, comme le prévoit le cahier des conditions de vente que Le Figaro a consulté. Le document (jugement d’adjudication) qu’il aura reçu à l’issue de la vente aux enchères , doit suffire pour cela car ce titre de propriété équivaut à un titre d’expulsion. « Sauf si les conditions de vente prévoient le maintien de l’ancien propriétaire, le nouveau propriétaire n’a pas besoin de lancer une procédure judiciaire pour le faire expulser », affirme Romain Rossi-Landi, avocat en droit immobilier.
Si le jugement d’adjudication ne suffit pas, le nouveau propriétaire peut saisir le commissaire de justice qui donnera deux mois aux occupants pour partir. En cas de refus, il pourra faire intervenir les forces de l’ordre. Une démarche d’autant plus délicate - et qui peut traîner en longueur - que l’actuel propriétaire est âgé. En attendant, les candidats intéressés pourront visiter le manoir le 14 novembre. L’audience aura lieu, une semaine plus tard, le 21 novembre.
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